L’athlétisme béninois: un pari à gagner

Un honneur que les Béninois ne peuvent pas encore apprécier à sa juste valeur : la mission confiée au Bénin  d’organiser le 18ème  championnat d’Afrique d’athlétisme. Cela coïncidera avec le 100ème  anniversaire de la Fédération internationale d’athlétisme. Ce sera le 12 juillet 2012.
Mais déjà, comme pour ouvrir le ban, le Bénin procèdera le 26 juin 2012, plus précisément à 16 heures, au stade Charles De Gaulle de Porto-Novo à l’ouverture officielle du 18ème championnat d’Afrique d’athlétisme. A ce jour, 36 pays sur 56 ont déjà formellement donné leur accord. Le compteur des participants, athlètes et officiels, affiche déjà 1307 personnes.

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On ne trouverait pas à redire si l’organisation de ce 18ème  championnat d’Afrique d’athlétisme avait été confiée à un pays comme l’Ethiopie ou le Kenya. On y verrait une manière de récompenser des pays  qui ont écrit et qui continuent d’écrire les plus belles pages de l’athlétisme en Afrique.
Par rapport à quoi, le choix porté sur le Bénin doit certainement tenir plus  de l’intelligence du cœur des dirigeants mondiaux de l’athlétisme que de la rigueur de leur raison. Dans le sens où il est dit et établi, dans une logique toute pascalienne  (Citation) : «  Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». (Fin de citation).
En effet, le Bénin n’est pas terre d’athlétisme. Le football, par son règne absolu, a la faveur du public sportif. Sacré et consacré « sport roi », le football a fini par reléguer toutes les autres disciplines sportives au rang d’activités périphériques, de simples satellites gravitant autour du sport-soleil. C’est, du reste, ce 18ème championnat d’Afrique  qui sort notre Fédération nationale d’athlétisme de l’ombre, le gratifiant de quelques timides clartés. Mais pour combien de temps ?
Par ailleurs, le Bénin n’affiche pas un palmarès d’athlètes émérites dont les performances et la réputation font écho au-delà de nos frontières nationales. Notre athlétisme, pourrait-on dire, est à la taille de notre pays. Ou plus précisément, notre athlétisme est  à la taille de notre ambition affichée. En ce qu’elle épouse la vision minimaliste de l’adepte du minimum, heureux et satisfait de crier à la face du monde :  « Mon verre est petit, mais je bois dans mon verre ».
Concédons-le sans complexe : c’est à un nain de l’athlétisme que les plus hautes instances de cette discipline sportive ont confié une grande organisation. C’est tout à notre honneur. Nous devons y voir un pari à gagner, un défi à relever. Ce ne serait pas bien grave, si au soir de ce championnat d’Afrique, à l’heure du bilan,  dans la comptabilité finale des médailles, le Bénin se retrouvait à l’ombre ou au pied des géants de l’athlétisme africain.

Le plus grave serait de rater l’organisation de ce championnat. Il faut, dans cette malheureuse hypothèse, entrevoir un gros paquet de honte. Les 9 millions de Béninois que nous sommes s’obligeraient, de gré ou de force, à le manger. Allusion à l’expression fon « Mi du houngnan ». Littéralement « Nous avons mangé la honte ».
Le plus grave, par ailleurs, serait de ne pas affecter l’athlétisme national d’un coefficient positif à la suite  de cet événement continental. C’est en cela qu’une perception intelligente des choses devrait nous conduire à faire de ce championnat continental un levier de performances. Notre athlétisme doit sortir de l’ornière. Notre athlétisme doit connaître un nouvel essor. C’est une question d’ambition. C’est une question de volonté. C’est une question d’initiatives créatrices. Et nous transformerons nos rêves en réalité.
Et puis, il va falloir, d’une manière ou d’une autre, justifier les  investissements que nous consentons en ce moment : gros travaux de mise en conformité du Stade Charles de Gaulle, de construction de terrains d’entraînement, grosse commande d’équipement  performants de gestion de la compétition. Toutes choses auxquelles s’ajoute la formation de dizaines d’officiels. Nous voilà invités à être de bons gestionnaires. Pour éviter que s’applique à nous ce proverbe antillais : « Quand l’appât vaut plus cher que le poisson, il vaut mieux arrêter de pêcher »

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