Il me semble bien que le chômage est le mal le plus dangereux dont souffre la jeunesse. Pire que le sida, la toxicomanie et les autres fléaux, le chômage ronge la jeunesse, la traumatise et la fait souffrir.
Le massacre ici n’est pas trop visible. Seules les victimes vivent les atrocités et les affres de ce mal silencieux. Plusieurs études effectuées en Europe ont montré que la plupart des chômeurs traînent des traumatismes. Au Bénin, le chômage prend des proportions inquiétantes. Si l’Etat lui-même ne dispose pas de statistiques fiables sur la question, La dernière illustration est assez préoccupante. Il suffit de faire un tour dans les recettes perceptions de l’Etat ces derniers jours pour s’en convaincre. Pour acheter les quittances afin de participer à ces concours de recrutements d’agents permanents de l’Etat, des hordes de jeunes ont pris d’assaut ces recettes de l’Etat. La non fluidité du système de paiement a fini par créer devant chaque recette un véritable marché. Pour avoir accès au précieux document qui permet de déclencher le processus de mobilisation des pièces à fournir afin de déposer le dossier et espérer composer, les jeunes sont obligés de passer des heures devant ces lieux, sous les pluies incessantes. Je les ai vus meurtris, négociant une place privilégiée, parfois pleurer, passant par tous les moyens pour avoir la quittance. Une fois qu’ils l’ont, il faut les voir courir pour boucler leurs dossiers et déposer à temps. Le lancement de ces concours a permis de savoir à quel point l’insertion professionnelle était une préoccupation majeure des jeunes. Il a aussi permis de savoir que le chômage faisait un grand désastre au sein des jeunes. Tenez vous tranquilles, pour 432 postes pour tout le Bénin, plus de 22000 jeunes se seraient manifestés pour déposer les dossiers. Dans un concours aussi sélectif, chacun sait le sort qui lui est réservé.
C’est à ce taux de chômage de la jeunesse assez critique qu’on veut en rajouter avec les nombreux licenciements qui se profilent à l’horizon avec la fermeture annoncée de la société Cajaf-Comon, Bénin Control et les institutions bancaires qui s’apprêtent aussi à leur emboîter le pas. Au fil des jours la jeunesse rumine sa frustration et regarde avec désespoir un avenir qui lui file entre les doigts. Mais la souffrance est un bon conseiller. Tellement les vicissitudes rencontrées dans le montage et le dépôt de dossier pour ce concours ont amené les jeunes à penser à s’organiser. Selon des sources concordantes, ils s’apprêtent à créer un syndicat ou au mieux un réseau des candidats aux concours d’agents permanents de l’Etat au titre de l’année 2012. Tout ceci devrait inquiéter les responsables au sommet de l’Etat. Mais ils roulent tranquilles, passent leur chemin devant les foules de jeunes attroupés devant les recettes perceptions, s’en moquent parfois. Ignorant que dans le silence, les jeunes qui ont accumulé pendant des années les frustrations et les échecs de leurs politiques peuvent aussi faire leur révolution. A l’image de leurs frères du Magreb.
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