Pourquoi cette présence des agents de la police municipale sur les principaux carrefours de la ville?
La police municipale est investie de deux missions principales: les missions générales et les missions particulières. Les missions générales sont assimilées au maintien de l’ordre dans la cité. Ce qui sous entend qu’en cas de trouble à l’ordre public, elle doit prendre les mesures nécessaires pour le rétablir lorsqu’elle a les moyens matériels lui permettant d’intervenir efficacement. Autrement, elle pourra appeler en renfort la police nationale. Les missions particulières sont prescrites au chapitre III du décret N°2009-027 du 04 février 2009 portant modalités d’exercice des pouvoirs de police administrative du maire dans les communes à statut particulier en République du Bénin. A la section première de ce chapitre, l’article 6 al 1 dispose: la Police municipale est chargée de la police des routes nationales et départementales et des voies de communication dans le périmètre de sa commune, seulement, en ce qui concerne la circulation sur les dites routes.
La présence de nos agents sur le terrain relève donc tout simplement de la mise en application du décret et répond à un besoin de sécurité exprimé par la population. Et pour satisfaire ce besoin, il est nécessaire que ces agents formés à l’Ecole nationale de police puissent s’exercer et profiter de l’expérience de leurs aînés de la Police nationale. Ainsi dès qu’ils auront la main, les responsables des différentes structures chargées de la sécurité vont se retrouver pour procéder à un transfert régulier de ces missions afin que chaque institution rentre dans ses prérogatives.
Cette mesure est-elle un aveu de l’échec de la Police nationale dans la mission de régulation de la circulation qui lui est dévolue?
Le rôle de la police nationale repose beaucoup plus sur les fonctions judiciaires. Je puis donc vous dire que la Police municipale a un rôle exclusivement préventif. L’expérience a montré que les pays qui ont mis en œuvre une politique conséquente de sécurité ont adopté la police municipale pour régler les problèmes de police administrative à titre préventif. Je cite au passage les Etats unis d’Amérique, l’Afrique du Sud, le Ghana et le Burkina Faso. Ne pensez donc pas que la Police nationale est défaillante. Elle est plutôt débordée puisque la question de la sécurité couvre un domaine très vaste.
Que pensent les agents de la police nationale de cette décision?
Je dois avouer qu’au début, il y a eu des réticences. Mais le Bénin étant un Etat de droit, chacun doit être situé dans ses prérogatives et exercer les droits que les textes de la République lui confèrent. La police municipale n’est pas en rivalité ou en conflit avec la Police nationale. Elle est plutôt venue l’aider à assurer au mieux la sécurité des citoyens.
Vos agents n’étant pas autorisés à porter des armes, comment arrivent-ils à dissuader les hors la loi?
Lorsqu’ils se retrouvent face à une situation qui dépasse leur compétence, ils prennent les mesures provisoires pour mettre hors d’état de nuire les indélicats en attendant l’intervention de leurs collègues de la Police nationale. Certes, nous ne faisons pas de la Police judiciaire mais la loi nous permet d’interpeller le ou les auteurs d’infractions commises en flagrant délit. Mais je pense personnellement qu’on n’a pas besoin d’arme pour faire de la prévention. A la mairie nous voulons inculquer les bonnes habitudes à la population non pas avec la violence mais avec les moyens de persuasion. D’ailleurs, les agents de la Police nationale ne se servent de leurs armes qu’en cas de légitime défense. La démarche de la Police municipale consiste à se faire plus proche de la population pour mieux contenir les agresseurs. Elle peut néanmoins solliciter au besoin l’appui de la Police nationale. Mais je dois préciser que nous sommes actuellement à la phase de sensibilisation. Nous passerons à la répression le moment venu, puisque la loi nous en accorde la possibilité.
Quel est l’événement majeur qui a conduit les autorités à rétablir la police municipale dans les prérogatives que lui confère le décret que vous venez de citer?
Rien de particulier. C’est parce que le désordre observé dans la ville a pris une allure inquiétante qui ne pouvait pas laisser indifférents les responsables de la mairie de Cotonou. Il fallait donc mettre à profit la main d’œuvre dont nous disposons pour renforcer l’effectif des agents de la police nationale.
Comment la population a-t-elle accueilli cette nouvelle mesure?
L’initiative a été bien accueillie par nos compatriotes. J’ai même reçu des messages de félicitation pour le travail remarquable que font les agents notamment sur les carrefours Dédokpo, Sacré Cœur et Etoile rouge. Mais malheureusement, il y a des individus mal intentionnés qui les insultent et se moquent d’eux. Je voudrais profiter de votre canal pour mettre en garde ceux là qui ignorent encore que ces agents ont été régulièrement formés à l’Ecole nationale de police où ils ont reçu des notions dont-ils peuvent se servir au besoin. Pour finir, j’invite les citoyens béninois à leur faciliter la tâche en leur permettant d’accomplir convenablement leur mission.
Réalisation: Euloge Quenum