Dossier: Élection présidentielle sénégalaise


Les leçons pour le Bénin

Le Sénégal revient de loin. En dépit des velléités de Wade qui voulait s’accrocher au pouvoir, l’alternance a eu lieu. Macky Sall a pu gagner l’élection présidentielle face à son ex-patron Wade qui n’a rien lâché jusqu’au bout. Mais la démocratie sénégalaise a bien balbutié et au Bénin, on semble bien en tirer des leçons.

Il s’agit de la 3è alternance de l‘histoire du pouvoir. Mais cette alternance et la plus malaisée de l’histoire du pays. Loin de la Téranga, les béninois ont suivi avec plaisir cette élection très difficile, conscients que ce qui s’est passé la bas pourra bien arriver si l’on n’y prend garde. Tout est parti de la voracité politique d’un vieil homme de s’accrocher au pouvoir après l’avoir pourtant exercé pendant 12 ans. Pour réussir son plan, il a jeté son dévolu sur le tripatouillage de la constitution et fini par obtenir, après quelques escamotages juridiques, la possibilité de briguer une troisième fois le pouvoir. Mais les mouvements citoyens et la rue lui ont montré qu’il devait mettre fin à cette démesure. Au Bénin, beaucoup n’hésitent pas à faire un rapprochement entre Abdoulaye Wade et le Chef de l’Etat béninois Boni Yayi qui l’a lui-même cité plusieurs fois en exemple et juré de faire come lui dans certains cas.  Pour eux, Yayi est bien inspiré par Wade et le K.O du 13 mars 2011 ne serait que la photocopie parfaite de celle de Wade en 2007après avoir maîtrisé la liste électorale. C’est  après cela qu’il s’est engagé sur le chantier de la révision. La même tendance semble s’observer ici avec une marche forcée vers une révision de la constitution à laquelle les organisations de la société civile et l’opposition ne sont guère associées. Ce qui s’est passé au Sénégal devrait nous permettre de rester vigilant et de ne pas baisser la garde dans le domaine du combat citoyen. A  ce niveau, il faut féliciter des dernières levées de bouclier contre cette révision qui paraît de plus en plus opportuniste. L’autre grand exemple vient de la presse sénégalaise qui a joué un grand rôle dans la restauration de  cette démocratie. Elle a contribué à la transparence de l’élection en publiant spontanément les résultats issus des urnes. Ici, une chose similaire n’est pas possible. Aux temps forts des élections, la HAAC, sous peine de mesure conservatoire, a toujours interdit aux médias de ne pas diffuser les résultats d’élections autres que ceux issus de la Cour constitutionnelle ou de la Cena. Si le Sénégal était comme le Bénin, on n’aurait jamais assisté à ces résultats puisque les médias auraient attendu la Cour ou la Haac et les choses auraient peut être tournées autrement. L’exemple sénégalais doit servir à corriger les tares de notre système démocratique.

Marcel Zoumènou

Laisser un commentaire