Le projet continue d’opposer les citoyens
Réviser ou non la constitution reste l’élément d’opposition entre citoyens. Hier, sur le plateau d’une chaîne de télévision privée, les Honorables Saka Lafia, Lazare Sèhouéto et les professeurs Antoine Détchénou et Ibrahim Salami ont débattu, chacun défendant son point, de la révision de la constitution qui fait l’actualité nationale.
An’en point douter, la composition du plateau laisse entrevoir la diversité des avis sur la question de la révision de la constitution qui, depuis peu, fait des gorges chaudes. L’honorable Saka Lafia, député de la mouvance, pour, était opposé à son homologue Lazare Sèhouéto et le professeur Antoine Détchénou, membre du Front citoyen pour la défense des acquis de la conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990. Et le professeur Ibrahim Salami, en technicien, apportant des éclairages sur des bases juridiques. Tour à tour, les invités défendaient, chacun, sa position dans un contexte d’équilibre entre le fair-play et la confrontation. Pour l’honorable Saka Lafia, il n’y a point de doute sur la nécessité de réviser la constitution de décembre 1990, au vu de son âge et de ses insuffisances. Il évoque entre autres insuffisances, la non constitutionnalisation de la Commission électorale nationale (Cena), de la cour des comptes et la restructuration de la haute cour de justice. Tout en gardant sa fermeté sur la nécessité d’un consensus, il juge opportun le projet de révision de la constitution introduit par le pouvoir en place. Et pour apaiser les esprits, l’honorable se réfère aux multiples professions de foi du Chef de l’Etat, sur sa volonté de partir en 2016.
Cet avis a été nuancé par le député Lazare Sèhouéto. Il est, en effet, remonté dans l’histoire en évoquant les déclarations du Général Mathieu Kérékou qui, à un moment donné, avait semblé manipulé par ses thuriféraires. Il pense que l’histoire pourrait se répéter surtout que les mêmes qui avaient été aux côtés du Général-Président se retrouvent avec l’actuel Chef de l’Etat, à vanter les mérites de la Refondation.
En citoyens ordinaires, les professeurs Antoine Détchénou et Ibrahim Salami ont mis l’accent sur la procédure et les suspicions liées à la personne du Président de la République, un homme politique, qui pourrait à tout moment remettre en cause ses propres paroles comme c’est le cas pour le dossier du programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-ng). «Il y a plus d’urgence à faire la Lépi qu’à réviser la constitution » a martelé le Professeur Détchénou.
Les invités sont, toutefois, restés unanimes sur l’importance de la question de la révision qui, de ce fait, ne devrait pas être abordée de façon parcellaire.
Yao Hervé Kingbêwé & Euloge Quenum