Opération commando contre les intrants de Talon

Le week-end écoulé, en mer comme sur terre, des centaines de tonnes d’intrants appartenant à la société Sdi de Patrice Talon ont été saisis par les militaires pour le compte de l’Etat.

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Les intrants coton de la Société Sdi, de l’homme d’affaires béninois Patrice Talon, sont depuis le week-end écoulé dans le viseur des militaires.  A travers un communiqué diffusé en bande défilante dans la soirée d’hier, la chaîne privée de télévision Canal 3 Bénin informait qu’un navire transportant de l’engrais pour le compte de cette société « vient d’être arraisonné ». C’est l’oeuvre des « militaires de la présidence » qui exigent que la marchandise soit déchargée au port de Cotonou. Il s’agit « du navire C. Handy battant pavillon Marchall Island chargé au port Nikolalev, Ukraine », ajouté le communiqué avant de préciser : « le commandant Xle Zenhua et son équipage de nationalité chinoise refusent d’optemperer.»

Cette opération vient moins de 48 heures après une autre de la même nature menée par d’autres militaires le week-end.  En effet, dans la nuit de ce vendredi 08 au samedi 09 juin, plusieurs tonnes d’intrants coton appartenant à la société Sdi et stockés au port sec (dénommé parc Atral) d’Allada ont été saisis et déchargés de force par des militaires. Selon nos sources, c’est aux premières heures de ce vendredi, autour de 02 heures du matin, qu’un « nombre impressionnant de militaires  a pris d’assaut le parc». Ils ont par la suite procédé au « déchargement de force de intrants stockés » sur les lieux. Et cela sans l’avis des responsables de la société. Des personnes sur place auraient même contacté Patrice Talon. Ce dernier aurait conseillé qu’aucune résistance ne soit opposée à l’action des hommes en uniforme.

L’information de « déchargement  obligatoire» a été plus tard dans la soirée du vendredi confirmée par Canal 3. Selon les témoignages de l’un des gardiens du site recueillis par nos confrères de cette télévision, c’est « une centaine de militaires » qui sont arrivés sur le parc avec une vingtaine «de camions de la gendarmerie.» « Ils ont chargé eux-mêmes environ 200 tonnes d’intrants stockés là. Ils ont commencé par l’intrant Npk », a-t-il précisé. Dans l’édition de son journal télévisé d’hier, Canal 3 a renseigné que les intrants ont été convoyés dans le septentrion. Sans doute dans les zones de production de coton pour être distribués aux producteurs.

Questionner l’histoire

Cette option commando prise par le gouvernement pour fournir en intrants les producteurs de coton trouve leur origine dans les derniers faits marquant de la crise dans la filière. Après plusieurs revirements de situation, le gouvernement avait récemment fini par ravaler ses vomissures en décidant de travailler pour la campagne en cours avec l’Association interprofessionnel de coton (Aic) et la société Sdi qui avait gagné l’appel d’offres pour la fourniture d’intrants coton. Seulement, les 24 et 25 mai dernier, l’Aic et les sociétés Sdi et Dfa ont adressé un courrier aux ministres des finances et de l’agriculture pour manifester leur désapprobation par rapport aux prix proposés par le gouvernement pour la fourniture de la Sonapra en intrants.  Il justifie leur refus par « une surfacturation de 3 milliards qui n’arrangerait pas  les producteurs.» Conséquence, les producteurs ne disposent toujours pas d’intrants. Le gouvernement ayant revu à la hausse ses intentions de production, les autres sociétés de fournitures d’intrants à elles seules ne sont pas à même de satisfaire la demande. « Tout cela justifie cette traque aux intrants de Talon dont la société Sdi est le plus gros fournisseur », commente-t-on dans certains milieux.
Jusqu’à l’heure où nous mettons sou presse, nous n’avons pas obtenu d’autres détails sur le sort  du navire arraisonné.
Affaire à suivre.

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