Nouvelles mesures pour la campagne cotonnière 2012-2013 : les insuffisances de la décision du gouvernement

Le conseil des ministres du dimanche 29 Avril dernier a pris un certain nombre décisions pour sauver la campagne cotonnière 2012-2013 et réorganiser la filière. Si des décisions salutaires ont été prises pour gérer cette conjoncture, elles recèlent de nombreuses insuffisances qui montrent un recul économique avec le retour du « capitalisme d’Etat ». Une option pourtant rejetée depuis la conférence nationale.

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On ne réussit jamais rien de grand en changeant constamment de métier ou de points de vue. Ce proverbe français, le gouvernement béninois ne semble pas trop y accorder un prix. Il préfère les mutations et les variations les plus incongrues. Un pas en avant, deux pas en arrière. Le gouvernement semble s’accommoder de ce genre de piétinement. Ici, les progrès, les avancées et même les reformes peuvent être remises en cause du jour au lendemain et on fait recours aux vieilles options. Même l’économie qui demande plus de rigueur et de sérieux semble être atteinte du même syndrome. La filière coton, la plus importante pourvoyeuse de ressources pour l’Etat semble tomber dans ce travers avec la décision prise de redonner la gestion de la filière coton à une Autorité nationale de suivi et de contrôle de la filière coton avec pour bras opérationnel la Sonapra. « En approuvant cette communication, le conseil des ministres a décidé des mesures ci-après : 1- l’abrogation du décret N°99-537 du 17 novembre 1999 portant transfert au secteur privé de la responsabilité de l’organisation des consultations pour l’approvisionnement en intrants agricoles(…), 2- la suppression de l’Accord-cadre entre l’Aic et l’Etat, 3- La mise en place de l’Autorité nationale de suivi et de contrôle de la filière coton avec des démembrements dans les départements et dans les communes. Le bras opérationnel de cette Autorité est constitué de la Sonapra rénovée dans son cadre institutionnel, des Cerpa et des Cecpa », écrit-on dans le communiqué.  Bien que ces décisions paraissent justifiées face à l’urgence de la crise qui secoue la filière actuellement avec l’absence d’intrants, il y a lieu d’émettre des réserves au regard de l’histoire de la filière et de la capacité des nouvelles structures chargées de sauver les meubles. En effet, la Sonapra d’aujourd’hui n’est pas celle qui avait eu en charge cette filière dans les années passées. Diminuée depuis la scission qui a permis la création de la Sodeco, la Sonapra n’a plus sa capacité opérationnelle d’antan même elle peut bien apporter un appui technique de qualité. La rénovation du cadre institutionnel dont on parle devrait prendre un peu de temps. Et face à l’urgence de la recherche des intrants, il y a lieu de s’inquiéter sur l’opportunité de cette décision.

Le retour aux vieilles solutions d’échec

Quant aux Cerpa et Cecpa, leur implication dans la filière n’apportera rien de nouveau puisqu’ils étaient toujours là avec un rôle plus ou moins technique avec l’accompagnement des cotonculteurs. Un comité interministériel devrait aussi réfléchir sur le cadre intégré du secteur cotonnier. Tout ceci n’apparaît pas comme une solution face à l’urgence de la recherche et de la disponibilité des intrants. Comment donc avoir les intrants à temps et surtout éviter les défaillances notées par la commission d’enquête internationale. A ce niveau, le gouvernement est resté muet sur les dispositions à prendre. Pourtant, un avis d’appel d’offres a été lancé à cet effet et le marché a été gagné par la Société de distribution des intrants(Sdi) du même Talon. Quid de cela ? La gestion de cette crise donne l’impression qu’on veut d’abord liquider l’Aic et toutes les structures appartenant à Talon de l’organisation de la filière.    Ces décisions semblent aussi faire fi du passé.  En effet, c’est tirant leçon des échecs et des piétinements que le gouvernement d’alors a pris la décision de créer l’Association interprofessionnelle de coton et de lui confier l’organisation de la filière. En son temps, la Sonapra et les Carder avaient montré leurs limites dans l’organisation de la filière. Les intrigues, les pénuries artificielles d’intrants et de semence, la corruption, les chantages de toutes sortes étaient des pratiques courantes dans la filière. Si les réformes doivent prendre, elles ne doivent pas être faites contre quelqu’un. Mais à l’allure où vont les choses, on a l’impression de ne pas sortir d’affaire.

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