Le déguerpissement des habitants de Xwlacodji et des autres berges lagunaires continuent de défrayer la chronique. Suite aux nombreux cas de contestations et de lamentations des populations renvoyées, le directeur général adjoint de l’environnement est monté au créneau en justifiant le bien fondé de cette opération.
Il y a un temps pour toute chose.
C’est ce qui ressort de l’explication donnée par Ouro Djéri, directeur général adjoint de l’environnement, au sujet de l’opération de déguerpissement des populations occupant illégalement les berges lagunaires. Une clarification s’impose, selon le Directeur général adjoint. Loin d’être un déguerpissement, cette opération s’inscrit dans le cadre de l’assainissement des berges lagunaires. A en croire ses propos, c’est une initiative qui date de l’année 2002 et aurait pu être exécutée depuis juin 2006, suite à l’ultimatum donné par le Maire de la ville de Cotonou. A cette époque, une évaluation avait été faite et les frais d’assainissement étaient estimés à 16.655.000Fcfa. Mais du fait des populations qui jugeaient tel ou tel autre moment inopportun en prétextant soit des examens de fin d’année de leurs enfants, soit la saison pluvieuse, cette opération a été maintes fois reportée. Un deuxième ultimatum fixé au 15 décembre 2008, n’a pu être respecté pour les mêmes raisons. 87.790.220Fcfa c’est le coût prévisionnel des travaux d’assainissement. En 2011, plus précisément le 14 décembre le gouvernement en conseil des ministres a décidé de mettre en exécution son projet d’assainissement des berges lagunaires. Et, pour ce faire, le 29 février 2012 est fixé comme délai de rigueur aux «squaters» pour quitter les berges. Lors d’une séance de travail en date du 24 avril 2012, la proposition a été faite de procéder à des marquages pour délimiter les zones à assainir. Les populations ont été prises de coup du fait de l’absence de précision sur la date du début des opérations. Les engins du génie militaire avec qui les autorités du ministère de l’environnement ont signé un contrat pour l’exécution de l’opération, ont été débarqués sur les berges le vendredi dernier. Le coût total toutes taxes comprises s’élève aujourd’hui à 413.431.456Fcfa. Il faut signaler qu’avant cette opération, plusieurs actions ont été menées pour sensibiliser les occupants.
La «mauvaise» foi des acteurs impliqués dans l’opération d’assainissement
Aux dires du Directeur général adjoint de l’environnement, ce serait faire preuve de mauvaise foi si les autorités de la Société de gestion des marchés (Sogema) et les élus locaux des arrondissements concernés disent être surpris par la tournure des choses. Et pour cause, « ils ont été associés à l’initiative en prenant part aux nombreuses réunions organisées à cet effet». En ce qui concerne l’étonnement des autorités municipales en l’occurrence du président-maire Soglo, le Dga pense que ce serait un dysfonctionnement administratif qui expliquerait le défaut d’informations. «Des émissaires de la mairie ont toujours été présents aux séances de travail du comité interministériel», précise le Dga Imorou Ouro Djeri.
L’économie a pris un coup
Initialement de 16.655.000F cfa, le coût des travaux d’assainissement des berges lagunaires est passé à 413.431.456Fcfa sans oublier des sommes sorties des caisses de l’Etat lors des premières opérations qui ont échoué. Des conclusions d’une étude menée, on retient que l’Etat a enregistré un manque à gagner de 9 milliards suite à la fermeture de plusieurs sociétés spécialisées dans le commerce de produits halieutiques vers l’Europe. La fermeture de la société Crustamer est citée en exemple. Selon les explications, ces sociétés auraient fermé du fait de l’insalubrité des berges.
Après les déguerpissements, plusieurs infrastructures d’écotourisme verront le jour sur les espaces assainis. Il s’agit entre autres de la création d’un port de plaisance, d’un parc botanique, d’un pont piéton, d’infrastructures de sport.
Le Directeur général adjoint dit comprendre le désarroi et la peine des populations mais «il faut consentir des sacrifices pour arriver au développement».
Ben-Saïd Adjiboyrihan & Yao Hervé Kingbêwé
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