Centrale électrique de Maria Gléta : un éléphant blanc en gestation

Depuis 2008, le gouvernement a englouti près de 40 milliards pour l’installation de turbines à Maria Gléta. Prévus  pour durer seulement trois mois, les travaux piétinent toujours. En dehors des défaillances liées à la qualité des turbines, d’autres problèmes administratifs bloquent la mise en service de cette centrale.

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Si rien n’est fait, la centrale électrique de Maria Gléta risque de connaître le même sort que beaucoup d’autres projets initiés sous le régime du changement  et qui ont tous fait long feu. Depuis 2008, cette centrale électrique qui devait permettre d’augmenter les capacités énergétiques de notre pays, n’est  toujours  pas fonctionnelle. Or, la mise en service de cette centrale devrait augmenter de près de 80 mégawatts la capacité énergétique du Bénin. Au total, huit turbines devraient être installées dans cette centrale. Celles-ci doivent transformer en énergie électrique le gaz naturel transporté depuis le Nigéria grâce au projet Gazoduc de l’Afrique de l’ouest. De sources proches de ce projet, l’infrastructure-le gazoduc- qui devait permettre le convoyage du gaz depuis la zone du delta du Niger au Nigéria  est prête. Et normalement, le Bénin devrait avoir commencé à consommer ce gaz depuis le 1er Octobre 2011. Mais depuis, le projet rencontre divers écueils. Selon des témoignages, les essais effectués ont permis de constater que seulement six turbines sur huit fonctionnaient bien. Les deux autres présentent d’énormes défaillances techniques. Bien que la maintenance de ces turbines s’annonce difficile à cause de la vétusté de la technologie de ces engins, leur mise en service permettrait de réduire un temps soit peu le déficit énergétique que connaît le Bénin depuis des années et qui est la cause du délestage actuel.  En effet, chaque turbine devait apporter 10 mégawatts d’énergie au Bénin à partir du gaz naturel ou du Jet A1.

Défaut d’assurance

En dehors des couacs techniques, la centrale est confrontée à d’autres difficultés administratives. Selon des sources  internes  à la centrale, l’handicap majeur au démarrage des travaux est le défaut d’assurance. Selon ces sources, la Communauté électrique du Bénin(Ceb) qui devait recevoir l’énergie électrique produite par la centrale a exigé d’elle une assurance. Celle-ci permettra de couvrir les risques liés à l’entrée de cette énergie dans son portefeuille énergétique. Il peut y avoir des risques d’hypertension et de destruction des installations de la communauté. Mais malheureusement, aucune firme d’assurance au Bénin ne s’est montrée intéressée par ce dossier. Et pour cause, aucune d’elles ne développe d’assurance sur ces genres d’activités ou de domaines sans oublier le coût très élevé d’une telle assurance. Mieux, la gestion de cette centrale est encore une énigme. Quelle structure pourra gérer cette centrale vu que la Ceb, la seule au Bénin qui a la capacité technique de gérer une telle infrastructure est une société bi étatique alors que la centrale est financée à base des ressources de l’Etat. Il y a là une incohérence qu’il faut régler. Mais du côté du gouvernement, rien ne semble bouger et aucune perspective n’est envisagée. Idem pour le sort des 33 travailleurs recrutés depuis plus d’un an au terme d’un processus normal mais qui attendent toujours d’être mis en formation. On se rappelle que l’année dernière le Chef de l’Etat était allé visiter le site et a pu se rendre compte du piétinement des travaux et des nombreux goulots d’étranglement à surmonter. Il avait sermonné l’installateur américain qui avait reçu mission de finir les travaux en trois mois. Depuis, c’est le silence radio. La direction de l’énergie à qui est confié le suivi des travaux de cette installation semble bien s’y dérober. Aux dernières nouvelles, on apprend que cette centrale sera mise en service dans trois mois. Ce temps pourra-t-il permettre de régler tous les problèmes soulevés ? Pourvu que ce projet ne connaisse pas le même sort que les projets des machines agricoles, du palmier à huile et bien d’autres qui, faute d’études de faisabilité sérieuses, ont tous échoué.

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