A l’issue d’une conférence-débat par le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques dont il est le président, le professeur Antoine Détchénou a proposé la réalisation d’un nouvel enrôlement en vue d’établir une liste valable pour les municipales de 2013.
Les 78 ans du professeur Antoine Détchénou ne l’empêche pas de continuer son combat pour la sauvegarde des acquis démocratiques. Surtout quand il s’agit de traiter de ce qu’il a qualifié de « la plus mauvaise opération et la plus vaste imposture électorale organisée dans ce pays.» Ce jeudi 19 juillet, c’est sous sa houlette que le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Fcsad), dont il est le président, a organisé une conférence-débat sur la question Lépi (Liste électorale permanente informatisée). Constitué il y a quelques mois, ce Front regroupe, des leaders politiques, des députés, des responsables syndicaux et des personnes ressources. Sa mission, barrer la route aux dérives du pouvoir et à la perte des valeurs. Le combat contre la révision opportuniste de la Constitution passée, Il s’investit dans celui de la correction de la Lépi. Ayant servi à l’organisation des élections présidentielles et législatives de mars/avril 2011, ce fichier électoral a des imperfections, reconnues par l’ensemble de la classe politique et l’opinion nationale. Ainsi, la Lépi devrait subir des corrections en vue de l’organisation des élections communales de l’an prochain. « Quelle liste électorale pour les municipales de 2013?» Tel est le thème autour duquel s’est tenue la conférence débat d’hier. Quatre temps forts ont marqué l’événement. La déclaration liminaire du professeur Détchénou, la communication de Moise Laleyé, enseignant à la Faculté de droit et de sciences politiques de l’Université d’Abomey-Calavi, sur le thème « La Lépi en question : pourquoi doit-on éviter l’impasse chaotique », les échanges, puis la lecture et l’amendement d’une pétition et d’une résolution.
Un autre enrôlement pour une liste valable
Pour les élections communales de 2013, Antoine Détchénou propose de « s’engager dans un autre enrôlement pour établir une liste valable.» « A terme, et dans un avenir immédiat qui s’inscrit dans les six prochains mois à venir, il faut inventer un nouveau système fondé sur une carte à l’exemple de la carte d’identité, une carte à puce utilisant toutes les techniques modernes qu’on peut retrouver dans les téléphones portable, les cartes bancaires(… ) Une carte dont la conception empêche toute fraude, tout doublon», a-t-il expliqué. Avant d’informer que le Front citoyen proposera bientôt « un projet complet de cette carte qui simplifierait tout notre système électoral en le rendant plus fiable et plus crédible.» Selon lui, le débat constaté, autour de la correction de la Lépi, il y a quelques semaines, s’enlise. Et la démarche initiale pour la correction du fichier électoral fondée sur une méthodologie faite de prudence et de sagesse. Conséquence, l’on va vers l’impasse, a analysé le professeur. Qui va plus loin dans la justification de sa proposition en citant un rapport du Pnud en date du 12 juillet dernier. « La révision d’un fichier électoral est une opération beaucoup plus complexe que l’établissement d’un nouveau fichier. L’opération de révision des données consiste à rechercher et corriger sur le terrain, puis à mettre à jour les informations existantes portant aussi bien sur les localités (libellés, codes), que sur les individus (mentions et caractères).» « En soulignant ainsi la complexité d’une éventuelle révision, le Pnud tacitement en souligne la vanité », a déduit le professeur Antoine Détchénou.
