En quête d’explications et d’assurances sur la situation économique actuelle du Bénin et les menaces qui pèsent sur le respect de l’Etat de droit, les ambassadeurs de l’Union européenne en poste au Bénin étaient au cabinet du Chef de l’Etat en fin de semaine dernière. Compte rendu.
Les affaires Pvi et intrants coton et leurs impacts sur l’économie béninoise inquiètent les ambassadeurs de l’Union européenne en poste au Bénin. Et c’est pour se rassurer et avoir des éléments d’explications qu’ils se sont rendus le vendredi dernier au palais de la présidence de la République pour rencontrer le Chef de l’Etat. Selon nos sources, les diplomates européens ont sollicité une audience auprès du président Boni Yayi depuis longtemps. Et c’est à la veille de son départ pour le sommet du G20 qui se tient à partir de ce jour au Mexique que Boni Yayi les a reçus. A leur sortie d’audience, le point de la rencontre a été fait par la représentante résidente de l’Union Européenne au Bénin, Françoise Collet. Qui s’est confiée dans un langage diplomatique à nos confrères de la télévision nationale. « Nous avons échangé sur la situation économique du Bénin », a-t-elle affirmé. Ses collègues et elles, selon ses propres termes, ont recueilli des explications du gouvernement sur les actions prises par celui-ci concernant le Programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-ng) et la crise dans le coton. Concernant le Pvi, allusion est faite sans doute à la reculade du gouvernement dans la mise en œuvre de la réforme avec la suspension le 07 mai dernier du contrat liant Bénin Control, société chargée d’exécuter le programme et à l’Etat béninois. Pour le coton, il s’agit, sans doute, de la crise dans le secteur avec tous ses rebondissements rocambolesques et surtout l’opération commando contre les intrants de la société Sdi. Ainsi, les représentants des pays membres de l’Union européenne ont « attiré l’attention du gouvernement sur la nécessité de la réussite les réformes », a avoué Françoise Collet. Avant d’ajouter : « Nous avons eu des assurances sur les recettes fiscales», parlant ainsi des impacts que la suspension du Pvi peut avoir sur l’économie. Ces diplomates voulaient, par ailleurs s’assurer que l’Etat de droit n’est pas menacé. Et ils ont, selon Françoise Collet, eu « des garanties du gouvernement » à ce propos.
Des garanties, pourtant le ver est dans le fruit
Quelques soit les menaces qui pèsent sur l’économie nationale et le respect de l’Etat de droit, Boni Yayi ne peut que rassurer les partenaires européens. Et Françoise Collet ne pouvait pas, en sa qualité de diplomate bon teint, étaler tout ce que le Chef de l’Etat et eux se sont dit. Il ne faudra pas se cacher la face. Le Bénin est malade économiquement. Et avec le dossier Pvi et la crise dans le coton, le pays pourrait ne pas atteindre les 4% de croissance économique que le gouvernement s’est fixe comme objectif. Pis, les agissements du gouvernement donnent aujourd’hui au Bénin l’image d’un pays où il n’y a pas de sécurité juridique et où les droits de l’homme sont mis en berne. Une chose qui ne peut encourager les opérateurs privés à y investir. Le Chef de l’Etat donne des garantis à l’Union européenne, mais le ver est dans le fruit.
Photo de Mme Françoise Collet en compagnie du maire d'Abomey-calavi