Toute rentrée scolaire veut aussi dire rentrée littéraire. Sorti au début de ce mois de septembre, Afrik.com a lu pour vous le livre L’ennemi du Noir c’est le Noir, l’ennemi de l’Afrique c’est l’Africain, fraichement paru en France aux éditions Edilivre dans la collection Tremplin, c’est le premier ouvrage de Ketsia Béatrice Bouanga Safou.
Etudiante en systèmes et réseaux informatique à Paris, Ketsia Béatrice Bouanga Safou vient de faire ses premiers pas dans le monde du livre avec L’ennemi du noir c’est le noir, l’ennemi de l’Afrique c’est l’Africain, recueil de pensées en forme d’essai, dénonçant la discrimination des Noirs entre eux et évoquant par ailleurs une certaine mentalité africaine qui, selon elle, nuit à l’évolution du continent noir. Un recueil sans concession pour cette jeune Congolaise, née à Brazzaville il y a tout juste vingt ans et qui grandira à Pointe Noire, élevée tout d’abord par son grand-père dans le quartier de Mpita puis par sa grand-mère et sa tante à Mouyondzi. « De cette enfance, j’ai gardé en mémoire les instants magiques de la Foire de Pointe Noire, gardé encore le souvenir d’un seul et même lit partagé avec mes cousines, et garderai toujours cet amour profond pour ma grand-mère, Marianne, aujourd’hui âgée de cent-deux ans, véritable Dieu à mes yeux ». Passée par l’école primaire La Source dans le quartier OCH et par le collège à Fernand Nathan du côté de Tié-Tié, Ketsia n’a que quatorze ans lorsqu’elle laisse derrière elle sa patrie le Congo pour rejoindre en France ses parents qu’elle n’a pas vu depuis cinq longues années !
« Je n’étais qu’une blédarde »
« Je me suis sentie totalement déracinée, découvrant une autre culture, une autre politique et une mentalité très différente de l’Afrique. Je m’étonnais par exemple de savoir que l’on plaçait les personnes âgées en maison de retraite. Une maison de retraite ? Je ne savais pas ce que c’était ! Comment simplement pouvoir l’imaginer lorsqu’en Afrique nous prenons soin de nos "vieux" que l’on garde précieusement à la maison. Oui, c’était pour mon jeune âge un véritable autre monde, allant jusqu’à avoir peur des fermetures automatiques des portes dans le métro parisien persuadée que j’allais être coupée en deux. Alors, forcément, pour les autres Noirs, je n’étais qu’une blédarde ! J’ai vécu ces paroles blessantes comme une forme de discrimination et de ma révolte intérieure est né alors ce besoin – presque une obligation – d’écrire ».
« Un cri du cœur de 40 pages »
Aimant à souligner les proverbes, Ketsia, si elle ne sait pas où elle va, "noircit" donc les pages blanches pour écrire d’où elle vient. « Non. L’ennemi du Noir c’est le Noir n’est pas mon premier livre mais, comme je ne m’imaginais pas écrivain, je n’avais jamais cherché avant cela à être publiée. Il me restait pourtant cette révolte dans le ventre, ce goût amer sur une certaine mentalité africaine qui freine donc à mon sens son évolution, qu’elle soit morale, économique ou encore technologique. J’ai donc adressé mon manuscrit à une cinquantaine d’éditeurs sans jamais me décourager devant les murs dressés sur ma route, pour au final connaitre la joie de voir mon manuscrit retenu chez Edilivre. Car, quand bien même mes pensées sont autant de gouttes d’eau dans l’océan, j’aimerai tant que la République du Congo et toute l’Afrique avec elle, puisse enfin se tourner vers les richesses qui lui appartiennent pour résoudre ses propres maux ». Pour ce cri du cœur résumé en seulement quarante pages, nul manque d’inspiration, l’écrivain délivrant à ses yeux l’essentiel du message qu’elle souhaite faire passer et citant pour s’en justifier s’il le fallait cet autre proverbe : « Comme un seul mot peut tout signifier ! Comme mille paroles peuvent être insensées ! ».
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