Entre ses multiples voyages, la gestion des dossiers fumants de l’Ua et de la nation, Yayi se donne un peu de temps pour former une nouvelle équipe gouvernementale. Selon des indiscrétions, ce gouvernement pourrait sortir dans les jours à venir.
Sous la terminologie classique de « gouvernement d’union nationale », il devait comporter des « opposants ». Comme ceux du Prd.
La semaine proche ou le début du mois de Juillet ? La publication du nouveau gouvernement ne devait plus tarder, selon des sources proches du dossier. Tout au plus, le Chef de l’Etat pourrait faire durer le suspense jusqu’au 1er Août, date de la commémoration du 52è anniversaire de notre indépendance. Tant l’imminence de ce gouvernement fait déjà monter l’émoi dans certains états-majors de formations politiques. Des mêmes sources, on apprend que le nombre de portefeuilles pourraient diminuer un peu. Des 27 actuels, il devait passer à 24 ou 25 au plus avec deux ou trois secrétariats d’Etat. Le poste de premier ministre devrait être aussi maintenu. Sur le reste, rien n’a filtré. Aucun nom ne circule comme ce fut le cas lors des derniers remaniements. Le Chef de l’Etat, irrité par la fuite des informations autour du dernier remaniement où avant même l’obtention de l’avis consultatif du bureau de l’Assemblée nationale, les noms des ministres étaient dans la presse. Pour cela, le quarteron de collaborateurs du Chef de l’Etat qui travaillent avec lui sur ce dossier est prié de garder le maximum de silence sur ce dossier. Chose importante, le remaniement pourrait toucher plus de 50% des portefeuilles actuels, précisent les mêmes sources. Il s’agit d’un important remaniement. Mais la plus grosse surprise de ce nouveau gouvernement viendrait du fait qu’il sera un gouvernement d’union nationale. Et pourquoi ? Le Chef de l’Etat entend introduire dans sa nouvelle équipe gouvernementale, des forces politiques de l’opposition en l’occurrence le Parti du renouveau démocratique(Prd).
L’accord entre le Prd et le gouvernement
Entrer au gouvernement tout en restant un parti de l’opposition, tel est l’une des conditions posées par le parti de Me Adrien Houngbédji. Parmi les autres conditions posées, on parle de l’attachement aux idéaux de paix, de démocratie et de bien être des populations auxquels le parti tient depuis 1990 comme la prunelle de ses yeux. C’est donc au nom de cette paix que Yayi aurait choisi lui-même de composer un gouvernement d’union nationale dans laquelle l’opposition aura sa place. « Ceci permettra de décrisper l’atmosphère politique actuelle qui est assez tendue », confie un membre du cabinet présidentiel. Le dimanche dernier sur la radio Océan Fm, le porte parole du parti l’honorable Charlemagne Honfo a affirmé que le parti est un « parti de gouvernement », une façon à lui de confirmer cette entrée. Selon les négociations, le Prd devrait se retrouver avec deux ou trois postes ministériels, c’est selon. Le plus important pour Boni Yayi c’est de compter dans son gouvernement des cadres du mythique parti de l’opposition dont le leader passe pour son plus grand opposant. Pour le premier, cette entrée au gouvernement du Prd est un gage sérieux pour blanchir la gouvernance chaotique actuelle et se donner un visage de démocrate bon teint auprès de la communauté internationale et de bailleurs de fonds de plus en plus déçus. Pour le second, l’entrée au gouvernement devrait permettre de donner un nouveau souffle au parti anémié par des années d’opposition. Avec des postes ministériels, l’engouement et le militantisme seront de retour au Prd. Mais contrairement aux informations distillées par certaines personnes, le président Houngbédji ne ferait pas partie de ce gouvernement. Il serait en pourparlers avancés avec le gouvernement pour une promotion internationale. Si tout marche bien, nous souffle-t-on, il pourrait être le remplaçant d’Abdou Diouf au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie. Poste qui lui avait été promis depuis le temps du président Chirac mais qu’il n’a jamais brigué à cause de ses ambitions présidentielles. Et que gagnera le pouvoir actuel de cette alliance? Selon l’accord, le Prd travaillerait d’abord à fragiliser l’Un. Est-ce cela qui explique les crocs- en- jambe actuels du parti à ses alliés de l’opposition ? Aussi le parti devrait aussi travailler aux côtés des Fcbe et des autres forces politiques de la majorité pour la conquête de certaines municipalités (qui lui sont hostiles) lors des prochaines élections communales. C’est dans ce cadre qu’on agite l’alliance Prd-Fcbe sur la ville de Cotonou. Mais rien n’est conclu définitivement à ce niveau. En attendant, le Prd continue ses actions de rapprochement avec le pouvoir Yayi.