Les scarifications : une marque identitaire menacée de disparition

Traits remarquables  à fonction identitaire et/ou protectrice pour certains, l’impression des scarifications sur le visage disparaît peu à peu  des habitudes des Béninois.  Une situation que chacun apprécie à sa manière.

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«Si quelqu’un avait fait des scarifications  sur mon visage et qu’en ce moment on m’apprenait qui est-il, je ne le verrais pas d’un bon œil». Propos d’Elysée Dossou, un jeune étudiant qui désapprouve l’impression de scarifications sur le visage. «Je n’admettrais pas que mon beau visage soit griffé de quelque marque identitaire, que ce soit» poursuit-il vigoureusement. Si l’on peut justifier sa réaction par le fait qu’il n’en porte pas, tel n’est pas le cas de Toussaint Kpoviéssi.  Un autre jeune qui, lui porte un type de scarification dit 3X3. Un triplet de scarifications en forme de bâtonnets verticaux sur chaque joue et   au fronton. Il s’explique : «Un  esprit venait régulièrement  me hanter comme le cas d’autres enfants. Mes parents ont consulté l’oracle et la conclusion est qu’il faut qu’on me fasse ces scarifications pour me protéger de cet esprit. Ce qu’on me fit». «Je ne perpétuerai pas cette pratique. Je suis un chrétien et il est inadmissible qu’un chrétien approuve l’impression de scarifications sur le visage de son enfant» s’insurge-t-il. Un avis qui fait bon ménage avec celui de Ignace Hinvi. «Il est vrai que les scarifications permettent d’identifier une personne suivant son ethnie ou son origine de façon générale mais la pratique a son revers. Le régionalisme, la discrimination, le népotisme, l’ethnocentrisme etc… sont des maux qu’elle engendre». Néanmoins, précise-t-il, je peux reconnaître, selon les propos de mes parents, que c’est grâce à la cicatrice dite celle d’Abiku qui se trouve sur ma joue gauche que je suis vivant. Ignace explique, «Quand j’étais enfant, m’a-ton appris, je  tombais régulièrement en syncope.  Il a fallu qu’on me fasse cette scarification pour que j’en sois guéri».

Quelques rares partisans

«Je suis fière de porter des scarifications sur mon visage», se réjouit Billikissou  Sinarigui, étudiante à l’Uac, du triplet de scarifications identitaires qu’elle porte sur chacune des tempes. «Le type de scarification que je porte est celui qu’on retrouve chez la plupart des bariba.  On m’identifie bien au milieu des gens», continue-t-elle. Billikissou, se désole de l’antipathie que les gens ont pour l’impression de ces marques identitaires. «On constate que la pratique disparaît ; je n’approuve pas qu’on l’abandonne  sous prétexte qu’elle rend vilain», martèle vivement Billikissou. Fausta Allagbé est du même avis que Billikissou. Elle déclare : «En aucun cas, nous ne nous rendons vilains. C’est notre culture et il n’y pas de vilaine culture». «J’insisterai  à ce que mon mari fasse à nos progénitures, les scarifications de sa famille. Si elle en avait». «C’est une pratique à sauvegarder pour sa fonction identitaire et protectrice».

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