C’est curieux que le gouvernement qui a repris en main la destinée de la campagne cotonnière 2012-2013 n’ait autre choix que de recourir à la Boad pour financer cette campagne.
Voici un geste salvateur qui prend l’allure d’un aveu. La Banque ouest-africaine de développement (Boad) est venue, par la mobilisation d’un montant de 115 milliards de Fcfa, à la rescousse du gouvernement pour le financement de la campagne cotonnière 2012-2013. Une campagne qui intervient dans un contexte spécial caractérisé par une crise entre le gouvernement et les acteurs privés du secteur et la reprise en main de façon transitoire de la filière par l’Exécutif. La cérémonie de signature du mandat d’arrangement de financement entre les responsables de la banque et les autorités béninoises a eu lieu lundi dernier dans les locaux du ministère béninois de l’Economie et des Finances. Le ministre des Finances, Jonas Gbian aurait affirmé lors de cette cérémonie que ce soutien financier de la Banque ouest-africaine de développement «permettra au gouvernement de faire face au paiement des premières livraisons d’intrants coton.» Ce qui signifie que le gouvernement en dépit de tout le tapage autour du coton ne disposait pas des moyens financiers nécessaires ne serait-ce que pour l’achat des intrants.
On se rappelle pourtant tout le tapage qui a précédé et suivi la reprise en main de la filière par l’Etat. Une reprise en main qui impliquait que la Société nationale de promotion de l’agriculture (Sonapra) remplace les privés dans la fourniture des paysans en intrants. Ainsi, contrairement aux saisons précédentes, le gouvernement devrait assurer l’achat des intrants. Les intrants étant un élément important dans la production cotonnière, leur fourniture devient plus qu’un défi pour le gouvernement qui a affiché sans ambages sa volonté de rompre avec les mauvaises et anciennes pratiques dans la filière. Un gouvernement si engagé et qui dispose réellement des moyens de sa politique ne devrait attendre une quelconque aide extérieure. Encore que pour cette affaire d’intrants coton, le temps est un autre ennemi. Mieux, de la réussite de cette campagne dépend la croissance économique du pays. Simplement parce que le coton est le deuxième poumon de l’économie béninoise après le port. Si conscient de l’enjeu lié à la réussite de la campagne, le gouvernement tend la main pour l’achat des intrants, Boni Yayi et les siens viennent simplement de confirmer l’information qui circule à propos d’une certaine mauvaise santé des caisses de l’Etat.