L’union fait la nation(Un) est tombée de son piédestal après la dernière élection présidentielle. Depuis, le groupe s’est scindé en deux. D’une part l’Un proprement dite qui incarne une vision classique de l’opposition et de l’autre, le Prd de plus en plus entreprenant.
Entre les deux, une guerre de leadership vient de commencer. Et s’annonce longue et ennuyeuse. Qui est le Chef de file de l’opposition au Bénin? Au lendemain de la dernière rencontre entre le Prd et le Chef de l’Etat, plusieurs canards de la place ont annoncé sans grande prudence la rencontre, rare en somme, du président Boni Yayi et d’un prétendu chef de file de l’opposition. Quelques jours après, alors qu’il donnait une conférence de presse à Camp David, le Chef de l’Etat a lui-même vanté les qualités d’homme d’Etat du président Houngbédji qu’il dit avoir invité et reçu, en tant que patron de l’opposition, pour le dégel de la crise politique que traverse le pays depuis des années. La déclaration ne surprend guère lorsqu’on sait qu’il émane d’un homme politique-le Chef de l’Etat- doué dans la ruse politicienne et dans l’art de récupérer à son compte tout ce qui est positif. Seulement, elle met l’opposition plurielle dans l’embarras et suscite des interrogations. Depuis quand c’est le gouvernement qui choisit le Chef de file de l’opposition au nom de l’opposition. L’attitude est bien curieuse et révélatrice de complicité suspecte. A l’Un, il n’y a pas eu de déclaration pour dénoncer cela. On préfère opter pour l’attentisme face à une posture du Prd qui suscite encore des questionnements. Depuis quelques mois en effet, ce parti a posé des actes qui mettent en cause l’esprit et le protocole de l’union. Création d’un groupe parlementaire propre, déclaration solitaire d’appartenance à l’opposition, prise de position unilatérale sur des sujets importants tels que la Lépi, la révision de la constitution et plus grave de tentative de faire échec à la dernière convention de l’Un qui allait déboucher sur une éventuelle fusion du groupe. Le Prd a donc donné ainsi l’exemple d’un d’un parti «fossoyeur» de l’Un. Pourtant, il a toujours revendiqué son appartenance à l’Un bien qu’opposé à la fusion des partis. Ainsi, l’Un qui a vanté pendant la dernière élection présidentielle le symbole de l’union se transforme en un monstre à deux têtes.
Le Prd dans la logique du défi
Sorti de l’Un, le Prd semble en découdre avec elle. Il donne l’impression de rechercher une nouvelle identité politique et un prestige exceptionnel au détriment de l’Un toujours dans sa logique de faire la politique de façon subtile et sans trop chercher à assumer une opposition radicale et farouche. Tout est mesure et modération dans cette coalition où Amoussou, Idji et Sèhouéto tentent de jouer à la fois les premiers rôles. Au Prd par contre, le président Houngbédji se sent beaucoup plus libéré depuis qu’il a compris qu’il ne peut plus avoir le pouvoir. Cette donne a forcement changé les choses au sein du parti. Le parti se montre plus entreprenant. Sur les sujets de l’actualité, il organise des ateliers et des séminaires et fait des propositions concrètes pour la résolution des problèmes. Seul hic, le timing des activités et les démarches politiques donnent l’impression de vouloir faire écran à l’Un. «Le Prd ne veut plus faire la politique des autres, elle veut faire sa propre politique», avait confié un député du parti. Une guerre d’usure a commencé au sein de l’opposition. Pour quel but, se demande-t-on?
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