Parole du chrétien catholique engagé

Rideau sur les assises catholiques. Les chrétiens catholiques du Bénin bouclent plusieurs semaines d’intenses recherches et échanges par une riche moisson d’idées et de propositions sur ce que doit être « l’engagement du chrétien dans la cité ». 

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Dans un pays comme le nôtre, à l’image, du reste, de tous les pays du monde, on fait, chaque jour, l’expérience d’un télescopage continu entre le bien et le mal, entre la vertu et le vice. Dans un tel contexte où se situe-t-il le chrétien catholique ? Quel modèle de citoyen projette-t-il ? Quelles valeurs s’engage-t-il à défendre et à illustrer ?
S’affiche ainsi la problématique de ces Assises. Une problématique qui disqualifie d’emblée et au départ le chrétien catholique comme un simple spectateur. Le spectateur, et pour prendre un exemple, c’est celui-là qui choisit de suivre, depuis les gradins d’un stade, un match de football. Il est loin de l’aire du jeu. Il ne prend pas une part significative au jeu. Se trouve aussi disqualifié le chrétien catholique dans le rôle d’un simple arbitre. L’arbitre, c’est ce personnage hors du jeu, mais concerné par le déroulement du jeu. Il siffle les fautes des autres. Il  distribue les cartons jaunes et rouges aux autres.
Ni spectateur, ni arbitre, le chrétien veut être un acteur plein, pleinement dans le jeu, conscient des enjeux. Il veut mouiller le maillot, dans l’intelligence d’une stratégie d’action qu’il partage avec ses coéquipiers. Il veut marquer des buts. Il veut gagner, faire gagner le Bénin. Il veut être partout « La lumière du monde », « Le sel de la terre », « Le ferment dans la pâte ».
Le père Efoé-Julien Penoukou, l’Aumônier  national des cadres et personnalités politiques, dans sa conférence inaugurale, nous a semblé avoir dégagé le fin mot de ces Assises, ceci, au détour d’une phrase : (Citation) : « Nous sommes à un rendez-vous de la vérité. (…) Il ne devrait pas avoir de place pour le mensonge en politique ». (Fin de citation). Comment avons-nous compris ces mots ?
La politique, à tenir pour la construction de la cité, est vouée à l’échec si elle n’était pas prioritairement tournée vers la vérité. S’ordonne ainsi et de ce fait comme le credo du chrétien catholique engagé, le service de la vérité. Et si la vérité est une, ses champs d’application et d’illustration sont pluriels. Il s’agit de tous espaces où est appelé à se manifester, à s’exercer et à s’illustrer l’engagement du chrétien catholique.
Un premier champ est celui que délimite, par exemple, le contrat global qui lie les dirigeants d’un pays à leur peuple. Les acteurs ainsi impliqués sont tenus d’être vrais. Vrais dans leurs capacités à servir. Vrais dans leur vision et expression du service. Vrais dans la définition des modalités du service (le fonctionnement des institutions, l’organisation des élections, la proclamation des résultats,  le respect de l’Etat droit, le respect de la parole donnée, etc..). Cette exigence de vérité oblige le chrétien et nourrit de sens et de signification son engagement dans la cité.
Un deuxième champ, pour illustrer notre propos, est celui de la justice sociale. Quand on en vient à subordonner l’intérêt général aux intérêts égoïstes d’une poignée de nantis gourmands, le chrétien catholique engagé dans la construction de la cité est interpellé. Au-delà de la sainte exaspération face à cette situation intolérable, que doit-il faire concrètement, sur le terrain de l’action ? Comment doit-il aider à faire projeter la lumière de la vérité sur les forces de la nuit ? Quelles actions correctives pour redonner un visage plus humain à une société balafrée par des justices inacceptables ? 
Terminons par ce troisième champ, celui de la vérité de Dieu, du Dieu unique, contre toutes les vérités partielles de tous les demi-dieux. Et la cité bruit de tant de nouvelles qu’on tente de rendre bonnes pour des paumés de la foi qui ne savent plus à quel saint se vouer. La vérité de Dieu réfère à une loi primordiale. Celle inscrite au plus profond de nos consciences individuelles et collectives. Cette loi proclame l’omniprésence du sacré. Le caractère sacré de ce que nous n’avons pas crée, la nature. Le caractère sacré de la vie, un don de Dieu. Le chrétien engagé est, ici, dans le champ des principes et des valeurs, de la morale et de l’éthique. Pourquoi la multiplication, au niveau des banques, des chèques sans provision ? Respecte-on encore sa propre signature ? Pourquoi renie-t-on de plus en plus ce sur quoi on s’est engagé ferme pourtant la veille ? La parole ne s’est-elle pas désacralisée ? Voilà des questions qui ne devraient plus laisser dormir du sommeil du juste aucun chrétien catholique engagé dans la construction de la cité. En somme, commence pour nous tous, la veille citoyenne permanente sous le regard de Dieu.

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