Un type de cadres en cause pullulent depuis un moment dans les institutions et administrations de l’État du Bénin. Ils sont si intellectuels –tarés, dirait l’autre- qu’ils sont pour certains nantis du doctorat –diplôme au sommet de la hiérarchie des sciences. Ces cadres, on les croise un peu partout dans l’enseignement (les trois ordres), l’administration centrale de l’État et ailleurs où, on les voit aussi infiltrer la diplomatie béninoise, secteur sensible de la gouvernance d’État.
Dans leur entêtement aveugle à s’accrocher à leur poste, ils donnent la preuve d’avoir perdu la raison et sont prêts à tout pour s’y maintenir. Y compris, en désobéissant à l’autorité qui les a positionnés. Pour tout dire, c’est des gens pistonnés par un godfather ou parrain, lequel assure leur protection par la maîtrise du système et de ses hommes.
Quelques cas pris au hasard dont, en premier, celui de ce directeur départemental de l’enseignement de l’Atlantique qui, du temps du général Kérékou, refuse de se plier à la décision du conseil des ministres qui l’a débarqué. L’homme s’y est maintenu, envers et contre tous, ne cédant sa place que des mois plus tard. A quelqu’un d’autre que son remplaçant initial, le gouvernement ayant entre-temps jeté son dévolu sur un autre cadre qui a su, lui, jouer des coudes pour s’imposer. Plus récemment encore, dans ce même secteur de l’éducation, un enseignant du supérieur a continué à faire de l’ombre à son collègue pressenti par le pouvoir pour gérer sa succession à l’une des directions techniques de l’un des ministères. Finalement, le nouveau promu est mis à l’écart après avoir été officiellement nommé un soir de la réunion des ministres dont le communiqué lu urbi et orbi de façon synchronisée à la radio et à la télévision nationale sonne encore dans les esprits comme une chanson à succès.
Sur ce registre des exemples, on notera qu’un diplomate de carrière et ambassadeur de notre pays à l’étranger, n’a pas échappé –comme tant d’autres- à la règle du non respect des injonctions et de l’autorité de l’Etat: faire le pied de nez qui fait douter des attributions régaliennes des pouvoirs publics. Quand fut venu la fin de sa mission, il se refuse d’y croire et a continué d’engager l’État du Bénin à travers des actes dont les effets apparaissent aujourd’hui au grand jour. Fort curieusement, depuis son rappel et son retour définitifs au bercail, en 2007, il est bombardé à un poste clé et officie comme personnage incontournable de son ministère. On se rend compte que cet homme est du sérail dont il connait les rouages. Il n’en est pas forcément de même de la majorité des cadres qui bien souvent, sont cooptés par le jeu des couloirs, du clientélisme et des alliances mafieuses diverses (politiques, religieuses, ethniques…). Et non par un quelconque mérite personnel eu égard à la nature de la responsabilité à assumer. Bien que pétris d’expériences dans leur domaine de compétence, la plupart sont des arrivistes n’ayant pas le profil de la mission qui leur est confiée. Tous ont également la particularité de venir au poste comme à un festin. Pour se réaliser financièrement et socialement. Sans scrupule. Et ils n’ont en général pas encore réussi à faire des investissements dans le foncier qui feraient d’eux d’authentiques bons Béninois soucieux d’avoir leur chez-soi.
Une fois parvenus, ces criminels à col blanc engagent comme une course contre la montre, en cherchant à rattraper le temps déjà perdu à espérer être le propriétaire d’une ou des maisons et d’une ou des voitures. Très vite, ils y parviennent en n’y allant pas de main morte et en jouant à fond sur leur statut d’ordonnateur des comptes de leur structure. Commandes fallacieuses, surfacturations éhontées et excessives, non respect des règles de passation des marchés où le gré à gré est préféré à l’appel d’offres ouvertes… ce sont-là les méthodes de gestion mises en œuvre pour parvenir à ses fins au détriment du bien-être des populations. De sorte qu’en peu de temps –l’espace de deux à trois ans- celui qui passait pour le paria patenté de la société et qui se tapait ses courses à pied ou à sa vieille bécane, se met brusquement à rouler carrosse. Les weekends, on l’aperçoit en train de faire le tour du propriétaire sur des chantiers de construction de buildings lui appartenant, s’il n’y habitait déjà pas, au grand émerveillé de son entourage subitement devenu envieux. Celui dont personne, il y a un temps, ne s’approchait pas est brusquement vu, par tous ceux qui sont en quête de gains faciles, les jeunes notamment, comme un modèle à imiter. Peu importe la nature des moyens et méthodes à mettre en œuvre pour réussir comme lui. Peu importe aussi les performances et résultats que la collectivité nationale attend de chacun. Et bienvenue la corruption et la lourdeur administrative dont tout le monde fait le diagnostic sans en améliorer le seul paramètre décisif: celui de sa maîtrise des ressources humaines.
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