L’«attachement marqué pour le recours aux médias dans le cadre professionnel» dont font preuve, selon lui, ses confrères, le bâtonnier de l’ordre des avocats vient de le fustiger.
On s’imagine que sur la question, les jours à venir seront tumultueux entre praticiens du droit censés «défendre la veuve et l’orphelin».
Dans une correspondance en date du 30 mai dernier et adressée à tous les avocats du barreau du Bénin, Me Arthur Ballé s’est fendu d’une «mise au point» dans laquelle il constate qu’«il devient habituel que des avocats en charge de dossiers choisissent les médias pour livrer à l’opinion publique leur avis sur les litiges relatifs à ces dossiers». Et de promettre à l’avenir à tous contrevenants un retour de l’ordre «aux fondamentaux de notre déontologie sur le sujet, et cessera désormais de se faire tolérant», avant d’ajouter: «… Je préviens que ceux d’entre-nous qui persistent à le faire contraignent le Conseil de l’ordre à envisager des mesures de sanction, au besoin». Ce sera là, la déclaration de guerre de trop qu’il n’aurait pas fallu faire, même dans une démarche de rappel à l’ordre de «brebis égarés». On sait que la réaction du bâtonnier fait suite à la dernière sortie médiatique de Me Joseph Djogbénou, un des avocats-conseil de l’homme d’affaire Patrice Talon. On sait aussi que suite à cela, Me Arthur Ballé est monté au créneau, sur les ondes de la chaîne privée Canal 3 pour «interdire» la chose.
Et en passant par les médias pour attirer l’attention de ses confrères sur l’indélicatesse de leur démarche, Me Ballé condamne ainsi une pratique qu’il encourage par l’exemple. Sans compter qu’à l’occasion, il porte lui-même un jugement de valeur sur le choix du gouvernement de remettre en cause le contrat PVI qui l’aura finalement été, selon les mots du bâtonnier, «dans l’intérêt des populations». Visiblement, il s’agit pour le bâtonnier de prendre position sur le dossier en refusant la pareille aux autres. Car, ce qu’il dénonce des avocats, il se l’autorise. Comme s’il était en mission commandée. «D’exprimer ainsi son opinion et de priver les autres d’avoir à dire leur son de cloche sur le litige, pose un problème de justice que notre bâtonnier aura à nous expliquer, tôt ou tard», s’insurge un avocat, membre du barreau béninois.
Au demeurant, le litige né de la suspension du contrat PVI, objet de la mise au point du bâtonnier, n’est même pas encore à notre connaissance porté devant le moindre juge d’instruction. Et on ne sait s’il le sera, vu la façon dont fonctionne le gouvernement. Dès cet instant, chacun des avocats est tout à fait libre d’émettre ses jugements et de faire ses commentaires par les bouts et canaux qu’il juge les plus appropriés pour la compréhension de l’opinion, dans l’intérêt de son client. Dans d’autres dossiers, par le passé, comme celui de Shelter-Afrique, dans lequel Simon Pierre Adovelandé serait impliqué -et qui est toujours pendant devant la justice- le bâtonnier a pu valablement ramener des confrères à l’ordre. Dans le cas de l’affaire PVI, il y a comme un pas de trop que Me Ballé vient de franchir. Et il y a à craindre qu’il suscite un tollé à la mesure de l’offense ainsi faite aux hommes de droit si souvent jaloux de leur liberté et de leur indépendance.
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