L’Unamab grogne, la Fésyntra-finances menace, le front des trois ordres de l’enseignement dans le courroux…et le mécontentement gagne du terrain dans plusieurs milieux syndicaux. On se demanderait, en son temps, si c’est, sans doute une malédiction pour le régime Yayi.
Après un peu plus de trois mois d’accalmie, ça grogne encore dans le monde syndical. Et ce dans les secteurs de l’éducation, de la justice et des finances. L’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), la Fédération des syndicats des travailleurs des finances et le front des trois ordres de l’enseignement sont dans le courroux et manifestent depuis quelques temps leur mécontentement.
Le front des enseignants : la rentrée n’aura pas lieu
C’est par une lettre ouverte récemment adressée au président de la République que le Front des trois ordres de l’enseignement a annoncé la perturbation de la prochaine rentrée académique. Il s’agit des enseignements maternel, primaire, secondaire général, technique et professionnel. Ce Front exige que le gouvernement se penche sur la question de rétablissement de la prime d’incitation à la fonction enseignante. Une prime que les enseignants affirment avoir perdue avec la mise en application l’an dernier du décret portant revalorisation à 1.25 du point indiciaire de tous les agents de l’Etat. Cette prime, les enseignants la considèrent comme un droit acquis qui leur a été enlevé. Mais pour le gouvernement, il s’agit d’une nouvelle revendication qui devrait être versée dans le cahier de charges de la commission de négociation gouvernement –syndicats dirigée par le Premier ministre. Le bras de fer entre les deux camps, avait conduit à une paralysie pendant plusieurs semaines du secteur éducatif. Jugeant le mouvement des enseignants d’illégal, le gouvernement avait procédé à des défalcations sur salaire aux enseignants grévistes. Une pilule difficile à avaler pour les enseignants qui soutiennent que les défalcations sont illégales. Le gouvernement avait promis d’étudier la question des enseignants s’ils reprenaient les cours. Mais depuis, aucun signe de vie. Et s’ils n’ont pas bloqué le déroulement des examens de fin d’année, les syndicats des enseignants de la maternelle, du primaire, du secondaire général, technique et professionnel envisagent donc de perturber la prochaine rentrée des classes pour se faire entendre. Ils exigent la restitution des défalcations « arbitraires » sur salaire et le rétablissement de la prime d’incitation à la fonction enseignante.
La Fésyntra-finances : initiation oblige
La Fédération des syndicats des travailleurs des finances est aussi mécontente. Cette fédération qui rassemble les syndicats des agents de l’administration centrale des finances, la douane et les impôts veut être impliquée dans le prochain concours de recrutement au sein du ministère de l’Economie et des Finances. Il s’agit d’un concours de recrutement dans les services de la douane, des impôts et du trésor dont la composition se tient ce samedi. La Fésyntra-finances dénonce un « recrutement fantaisiste ». Et veut être associé à l’organisation de la composition jusqu’à la délibération. Laurent Mètongnon, le Secrétaire général de la fédération martèle l’engagement de ses camarades. Mais sur le plateau de l’émission Zone Franche de la chaine de télévision Canal 3 du dimanche dernier, la ministre du travail et de la fonction publique, Mêmouna Kora Zaki a été claire à ce propos. La revendication de la Fésyntra-finances n’est pas conforme aux textes. Donc Pas question de les associer. La Fésyntra veut la transparence. La ministre du travail exige le respect des textes. C’est un bras de fer en préparation.
Unamab-Gbèdo : Une nouvelle guerre ?
Du côté de la justice, on va vers un autre bras de fer entre la ministre de la justice, garde des Sceaux et l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab). Les semaines écoulées ont été marquées par une guerre de déclarations et de clarifications entre les deux parties. En effet, l’Unamab a adressé à Madame le Garde des Sceaux, à l’issue de l’Assemblée Générale Extraordinaire qu’elle a tenue le 06 juillet 2012 une motion de protestation. Le syndicat réclame le retrait du décret du 07 juin 2012 portant réglementation des frais de justice criminelle, correctionnelle et de police en ce qu’il méconnait un droit acquis par les magistrats, la mise en œuvre du décret n°2004-176 du 06 avril 2004 portant modalités de fixation des ristournes et les conditions d’attribution de la prime d’incitation et de rendement allouée aux magistrats, la suspension des consultations sur fond de règlements de compte actuellement en cours, l’arrêt de toute immixtion de Madame le Garde des Sceaux dans les procédures judiciaires, notamment pénales. La réplique de Gbèdo s’est faite à travers une déclaration de presse de son cabinet. L’Unamab est revenue à la charge. Affirmant qu’elle est davantage galvanisée. La date du 20 juillet est passée sans qu’aucun décret ne soit retiré. Le syndicat des magistrats prévoit une assemblée générale dans les prochains jours.