Le cercle des Généraux de l’armée béninoise s’est agrandi depuis jeudi. Aux quatorze qu’il avait nommés, le Chef de l’Etat en a ajouté quatre autres. En six ans de pouvoir, Boni Yayi a nommé 18 Généraux.
Mieux que le président Kérékou qui en a nommé 9 en dix ans. Mais déjà 12 parmi eux sont déjà allés en retraite. Ce qui amène certains à affirmer que ces nominations ne visent qu’à promouvoir des hommes plutôt que l’armée et l’Etat.
Alors que le ministre des Travaux publics et des Transports annonce à l’Assemblée nationale un 1er Août très sobre à cause des difficultés financières actuelles, son Chef, le président Boni Yayi, par ailleurs ministre de la défense vient de grossir un peu les charges de l’Etat en nommant quatre nouveaux généraux pour l’armée béninoise. Il s’agit des généraux de brigade Chabi Bouko Mama Chabi, Etienne Adousso, Albert Gnangnon et Moumoni Zankaro. Ils devront s’ajouter aux généraux Robert Gbian, Biscotin Dègan, Oké Soumanou, Lafia Biokpo, Lègba Cocou Sèmègan, Dominique Ahouandjinou, Adam Taffa, Mathias Adjou Moumouni, Bakassiri Bio Ningui, Robert Sèwadé, Evariste Codjo Djinou, Emmanuel Akpona, Bienvenu Agbidinoukou et Abassi Allé tous nommés par Boni Yayi. A cela, il faut ajouter la promotion de deux généraux nommés par le président Mathieu Kérékou comme généraux de division. Il s’agit des généraux Mathieu Boni et Félix Hessou. Lors des promotions du jeudi dernier, Yayi a aussi promu Oké Soumanou général de division. Les grades lui ont été remis le samedi 30 juin, la veille de son départ officiel à la retraite. Et pour mieux lui permettre de bien bénéficier des avantages de cette promotion, le gouvernement l’a antidaté au 1er Avril 2012, la date à laquelle il a pris les commandements de l’armée en remplacement du général Mathieu Boni qui a pu commander l’armée pendant plus de 7ans. En prenant en compte les nominations au poste de général de division, Boni Yayi aura fait 21 nominations en 6 ans contre 9 pour Kérékou en 10 ans. Seulement des 18 généraux, il n’en reste que quatre en activité. Depuis le 1er Octobre 2012, ils ont commencé à aller en retraite un à un. Le problème c’est que le Chef de l’Etat n’a promu que ceux qui sont à quelques mois de leur retraite. C’est le cas aussi de l’actuel Chef de l’Etat major Emmanuel Akpona. Pour beaucoup, ces nominations sont faites juste pour contenter ces officiers que pour contribuer au développement et à la stabilité de l’armée dans la mesure où ces cadres promus ne servent plus l’armée pendant assez de temps avant d’aller à la retraite.
L’armée selon Yayi
Qu’est-ce qui pourrait pousser le président Boni Yayi à nommer autant de généraux? Depuis quelques mois, le Chef de l’Etat semble bien opter pour une opération de charme vis-à-vis de l’armée. Celle-ci l’a amené à prendre en charge lui-même le portefeuille de la défense. Cette modification donne l’impression que le président Yayi ne fait plus trop confiance aux responsables de l’armée. Et pour remédier à cela, il a décidé d’en assumer les prérogatives. Mais les vraies intentions du président Boni Yayi ne peuvent être réduites aussi simplement. Le Chef de l’Etat semble être bien être dans une autre logique. En effet, lors de la dernière élection présidentielle, le vote dans l’armée n’a pas été très favorablement à Boni Yayi. Il aurait ainsi compris qu’il fallait travailler pour regagner la confiance qui a perdu. Samedi au cours de la cérémonie de port de grade. Aux généraux promus, le Chef de l’Etat s’est félicité de leur professionnalisme qui leur permet d’être une armée de référence dans la sous-région. Il a cité parmi les cas de prouesse de l’armée l’opération commando qui a abouti au ramassage des intrants dans les magasins de l’homme d’affaire Patrice Talon. Si ce n’est que ça la référence dont Boni Yayi louange l’armée, il y a lieu de s’interroger sur les vraies intentions du président. Depuis qu’il a pris les rênes du ministère de la défense, les chars circulent nuitamment à Cotonou et affolent les Béninois. On y décèle une volonté bien curieuse d’utiliser l’armée pour des missions «politiques» et des basses besognes autres que la mission républicaine de la protection du territoire et de la sécurité. Alors que Kérékou a tout fait pour garder les militaires au camp, Yayi les envoie hors du camp, dans la vie publique et même politique. Le seul résultat attendu de ça est de gagner leur confiance et leur estime.
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