La dot au Bénin : une pratique traditionnelle empreinte de pessimisme

En Afrique et, au Bénin en particulier, l’union d’une femme et d’un homme est soumise à la réalisation de la dot. Un ensemble de biens -matériels et financiers- que le marié verse à la famille de la mariée. Cette pratique  traditionnelle est en proie à un pessimisme croissant qui, ajouté à d’autres facteurs, tentent de la noyer dans l’oublie.

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«Je ne veux pas d’une dot. Je voudrais pouvoir me tenir droite devant mon mari sans aucun complexe d’infériorité. En Afrique, quand un homme paye la dot pour prendre une femme en mariage, il la considère comme sa propriété et se permet tout luxe à son égard». Déclaration de Mlle Géneviève Nounagnon, étudiante en Anglais, au sujet de la dot. Elle explique: «Ce qui me permet d’être aussi catégorique est que j’ai assisté à des scènes horribles où la femme subit la violence conjugale et sous-prétexte qu’elle a reçu de dot, sa famille et l’entourage l’obligent à demeurer chez son mari». Comme Mlle Geneviève, Joachin, conducteur de taxi moto, à Calavi, n’est pas aussi favorable à la dot. Et pour cause, Le coût élevé de la dot. «La dot coûte au mari une somme faramineuse», affirme-t-il. «Actuellement, les temps sont durs. Je ne peux m’échiner sous le soleil, avec tous les risques de mon métier, et tout investir dans la dot pour finir dans la galère», martèle le conducteur de taxi moto. Superstitieux,  à ces raisons, il ajoute «la mécréance de certains fait aussi qu’il faut avoir peur de donner la dot à une femme. Des proches à moi ont été ruinés après les cérémonies de dot. D’autres ont connu une vie conjugale stérile». Sa phobie de la dot est partagée par Augustin, un jeune maçon.  Selon lui, dans notre société dominée par la jalousie, la haine, il n’est plus prudent de s’adonner à cette pratique traditionnelle. «Des gens reviennent envoûtés des cérémonies de dot», explique-t-il. Contrairement à lui, Sylvain Hotèkpo, approuve la dot mais estime qu’il est difficile pour un jeune de vouloir s’offrir ce luxe. «Les jeunes sont en manque d’emplois, et parfois quand ils l’ont, les salaires sont maigres. Or, ils doivent quand même se marier. Dans cette atmosphère, il n’y a pas lieu de parler de dot», juge-t-il. Dame Zansi, la cinquantaine environ et vendeuse de pain, quant à elle, trouve que la dot autrefois objet de grande attention est banalisée par  les jeunes. «Les jeunes filles ne se mettent plus en valeur pour mériter la dot. Elles voltigent d’homme en homme à la recherche du gain facile». Et c’est, selon elle, l’une des raisons pour lesquelles les jeunes hommes ne pensent plus à la dot. Dans sa satyre à l’endroit des jeunes filles, elle interroge «quel homme voudrait doter une femme qui s’habille indécemment et laisse entrevoir de travers son intimité?». Cette interrogation pourrait aussi susciter celle-ci, quel avenir pour la pratique de la dot au Bénin?

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