Polémique autour de la transformation de l’Un en parti politique : et si le Prd n’avait pas tort ?

Au regard des réalités qui caractérisent certains partis membres de l’Union fait la Nation, la transformation de l’alliance en parti politique, quoi que louable comme projet, semble ne pas être la bonne option pour le moment.

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La convention de l’Union fait la nation tenue, ce samedi 28 avril  2012, suscite encore des commentaires et analyses. Et le sujet d’intérêt est le débat qui oppose le Parti du renouveau démocratique aux autres forces de l’Un, à propos de la transformation de cette alliance de l’opposition -la plus grande- en parti politique. En effet, la convention du week-end dernier devrait statuer sur le projet de fusion de tous les mouvements et organisations politiques qui constituent l’Un, en vue de sa transformation en un seul parti politique. Une idée qui avait été projetée lors de la création de l’alliance en décembre 2009. Les  responsables des partis la constituant avaient en fait convenu de la transformer en parti politique deux ans après sa création. Un projet que le Prd d’Adrien Houngbédji désapprouve, pour le moment. Une position qui n’est pas à balayer du revers de la main au regard des arguments avancés par les responsables des «Tchoco-tchoco» et de certaines réalités inhérentes à certains partis de l’Un. Dans un communiqué du parti sur la convention de l’Un, le Prd justifiait son opposition à la fusion en ces termes: «le Prd considère qu’à l’étape actuelle caractérisée par l’échec, la démobilisation, les défections, l’absence de perspectives et la rareté des ressources, une fusion des partis qui composent l’Un est inopportune; une telle fusion consacrerait à terme, la disparition des partis composantes et de l’Un elle- même…»

Gérer les «crises» de transition

Il faut oser le dire. Le Parti du renouveau démocratique (Prd), le Mouvement africain pour le développement et le progrès (Madep) et le Parti social démocrate (Psd) qui sont les plus grands partis constituant l’Union fait la nation traversent chacun «une crise de transition». Les deux premiers devront passer des mains de leurs fondateurs à ceux d’une génération plus jeune. Et c’est un processus délicat qui, si il n’est pas bien géré pourrait avoir comme impact leur implosion. On se rappelle tout le remue-ménage que la question a suscité lors du congrès extraordinaire du Psd du mois d’août et de celui du Prd de mars dernier. Au Psd, l’annonce du retrait de Bruno Amoussou, fondateur du parti, avait crée une «guerre» des clans. Ce qui avait amené ce dernier à se maintenir puis à démissionner en janvier, au moment où l’on s’y attendait le moins. Emmanuel Golou, son vice-président et dauphin annoncé assure depuis, l’intérim du président du parti en attendant le prochain congrès. Concernant le Prd, on a appris que c’est le défaut de consensus autour du successeur de Houngbédji qui a amené ce dernier  à se maintenir comme président du Parti, à l’issue de la convention de mars. Alors qu’il n’était plus présidentiable, sa retraite politique était attendue. Séfou Fagbohoun, président et fondateur du Madep a, à son tour, annoncé sa retraite politique au cours du congrès du Madep d’avril. Ici également, le pari pour une succession paisible, créant moins de frustration, n’est pas encore gagné. Dans un contexte pareil, l’urgence n’est sans doute pas leur  fusion pour créer un parti plus grand. Qui ne va pas manquer de connaître les «guerres» de leadership qui ont caractérisé les formations individuellement prises. L’organisation va changer de nature. Mais les acteurs restent les mêmes. Et dans un environnement politique national dont les tares sont connus de tous.

Prd-Psd : l’incompatibilité idéologique

L’un des détails qui peut porter entorse à ce projet, c’est bel et bien le fait que le Psd et le Prd, les plus grands partis de l’alliance sont d’idéologies contraires. Le Psd est un parti de gauche et les «Tchoco-Tchoco» des libéraux.  Pour des enjeux électoralistes, ils peuvent faire chemin ensemble. Mais pour une fusion, les choses sont plus compliquées. Il est vrai, la question idéologique anime très peu les débats dans l’arène politique béninoise. Mais on se demande laquelle de ces deux organisations voudra sacrifier son idéologie. Ce débat doit aussi se faire. Et celui de la fusion doit continuer.

Une stratégie pour contourner le Prd

Les délégués du Parti du renouveau démocratique n’ont pas suivi les travaux de la convention du samedi dernier jusqu’à la fin. On s’imagine que cela est dû à la tension qui les oppose aux autres composantes de l’alliance sur la question de la fusion.  En réponse, les autres partis ont fait apparemment l’option de contourner les «Tchoco-Tchoco» dans le processus de fusion, quitte à ce que ces derniers prennent le train en marche s’ils changent de position. La convention a par exemple accouché d’un bureau politique transitoire et d’un bureau exécutif national transitoire. Le constat est qu’aucun membre du Prd ne fait parti de ces deux équipes. Aussi, «la convention a-t-elle décidé d’offrir à chaque citoyen qui le souhaite, la possibilité d’adhérer directement à l’union et d’en devenir membre». Au fond, cela apparaît comme une stratégie pour contourner les partis anti-fusion. Mais cela permettra aussi à l’Un d’abandonner son manteau  de clubs des partis sudistes et d’ouvrir ses portes aux citoyens béninois de tous les horizons.

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