Construction de l’hotel Peace and Love de Godomey : un autre deal de la coopération sino-béninoise

Venue au Bénin dans le seul cadre de la construction de l’échangeur de Godomey, l’entreprise chinoise China Railway Shisiju Group Corporation (Crssg) travaille actuellement sur le chantier de construction de l’hôtel Peace and Love de Godomey. 

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Tout en bénéficiant de certaines  faveurs qui lui avaient été accordées dans le cadre de la construction de l’échangeur. Constat.

Echangeur du carrefour Godomey ce mardi 03 juillet. Il est environ 13 heures 45. Nous sommes sous la bretelle menant de Ouidah à Cotonou.  Casque de couleur rouge sur la tête pour la plupart, des hommes se dirigent en petits groupes, ou parfois seuls, vers le chantier de construction de l’hôtel Peace and Love de Godomey. Juste après eux, un tracteur qui se dirige aussi vers le site. Arrivé sur le chantier, chacun se met au travail. Ces ouvriers, à pied comme en tracteur, quittent le terrain qui a servi de base à l’entreprise ayant construit l’échangeur de Godomey. C’est L’entreprise chinoise, dénommée la Sarl du 14ème Groupe des chemins de Fer de Chine, encore appelée China Railway Shisiju Group Corporation (Crssg). Vu de distance, sur la base se trouvent du sable, du gravier, des fers à béton, des poutres, et autres matériaux intervenant dans la construction de grandes infrastructures. Selon nos investigations, ce mouvement d’engins, d’ouvriers (béninois et chinois) de cette base vers le chantier de construction de l’hôtel « Peace and Love » a une seule explication. Des sources qui ont requis l’anonymat racontent que le promoteur de l’hôtel avait lancé un appel d’offres pour sélectionner une entreprise de Btp pour sa construction. Une entreprise locale aurait gagné cet appel d’offres. Mais cette dernière aurait tardé dans le démarrage des travaux. Le promoteur ayant menacé de lui retirer le chantier, cette entreprise locale aurait proposé comme solution une sous-traitance avec la Crssg.

Des faveurs pour un chantier public

Venue à Cotonou dans le cadre d’une coopération pour réaliser des travaux publics, la CRSSG avait-elle le droit de se trouver des marchés parallèles avec des privés ? Selon des sources proches du ministère béninois des Travaux publics, des titres de séjour ont été délivrés aux ouvriers et techniciens chinois pour la construction de l’échangeur de Godomey. Ils ne peuvent, par conséquent, pas en profiter pour se trouver d’autres chantiers parallèles avec des opérateurs privés comme c’est le cas de l’hôtel Peace and Love de Godomey. « Mieux, étant venu à Cotonou pour la réalisation d’une infrastructure publique, la CRSG a bénéficié de certains avantages. Lesquels ne lui auraient pas été accordés s’il s’agissait de la réalisation d’un ouvrage pour un prestataire privé. », précise sous anonymat notre source. Ces avantages sont mentionnés dans le contrat liant l’Etat à la CRSSG. Le contrat 1180 / MEF/MDCTTTATP-PR/DNMP/SP du 19 novembre 2008. Le document  est signé pour la partie chinoise du Directeur exécutif du projet, et pour la partie béninoise du Directeur général des travaux publics, de celui de la Caisse autonome d’amortissement et des ministres du Transport et des Finances. Ce contrat stipule en son article 4 que le Bénin doit « exonérer de droits de douane et de tous les impôts et taxes ; les équipements, matières, engins de chantier, pétrole, combustible nécessaire de la partie chinoise pour la construction » de l’échangeur. » Sont aussi exonérées « les nécessités de la vie, produits pharmaceutiques, articles de bureau, les matériels et équipements de travail des techniciens et ingénieurs chinois présents au Bénin, les ressources naturelles nécessaires aux travaux comme sable, pierre, gravier….» Il est même demandé à la partie béninoise de faire les formalités d’entrée et de sortie et les cartes de séjour des ingénieurs et techniciens chinois durant leur travail au Bénin et les formalités de laisser-passer de tous les véhicules du personnel chinois durant leur séjour au Bénin et exonérer de tous les frais de circulation au Bénin ; sauf les assurances automobiles, la vignette et le péage routier. En plus, la partie béninoise devrait se charger de  fournir le terrain destiné aux installations provisoires comme le terrain pour fabriquer les poutres, stocker les matériaux, parquer le matériel, et la résidence des employés et techniciens chinois puis « raccommoder provisoirement le site du projet en électricité, en eau et en ligne de télécommunication.» 

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L’argent du contribuable béninois

« Tous les frais qui incombent à la partie béninoise seront pris en charge par le budget d’investissement de l’Etat béninois », précise le contrat en son article 4, alinéas 1 et 9. Le terrain alloué donc par le gouvernement à l’entreprise chinoise pour les installations provisoires sert de lieu de stockage aux matériaux utilisés pour la construction de l’hôtel Peace and Love. En plus, les engins et équipements exonérés des droits de douane de tous les impôts et taxes sont utilisés pour le chantier de Peace and Love Godomey. « Pourtant, le dédouanement de ces engins et équipements devrait faire entrer des sommes importantes dans les caisses de l’Etat», fait remarquer une source proche du dossier. Il révèle que les équipements d’échafaudage qui ont servi à la construction de l’échangeur sont utilisés pour l’hôtel Peace and Love. La situation suscite plusieurs interrogations. Les autorités compétentes en la matière sont –elles informées ? Le promoteur de l’hôtel a-t-il des liens avec des barons du pouvoir ? Est-il lui-même conscient de la situation ? Nous avons essayé en vain de le joindre pour avoir sa version des faits. Son entourage nous apprend qu’il est hors du territoire national.

A suivre ! 

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