Saisie des intrants de Talon : les incohérences du gouvernement

Hier au ministère du développement, le ministre Marcel de Souza, dans un rôle de porte parole du gouvernement et flanqué des ministres Jonas Gbian de l’Economie et Sabaï Katé de l’Agriculture, ont donné la version du gouvernement sur les saisies opérées le weekend dernier sur les intrants de Patrice Talon. 

Publicité

Un exercice malaisé pour des ministres qui manquaient d’arguments convaincants pour se défendre.

Depuis 2006, le gouvernement a habitué les populations à une bien curieuse communication. C’est la stratégie de la charrue avant les boeufs. On pose l’acte avant de venir en donner les raisons et les objectifs. C’est donc fort de cela qu’il a donné, par la voix du ministre du développement, sa version des faits sur la saisie, le weekend dernier, des intrants de Patrice Talon sur le terminal à conteneurs d’Allada et dans les cales du navire C. Handy. Pour le ministre Marcel de Souza, « c’est au nom de la raison d’Etat » que cette opération militaire a été menée pour ramasser les intrants de l’homme d’affaires. Il répond à un plan B mis en branle après que le gouvernement eut compris que Talon et ses associés ont commencé à faire du dilatoire afin de gagner du temps pour rendre la campagne cotonnière impossible. C’est au nom de ce plan que le gouvernement est allé requisitionner les intrants. Un acte qu’il juge normal puisque le gouvernement, selon ses dires, a décidé de payer « catch » ces intrants qui lui revienne Ecobank de droit après que Sdi et Dfa(tous appartenant à Talon qu’on veut coûte que coûte écarter de la filière) arrivent en tête de l’avis d’appel d’offres modifiés. Ainsi, il a envoyé de l’argent dans les comptes des sociétés à qui ils appartiennent.

L’erreur et le ridicule

Mais là encore, le gouvernement a fait une erreur grave qui pouvait lui coûter très cher. Au lieu de bien faire ses enquêtes avant de faire la transaction, le gouvernement a envoyé d’abord les 8,5 milliards dans les compte Ecobank de la société Dfa, avant de comprendre son erreur et de renvoyer l’argent dans le compte Eco Bank de Sdi à qui appartient les intrants saisis. Sous d’autres cieux, cela pouvait lui coûter plus cher. Mais à ce niveau aussi, le gouvernement a fait un jeu pas trop clair. Il a réquisitionné Wabco Cotia, installé au Togo et arrivé 3è après l’appel d’offres, pour lui fournir aussi des intrants que de Souza qualifie de « stock tampon ». Au nom de ce deal, Wabco Cotia aurait livré une quantité d’urée et de Npk (au prix de 370F contre 320F pour Sdi) que personne ne pourrait certifier avoir vue. On se demande si ce n’est pas à cause deWabco Cotia qu’on a mis dans le nouveau dossier d’appel d’offres qu’on peut livrer par camion à partir d’hillacondji ?  Mais chose curieuse, le gouvernement n’a nullement fait le lien entre ces difficultés sur le plan de la recherche d’intrants. Répondant à la question d’un journaliste sur ce sujet, le ministre de Souza a reconnu que c’est le même opérateur économique qui dirige les deux secteurs. Et déplore que « tout monopole est nuisible à l’économie » et que « ce n’est pas bien que ces deux secteurs importants soient dans la même main ». A croire que le gouvernement s’est levé un matin pour constater le contrôle des deux filières par la même personne. Si le ridicule pouvait tuer n’est-ce pas ? Le gouvernement ne devait pas aussi s’étonner des tergiversations de Sdi à lui livrer les intrants après avoir gagné l’appel d’offres. Le gouvernement devrait s’en prendre à lui-même pour avoir remis en cause le Pvi. Chat échaudé craint l’eau froide, dit-on.

Le gouvernement justifie « la saisie » des intrants de Talon

Quelques jours après l’opération de saisie des intrants coton sur le terminal à conteneurs d’Allada et dans les cales du navire C Handy, le gouvernement a enfin donné sa version des faits. « L’Etat a pris ses responsabilités pour raison d’Etat ».

Publicité

C’est la raison donnée par le ministre Marcel de Souza pour justifier la saisie des intrants de Patrice Talon. Après avoir exposé les difficultés qu’a rencontrées la filière depuis quelques mois, difficultés qui ont amené le gouvernement à envoyer une commission d’enquête internationale pour connaître les raisons de cette crise, il affirme que le gouvernement a revu l’appel d’offre qui a abouti à la sélection des sociétés Sdi, Dfa, Wabco Cotia. Mais c’est à ce niveau que les difficultés ont commencé avec le principal opérateur. Le ministre de Souza déplore le fait que celui a gagné le marché tergiverse à fournir les produits en usant de subterfuges. Après plus de six rencontres infructueuses avec Sdi et Dfa dont celle de la dernière chance a eu lieu le 8 juin, ces sociétés ont continué leur diversion. C’est alors que le gouvernement a mis en branle son plan B qui consiste à réquisitionner les intrants et les payer. C’est ce qui a amené à ramasser les engrais à Allada et au port. Ces engrais ont été envoyés aux contonculteurs  qui doivent l’utiliser pour l’entretien phytosanitaire des plants de coton. Et selon les chiffres, plus de 413.000ha sont actuellement emblavés. Ce qui va induire une quantité de 413.000 tonnes de coton, ce qui est un bon résultat surtout qu’il n’y a pas eu de subvention cette année. Il a annoncé des reformes profondes de la filière en vue et a déploré le monopole d’un seul homme sur l’importation(Pvi) et le coton.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité