Voilà le nouveau « docteur ». Traumatisant et menaçant. Dans les champs de coton comme face aux généraux de l’armée vendredi dernier, le nouveau discours de Boni Yayi est plutôt dans la tendance d’accroître le désespoir et la psychose des populations.
Au lieu de rassurer l’armée mais aussi et surtout les civils, Boni Yayi a plutôt choisi de faire peur. Comme sur le dossier malien.
Comme c’est le cas lors des dernières cérémonies de port de grade de général, c’est au palais de la Marina, dans le salon d’honneur prévu pour les audiences que le Chef de l’Etat porte lui-même les grades de généraux aux nouveaux promus. Vendredi dernier, une cérémonie sobre et atypique, a réuni les hauts gradés de l’armée au salon d’honneur de la Marina. Les deux heureux du jour devraient recevoir leurs grades de généraux de brigade. Il s’agit de Moumouni Zankaro et de Etienne Adossou . Après la cérémonie, le président Boni Yayi s’est engagé dans un long speech dont le seul but est de préparer psychologiquement l’armée béninoise à une éventuelle intervention militaire au Mali. Après avoir louangé cette armée qui est une référence dans la sous région pour ses nombreuses prouesses réalisées sur les nombreux théâtres d’opération où elle est restée. Arguments à l’appui, il démontre toute l’importance d’une intervention militaire dans le nord Mali infesté de groupes terroristes et djihadistes financés par des organisations faîtières comme Al Qaïda ou même des puissances étrangères. Mais à ce niveau le Chef de l’Etat a donné une information assez sensible dont la gestion demande plus de tact et de recul qu’une annonce devant caméras et micros. En effet, ce jour, le Chef de l’Etat a déclaré que selon des informations qui leur sont parvenues, « des individus venus du Pakistan et d’autres pays seraient venus dans la sous région où ils procèdent au recrutements de Béninois, de Togolais, de Burkinabè, de nigériens qu’ils formeraient au djihad et au terrorisme. Selon ces déclarations d’une extrême gravité, ces individus seraient formés pour poser des bombes et des mines dans ces pays respectifs une fois revenus au bercail ».
Si cette information était vraie, elle pouvait être gérée autrement, loin des rififis médiatiques. Si on comprend l’attitude du Chef de l’Etat qui voulait montrer l’urgence de cette intervention militaire, il n’en demeure pas moins que ce discours risque d’entamer le moral des soldats à envoyer au front. L’effet boumerang du discours peut bien être préjudiciable à la réussite d’une telle opération contre des gens formés au terrorisme. Plus grave, elles jettent la psychose sur les populations civiles qui se sentent ainsi abandonnées à la merci de ces terroristes et bientôt à la merci des bombes ou des mines que ces terroristes veulent poser. En plus de la crise économique, les populations devront vivre dans la peur des attentats imminents. Sur ce tableau, Yayi a joué à faire trop peur aux citoyens de la sous région.