Le groupe de travail a bouclé les travaux
(Le rapport attendu sur la table de Nago) Les députés membres du groupe de travail mis en place pour corriger la liste électorale permanente informatisée (Lépi) a fini ses travaux dans la journée d’hier au palais des gouverneurs à Porto-Novo. Tous les députés de ce groupe de travail ont répondu présents aux travaux. Les dernières touches ont été mises et les fruits des travaux déposés, en attendant que le rapport final soit produit. Selon les informations recueillies des sources proches du Parlement, le rapport qui sera produit devra intégrer l’étude comparative de l’ancienne loi sur le Rena et la Lépi et la nouvelle proposition de loi sur le même objet déposée par certains députés pour étude. Dans les prochaines heures, les députés du groupe de travail vont produire un rapport relatif à une proposition de loi qui va prendre en compte les propositions des uns et des autres. Ce rapport sera déposé dans les jours à venir sur la table du président de l’Assemblée nationale. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les députés membres de ce groupe de travail ont pu harmoniser leurs points de vue pour trouver enfin une porte de sortie. On se rappelle que des signes de blocage avaient été remarqués au moment où le président du groupe l’Union fait la Nation (UN) a écrit à Nago pour contester la procédure ayant conduit à la désignation de Charlemagne Honfo (PRD) et Hélène Aholou-Kèkè au sein de ce groupe de travail. Mais après la reprise de l’élection de ces deux députés, rien n’avait changé et l’UN s’était finalement contenté de ce qui avait été retenu. Aujourd’hui les choses ont évolué et les parlementaires n’attendent que la mouture finale des travaux effectués. On se rappelle que le groupe de travail disposait de 21 jours pour déposer ses conclusions au Président de l’Assemblée nationale pour la réalisation d’une Lépi consensuelle.
Ismail Kèko
He Eric Houndété (député de l’Un) et sa «‘‘prophétie qui fera mal»’’
« L’obscurantisme autour de la Lépi ne date pas d’aujourd’hui. Lorsque nous avons dit qu’il y avait des villages fictifs, lorsqu’on a mis en place le groupe de travail avons décidé d’aller voir ce qui se passe au centre de traitement, ils ont tous fuit. Tout le monde a disparu du centre de traitement le jour où nous nous sommes déplacés. Ils savaient très bien ce qu’ils étaient en train de faire. Ils savent très bien que la Lépi n’existe pas. L’initiative que nous avons prise au parlement, ils ont fait semblant de dire «nous sommes prêts pour la correction de la Lépi». Mais c’est dans ce même chant d’oiseau que la mouvance s’est réunis pour sortir un document baptisé «Actualisation de la Lépi». Et ça veut dire ce que ça veut dire. Moi je ne suis pas naïf. Je crois profondément qu’il n’y aura aucune correction d’une quelconque Lépi. Nous allons être conduits en bateau comme ce fut le cas dans le cadre de l’établissement de la Liste. Au dernier moment, on dira «tous ceux qui ne s’étaient pas inscrits, on a ouvert un liste, il faut qu’ils viennent s’inscrire. Et chacun fera ce qu’il veut. Ceux qui sont les nouveaux partenaires du pouvoir dans leur fief, vont couvrir des gens qui vont leur permettre d’écraser les autres. Je ne suis pas un prophète mais ça se passera comme ça.»
Antoine Détchénou et son «‘‘maintenant plus que jamais»’’
«Il faut commencer aujourd’hui même la mobilisation citoyenne pour ne pas subir passifs le coup monté par le pouvoir et qui nous a conduits au K.O. Notre peuple n’a pas dégénéré. Il a une histoire dont il vit et dont il se souvient, une histoire qui fait matrice de sa vie. Des politiciens l’ont dévoyé. Mais il est temps d’en finir avec les intrigues politiques malsaines, avec les solutions absurdes et partisanes, avec les débats tronqués, les choix et propositions irresponsables. Ce pays souffre du mensonge de ses dirigeants, du sommet du pouvoir aux exécutants corrompus et malpropres. Aujourd’hui les pérégrinations de la Lépi offrent à ce pays une chance unique de s’engager dans un véritable chemin de libération et de modernisation. Il s’agit de repenser tout le système électoral pour le rendre plus fonctionnel, plus fiable, et surtout plus économique. Oui, c’est vraiment l’heure du sursaut national, non pas des comédies jouées sur les champs de coton. Assez de vaudeville!»