L’Union fait la nation(Un) se vide de ses meilleurs éléments depuis des mois. Depuis la dernière élection présidentielle, les membres fondateurs abandonnent un à un le navire Un et rejoignent la majorité présidentielle.
Une attitude bien curieuse qui tue l’espoir suscité naguère au sein des militants et des sympathisants.
Elle est bien surprenante l’histoire des membres fondateurs de l’Un. A peine ont-ils posé la pierre d’angle et bâti la fondation qu’ils ont commencé à abandonner l’édifice à la merci de toutes les intempéries. Un peu avant l’élection présidentielle, la flamme de l’Un brulait partout. « Cette faveur notée était due à la grande abnégation des membres fondateurs de l’Un qui ont réussi à drainer l’engouement des militants et des sympathisants grâce à leur discours fédérateur », confie un député du groupe. Les nombreux périples des leaders de l’Un ont fini par convaincre les uns et les autres sur l’opportunité de ce regroupement politique et l’importance de l’union dans l’édification d’une nation moderne et d’un développement harmonieux. « Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise », péroraient-ils à longueur de meeting et de journée. La création de cette organisation politique a également permis de réaliser un exploit politique inouï. Pour la première fois depuis 1990, la création de l’Un a permis de sceller l’union des leaders politiques qui ont passé des lustres à se combattre entre eux. Le 12 mars 2008, pour la première fois dans l’histoire politique du Bénin, des leaders comme Nicéphore Soglo, Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji qui se vouaient jadis une haine inextinguible se sont retrouvés ensemble au Palais des sports du stade de l’amitié pour jeter une organisation politique future. L’image a fait un effet boule de neige dans le pays et dans le monde. Au fil des jours et des mois, le groupe a gagné en assurance. Les rencontres, les meetings se sont multipliés avec la même certitude que ces leaders sont désormais ensemble pour toujours. Cette image de l’entente retrouvée des grands leaders politiques a fini par convaincre les leaders qui hésitaient encore à rejoindre le navire Un. Plusieurs mois avant l’élection présidentielle, des formations politiques et même des personnalités politiques insoupçonnables- c’est le cas de Armand Zinzindohoué- tapaient à la porte de l’Un. Chaque jour, le petit écran montre le président de l’Un Bruno Amoussou accueillir au siège de la coalition, vêtu de ses boubous de Bazin bien amidonné, les nouveaux venus. On l’entendait rappeler souvent l’importance de l’union dans la construction d’un Etat stable. Jamais on ne pouvait imaginer que quelques mois après, les bâtisseurs allaient devenir les fossoyeurs.
La défaite et patatras…
Il a suffi de la défaite, pourtant prévisible à l’élection controversée du 13 mars, pour voir les leaders sauter un à un du navire Un. On a vu les leaders afficher leur dépit avant de s’éloigner de cette union qu’ils ont passé des mois à bâtir la fondation. Le premier à quitter l’Un pour rejoindre Boni Yayi est la Rb. Le 18 juin 2011, quelques mois après l’élection présidentielle, on voit Leady Soglo débarqué au palais de la Marina, flanqué d’un quarteron de membres de son bureau politique. A la sortie de l’audience que le président leur a accordée, le président de la Rb proclame sa nouvelle profession de foi politique : « la Rb sera un partenaire fidèle, loyal et exigent » du président Yayi. Cette déclaration mettait ainsi fin à des mois de rumeurs et de soupçons sur la Rb. On se rappelle que bien avant l’élection, à une période chaude où la contestation anti-Lépi battait son plein, des rumeurs du genre avaient ébranlé l’Un, distillant partout que Lehady Soglo ne jouait pas franc-jeu avec l’union. Il avait fini par démentir ses soupçons, au siège du parti en disant que « la Rb ne sera jamais le fossoyeur de l’union ». Quelques mois après, il fera tout le contraire. L’acte posé par ce parti très influent au sein de l’union a montré la voix à d’autres qui ruminaient mal la défaite. C’est le cas des députés Cyriaque Domingo et Edmond Agoua qui ont fait allégeance au président Boni Yayi après avoir bénéficié de la couverture de l’Un pour se faire élire député. Mais le comble depuis quelques mois c’est les tergiversions et les simagrées du Prd qui a fini par lâcher l’union de façon discrête. En moins d’un an, l’Un a perdu tout ses meilleurs bâtisseurs et se transforment en un véritable tigre en papier, incapable d’assumer son rôle de parti d’opposition face à un pouvoir qui va de dérive en dérives. Qui reste-il aujourd’hui à l’Un ? Rien que de partis affaiblis et dépeuplés par des échecs répétés et des leaders qui cherchent désespéramment un destin politique sur le dos du peuple.