GUINEE : « Si j’avais été là il y a 54 ans » !

Ce mardi 2 octobre 2012, la République de Guinée célébrait les cinquante-quatre (54) ans de son indépendance ; occasion pour tout analyste et tout citoyen de faire le bilan de la gestion des affaires du pays pendant cette période.

Publicité

Sans être guinéen, nous nous sommes attelés à cette tâche édificatrice, en titrant avec les regrets d’un ancien décideur guinéen : « Si j’avais été là en 1958, les choses se seraient passées autrement » !

L’indépendance d’un pays ne se décrète pas ; elle se proclame et se vit au quotidien par notre capacité à gérer le pays nouvellement indépendant. Cette affirmation, sous forme de sentence, juste pour nous interpeller et nous démontrer que, malgré la formidable dynamique d’autodétermination des peuples africains qu’il a soulevée, Sékou Touré a échoué dans la gestion de cette indépendance chèrement acquise, au prix d’une grande rancœur avec la puissance colonisatrice. C’était en 1958, le 2 octobre.

Oui, malgré la grande aura de « pionnier du panafricanisme » qui entoure le grand leader guinéen Sékou Touré, au même titre que son homologue ghanéen, Kwamé Nkrumah, vous conviendrez avec nous que l’analyste ne saurait laisser passer cette date anniversaire sans s’adonner à un exercice inévitable, faire le bilan du temps passé pour mieux gérer le futur.

Oui, malgré le grand espoir que le « guide » (un autre dénominatif de Sékou Touré) a suscité au sein de tout un peuple meurtri et désolé, en disant non à la France, non au Général De Gaulle, non à la Communauté Française entre la métropole et les peuples d’outremer, les années de sa gestion n’ont pas réellement satisfait toutes les attentes ; et nous pouvons dire qu’elles étaient nombreuses, les attentes du peuple guinéen : du pain, de la liberté, de l’espérance, du bonheur, et surtout de la démocratie avec le respect des droits de l’homme, son corollaire.

Publicité

Parlons-en, de la gestion de la Guinée sous Sékou Touré. Sans vouloir déterrer de vieilles frustrations, ce n’est nullement notre intention, il y a néanmoins lieu de dire que la Guinée indépendante a vraiment été mal gérée par le guide qui n’était plus à la hauteur de la tâche annoncée par lui-même : « édifier un Etat moderne, démocratique et où le bien-être de tous est assuré » !

Mais, qu’est-ce qui constitue cet échec, qu’est-ce qui y a contribué. Loin de vous faire une litanie des méfaits du régime Sékou Touré, des nombreuses atteintes aux droits de l’homme, des emprisonnements sans procès d’opposants déclarés, lorsqu’ils ne sont pas tout bonnement « exilés », de la corruption généralisée au sommet de l’appareil étatique, nous pouvons affirmer, encore sous forme de sentence, que le développement de la Guinée était possible et que les Guinéens n’ont pas pu s’ancrer dans le progrès socio-économique, empêtrés qu’ils étaient à gérer la politique et les relations internationales.

Sékou Touré a longtemps fait croire (c’est une analyse qui tient) que la Guinée était « persécutée » par la France, pour lui avoir dit non ! Et nous disons non, à notre tour.

Les relations entre Etats souverains ne se conduisent pas à l’humeur, car elles sont plutôt caractérisées par les intérêts réciproques dans un monde globalement interdépendant où chaque Etat a besoin de l’autre, d’une manière ou d’une autre. Alors, qu’on ne nous dise pas que c’est à cause de la rancune de la France, qu’elle a fermé toutes les portes à la Guinée, empêchant son progrès et son développement. Pourquoi ne nous questionnons-nous pas plutôt sur les choix idéologiques du « maître de la Guinée indépendante » : socialisme populaire, autoritarisme…

La Guinée s’est trop longtemps cachée derrière sa particularité historique (le non à la France), pour justifier son état de sous-développement. Il s’agit désormais pour tous les Guinéens de se donner la main pour construire ensemble une Guinée apaisée, réellement démocratique, car ce sont les deux principaux inputs, la paix et la démocratie, qui garantissent un développement durable.

En définitive, nous n’aurons qu’un seul appel à lancer à nos frères et amis guinéens : « Unissez-vous pour sortir de cette malédiction du non qui semble peser sur la Guinée depuis 54 ans… Avancez maintenant » !

Par Rock YEYE,
Diplomate et Analyste de formation, Consultant et Communicateur de métier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité