L’année scolaire tire ses toutes dernières bouffées de vie. Commencent les vacances. Elles dont synonymes d’écoles qui ferment, de salles de classes qui se vident, du temps libre à recycler utilement ou à ne savoir quoi en faire.
Routinières les activités traditionnelles qui meublent les vacances de nos élèves et étudiants. L’imagination est aux abonnés absents. L’innovation s’impatiente à la rubrique « Pour mémoire ».
Nous avons absolument besoin d’imaginer des vacances alternatives, des vacances de type nouveau. Mais le neuf n’adviendrait que si nous cessions de regarder par-dessus nos périmètres nationaux ou continentaux. Nous abritons des gisements de trésors sur lesquels nous sommes totalement aveugles. Le neuf n’adviendrait que si nous en finissions avec la routine, en cessant de ronronner ou de tourner en rond. Nous avons des hommes et des femmes capables de le faire. Nous avons des structures qui ne demandent qu’à être fonctionnelles pour ce faire. Il ne nous reste plus qu’à nous jeter à l’eau pour que cela soit fait et bien fait. Il n’y a pas de miracle. Nous sommes, nous-mêmes, les artisans de notre propre miracle.
Nos vacances, marquées du sceau de la routine, explorent trois types de territoires. Il y a d’abord les territoires de tous les dangers. Nos jeunes gens et nos jeunes filles en vacances opèrent des passages en force pour accéder aux buvettes, aux tripots, aux cybercafés. La débauche s’invite alors dans les petites chambres des petits hôtels ou sur les sites cochons de la pornographie via internet.
Il y a ensuite les territoires pas toujours studieux des cours de vacances. Le prétexte est inattaquable : mettre à contribution les vacances pour un renforcement des capacités en diverses disciplines scolaires. Qui contesterait ou qui critiquerait un si bel élan vers le savoir et la connaissance ? Mais les cours de vacances, outre qu’ils ne sont pas officiellement validés en leur forme et contenu, selon des normes académiques déterminées, tournent vite en un marché de dupes. Les organisateurs se font leur beurre. Les apprenants trouvent à s’évader et à s’aventurer vers les territoires dangereux.
Il y a, enfin, les territoires à assainir. Les colonies de vacances en sont un exemple. Elles auront besoin de se démocratiser pour être à la portée du plus grand nombre. Elles auront besoin de sortir de l’informel et de disposer d’un statut juridique (Qui fait quoi, à quelles conditions, sous la responsabilité de qui ?). Elles auront besoin d’intégrer un encadrement adéquat et spécialisé et de se dérouler selon un programme homologué.
Nous devons nous préparer à aller bien au-delà de l’existant. Nous devons conquérir de nouveaux territoires. Ce fut dans cet esprit que nous avons proposé, il y a quelques années, des vacances citoyennes pour des jeunes volontaires prêts à s’investir pour changer le visage de leurs communes. L’ambition pour de nouvelles vacances, des vacances alternatives demeure. Nous regardons dans trois directions pour que prenne corps et forme une telle ambition.
La première direction est celle de ce ministère dont l’exacte dénomination est « Ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs ». Question : le Bénin dispose-t-il d’une politique des loisirs connue des Béninois et dont les résultats peuvent être appréciés et évalués ? Qu’ils sortent de leur bulle bureaucratique tous ceux qui animent le volet « loisirs » de ce ministère. Ils sont sommés d’inventer des activités de loisirs qui meublent nos vacances et qui renouvellent celles-ci.
La deuxième direction est celle de nos spécialistes. Ils ont déserté les champs de la réflexion, de la recherche, de l’invention et de l’innovation. Nous pensons à ces psychologues, à ces pédagogues, à ces spécialistes en science de l’éducation, à ces animateurs et encadreurs spécialisés…Ils n’ont que trop rasé les murs et adopté un profil bas. Qu’ils sortent de leur silence et de leur cachette. Qu’ils apportent le poids de leur expérience à la conception, à l’organisation et à l’animation de vacances d’un type nouveau.
La troisième direction est celle des médias. Comment peuvent-ils, comment doivent-ils occuper utilement et sainement nos jeunes en vacances ? Si nos médias ne pouvaient pas proposer, dans cet esprit, des programmes appropriés et des émissions adaptées, autant déplorer leur amateurisme et fustiger leur dilettantisme. Un réveil immédiat et sans délai s’impose à tous. Point n’est besoin d’être en vacances, pour rêver de vacances de rêve. Avec l’espoir têtu de les vivre.