Dossier spécial remaniement du gouvernement au Bénin


Avec ce gouvernement de tous les risques, Yayi va descendre aux enfers

Avec ce remaniement technique, en plus de ses charges de président de la république et président en exercice de l’Union  africaine, Yayi doit faire face à de nouvelles responsabilités. Celle de ministre de la défense chargé de diriger l’armée et  de s’occuper de la défense du territoire national. Un bien curieuse promotion pour quelqu’un qui a déjà une kyrielle de dossiers à gérer au sommet de l’Etat et à la tête de l’Ua. En dehors de son bureau de la Marina, Boni Yayi devrait retrouver un autre, juste en face. Il lui suffira de traverser l’artère qui sépare le ministère de la défense et le Palais. Sûrement, le président a voulu bien imiter l’exemple de son homologue ivoirien Alassane Ouattara, qui depuis le départ de Guillaume Soro du gouvernement, a pris sur lui la responsabilité de ministre de la défense. Cette auto-nomination nous ramène un quart de siècle en arrière au moment fort de la révolution où Mathieu Kérékou gardait jalousement son maroquin de la défense. Mais comparaison n’est pas raison. Ni la Côte d’ivoire, ni le Bénin des années 80 ne présentent les mêmes contextes que le Bénin d’aujourd’hui. La Côte d’Ivoire vient de sortir d’une guerre civile assez violente et n’a pas forcement une armée aussi disciplinée que la nôtre. Alors, qu’est-ce qui pourrait expliquer cette ambition ?  Selon des sources proches du Chef de l’Etat, avec ce renforcement de charges, Yayi entend reprendre les choses en main et montrer qu’il est et reste le seul Chef de l’Etat. Ministre de la défense depuis 2006, Issifou Kogui N’Douro, « le frère » devenait de plus en plus «imposant ». En faisant de lui le ministre des affaires présidentielles, Yayi voulait mieux se rapprocher de l’armée. Il veut aussi renforcer les charges politiques de son désormais ex-ministre de la défense. Ce rôle, il le jouait déjà depuis 2006. C’est lui de « l’homme de main » de Yayi chargé des affaires sécrètes, de la mise en œuvre des stratégies pour déstabiliser les ennemis politiques. L’infiltration de l’Un et le sabotage des partis politiques faisaient partie des attributs de Kogui N’douro. En passant de la défense aux affaires présidentielles, il ne perd pas grand-chose de ses charges d’antan. L’envergure de son porte feuille a diminué mais il restera un homme clé du système Yayi avec moins de charges officielles. D’ailleurs, une question taraude quelques esprits depuis hier. Ne le décharge-t-on pas pour qu’il dispose plus de temps afin d’occuper aussi le terrain comme Koupaki et Nago ? Le temps nous édifiera.

Mathys, le rêve brisé

C’est en vérité celle par qui le remaniement est venu. C’est la seule à quitter le gouvernement aux termes de ce remaniement dit technique mais qui n’a rien de ça. La veille de l’annonce de ce remaniement, le Chef de l’Etat appelle son ministre de l’économie et des finances, encore en voyage, et lui notifie sa décision de la faire sortir du gouvernement. Le Chef lui confie qu’il la nommera bientôt à un poste internationale ou autre à cause de son profil de cadre polyvalent. La sentence était tombée. Le reste n’est que de l’enjoliveur pour calmer un peu cette dame qui a beaucoup donné pour ce ministère. Mais hier au ministère de l’économie et des finances, aux drapeaux, elle a affirmé à ses camarades que depuis un moment le courant ne passe plus entre Yayi et elle. « Je suis une  trésorière, une technicienne, je ne peux pas accepter de faire certaines choses… », a-t-elle affirmé. Selon des indiscrétions, c’est le Pvi qui l’aurait emporté. Depuis un certain moment, le courant ne passe plus entre les deux au sujet du Pvi. Elle n’aurait pas digéré la façon dont le gouvernement conduisait ce dossier. Depuis 2006, elle a toujours été étiquetée d’abord comme proche d’Abt et après de Bruno Amoussou dont elle a été Directrice adjointe de campagne en 2006. Le Chef s’est montré un peu réticent face à sa nomination avant d’être complètement édifié en lisant son CV. Elle a franchi toutes les étapes avant de devenir ministre. Une carrière impressionnante hélas brisée maintenant.
Marcel Zoumènou

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