La paix des braves. L’expression ne vous est pas inconnue. La paix des braves, c’est une paix honorable pour les vaincus qui se sont battus courageusement.
Le combat n’a pas cessé faute de combattants. Mais les combattants cessent de se combattre pour ne pas mourir idiots. Pourquoi s’éterniseraient-ils à poursuivre une guerre dans laquelle ils jouent tous perdant ?
Dans bien des cas, croyons-nous, notre pays a tout à gagner à conclure une paix des braves qui sauve et sauvegarde quelque chose dans l’intérêt de tous, que de s’engager à tout perdre au détriment de l’intérêt de tous. Ce en quoi la paix des braves est loin d’être un abandon de position ou une renonciation à ses convictions. En certaines circonstances, elle peut relever d’une option de haute intelligence stratégique.
Le Bénin, notre pays, souffre et souffrira longtemps du choc des intérêts contraires autour de l’épineuse question du coton, des intrants et des réformes portuaires engagées par le gouvernement. Ces réformes se cristallisent autour de deux expressions – clés : PVI-nouvelle génération et Bénin Control. C’est là que se trouve condensée la substance de la guéguerre qui pollue actuellement le climat social et plombe, pour une bonne part, notre vie économique.
Le partenariat public/privé, dont nous ne cessons, par ailleurs, de venter les mérites, aurait pu sortir grandi et honoré si l’expérience ne s’en était pas allée en eau de boudin. Nous l’aurions érigée en modèle. Nous l’aurions citée en exemple. Nous l’aurions modélisée. Foin des regrets. Il ne nous servira à rien de nous attarder à regarder dans notre rétroviseur. Empressons-nous de regarder devant et de faire des options d’avenir.
Le public, dans cette malheureuse affaire, c’est l’Etat béninois. Son représentant attitré n’est personne d’autre que le Chef de l’Etat, Boni Yayi. Le privé, ici, ne dégage un autre nom que celui de Patrice Talon. Si les têtes d’affiche sont ainsi clairement identifiées, oublions, un instant, le bataillon d’avocats en charge du dossier. Ils sont tous des prestataires de service, en ce qu’ils prêtent leurs voix et leur science du droit à l’un ou à l’autre des protagonistes de l’affaire. Faisons l’impasse sur la campagne de presse actuellement orchestrée autour de cette affaire. La diversité des chapelles explique la diversité des sons de cloche.
Si nous y parvenions, il ne resterait plus sur le théâtre des opérations que deux personnalités. L’une et l’autre incarnent et symbolisent les deux plateaux de la balance dans ce partenariat public/privé. Il vaudra toujours mieux que les deux se parlent, que les deux échangent plutôt que de s’ignorer, chacune se barricadant derrière sa logique ou sa vérité. Les dossiers à débattre sont lourds dans tous les sens du terme. Aussi n’est-il ni juste ni sain de laisser se poursuivre le bal masqué des pêcheurs en eaux troubles et le one man show des seconds couteaux. Il faut vite trouver à cette affaire l’espace approprié de son règlement. Pourquoi ? Pour trois raisons au moins.
Premièrement, il y a des affaires qui, par leur nature, par leur complexité ne se traitent pas sur la place publique. Ne nous parlez pas de transparence. C’est en conclave, loin de la rumeur du monde et du sensationnalisme des médias, que les cardinaux se réunissent pour élire un nouveau pape. Et si vous êtes pauvre et que vous comptez au nombre des pays très endettés, tenez-vous à distance respectable des réunions du G8, le club huppé et forcément fermé des huit plus riches nations du monde.
Deuxièmement, il y a des vérités que personne n’a intérêt à banaliser ou à laisser se banaliser par les canaux ordinaires de divers prestataires de service. Si tout le monde a droit à la parole dans une assemblée générale publique, seuls les initiés sont admis dans le bois sacré. Et leur langage est codé, parce que la parole, à ce niveau, n’est jamais une semence gratuite.
Troisièmement, il y a des querelles qu’il faut savoir clôturer avant que leurs effets pervers ne frappent indistinctement ceux qui sont directement concernés et tous les autres contraints et forcés d’en faire injustement les frais. L’onde de choc des affaires coton et PVI-nouvelle génération ne cesse, chaque jour, de s’étendre et de faire de nouvelles victimes.
Nous voici rendu au point de convergence de notre point de départ et notre point d’arrivée : la paix des braves. Il en coûtera certainement à chacun des guerriers qui concluront et signeront cette paix. Mais leur sacrifice, qui ne sera pas vain, s’offre déjà comme le terreau sur lequel germeront l’intérêt général et les promesses d’avenir.
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