Entretien avec la chanteuse béninoise Norberka

«Une femme dans la musique, c’est vraiment pénible» Native de Houéyogbé dans le département du Mono, Norberka, à l’état civil Norberte Abla Kpanou, a décidé de se lancer dans la promotion de la culture béninoise à travers le rythme Zinli Gbété. A l’occasion de la fête annuelle de son groupe, elle s’est prêtée à nos questions.

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Vous célébrez ce jour la fête annuelle de votre groupe, a-t-on appris. Est-ce à dire que vous avez des danseurs professionnels qui vous accompagnent?

J’ai créé un groupe en 2011. On est au nombre de 23. C’est trop pour un groupe mais il faut un certain nombre de gens pour former un groupe de musique traditionnelle. Tout se passe bien, on arrive à se comprendre. On se retrouve même aujourd’hui (dimanche dernier) non seulement pour des moments de réjouissances mais aussi de réflexion. C’est notre fête annuelle.

Qu’y-a-t-il à l’agenda de cette fête?

Je n’ai pas prévu grand-chose. J’ai offert au groupe, un pagne spécial pour ce jour. J’ai aussi préparé des mets et prévu des boissons. Ensemble, nous allons manger, boire et discuter de ce qu’on fera pour que le groupe puisse aller de l’avant.

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Pour revenir un peu au début de votre carrière artistique, dites-nous comment êtes-vous venue à la musique?

Chanter pour moi est un héritage. C’est une transmission du grand-père à sa petite-fille. Mon grand père est un chanteur, compositeur et batteur spécialiste de la musique traditionnelle. C’est de lui que j’ai hérité le don. J’étais encore toute petite, entre 2 et 3 ans, quand ma mère me mettait au dos pour aller chanter avec mon grand père. A l’âge de 6 ans, on me mettait devant pour conquérir le public. A neuf ans déjà, j’ai commencé à chanter à l’école- le primaire-, dans mon quartier avec les enfants de mon âge. J’ai commencé donc très tôt. Mais c’est en 2011 que j’ai formé mon premier groupe. J’avais commencé par la musique moderne. Mais à un moment donné, je me suis dit qu’il y a quand même trop de choses cachées dans notre culture, dans notre tradition. Rapidement, j’ai pris exemple sur le doyen Alêkpéhanhou. C’est en ce moment que Eric Tompson a lancé un concours où j’avais occupé la première place. Après cela, j’ai décidé d’adopter le rythme Zinli Gbété qui existait bien avant ma naissance.

Déjà un album dans votre cursus artistique. Parlez-nous-en.

Mon album s’appelle Kpê dido. C’est composé rien que du Zinli Gbété de chez moi. Sur l’album, il y a neuf titres. A travers cet album, je rends grâce à Dieu grâce à qui j’ai pu sortir cet album en dépit des difficultés. J’ai abordé la question des jeunes couples qui après s’être rencontrés, ne prennent pas le temps de se connaître. Aussi, ai-je souligné l’ingratitude des hommes. Au contraire, celui à qui tu fais du bien cherche souvent à te nuire.

Quelles sont ces difficultés rencontrées?

Quand une femme décide de faire la musique, c’est vraiment pénible. Tous les mélomanes qui peuvent vous aider cherchent toujours à avoir des relations intimes avec vous avant tout. C’est la difficulté majeure que j’ai eue. C’est pénible, car moi, j’ai refusé toutes les avances. C’est d’ailleurs, pour cela que je n’ai ni producteur, ni promoteur. Je n’ai aucun sponsor, non plus.

Et comment se passe la distribution?

Il n’y a pas de problème à ce niveau. Quand on est soi-même, conscient de la qualité de ce que l’on fait, on est tranquille. Les gens vont courir derrière vous. C’est pourquoi il faut beaucoup travailler. Quand vous faites bien, on vient toujours vous solliciter et votre album est réclamé par le public.

A quand le second album?

Bientôt ! C’est dans moins d’un an. Vous savez, pour mon Cd visuel que j’ai sorti, j’ai dépensé 4.000.160 F Cfa. Mais c’est à peine que j’ai reçu 2.000 000. On a lancé le Cd et le lendemain, la version piratée était déjà sur le marché. Donc, il faut chercher le financement avant de sortir un autre album. A tous ceux qui aiment la culture de notre pays de nous aider, je leur demande de nous aider.

Réalisée par Arthur Sélo

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