L’Afrique est la jeunesse du monde

« L’Afrique est la jeunesse du monde». C’est ce qu’a déclaré  François Hollande le vendredi 12 octobre 2012 à la tribune du Parlement sénégalais. Il foulait pour la première fois, en tant que Président de la République française, le sol africain.

Une première visite en Afrique hautement symbolique. Avec en contrepoint, dans tous les esprits, les déclarations de son prédécesseur

On se souvient, en effet, que Nicolas Sarkozy, dans la même capitale sénégalaise, il y a cinq ans, lançait à la face du monde, avec perte et fracas, que «L’homme noir n’est pas rentré dans l’histoire de l’humanité…». Suite à quoi, François Hollande était attendu à l’escale de Dakar. Reconduira-t-il l’injure de son prédécesseur ? Se démarquera-t-il de ce dernier? Quelle vision de l’Afrique et des Africains?

On connaît la suite. Personne ne s’est évertué à faire la leçon à l’autre. Personne n’a voulu se figer dans la posture hautaine de la statue du Commandeur. Personne ne s’est laissé aller à jouer les modèles de vertu, incarnant des valeurs supposées supérieures. Du message de François Hollande à Dakar nous retenons : «L’Afrique est la jeunesse du monde».

Cela peut paraître bizarre d’attendre des promesses de jeunesse du «Berceau de l’humanité», du continent témoin des premiers balbutiements des tous premiers hominiens, aux toutes premières aurores de l’humanité. Comme si tout d’un coup, tout devait se renverser, tout devait s’inverser. Nous rétrograderions du présent vers le passé. Les cours d’eau retourneraient à leurs sources. Un beau désordre.

C’est sûr : ce ne sont pas d’aussi sombres perspectives que le Chef de l’Etat français projette pour notre continent quand il dit que l’Afrique est la jeunesse du monde. Bien au contraire,  François Hollande met l’accent sur les immenses potentialités de l’Afrique dans leurs dimensions matérielles et humaines. L’Afrique, de ce point de vue, a des chances d’être une chance pour elle-même, une chance pour l’équilibre du reste du monde.

L’Afrique affiche, en effet, un potentiel humain sans pareil. Elle abrite plus d’un milliard d’âmes. S’il est vrai qu’il n’y a de développement que d’hommes, l’Afrique peut compter sur l’immense armée des cerveaux et des bras qu’elle a capacité à mobiliser sur ses différents chantiers d’avenir. Un aussi formidable atout se double d’un autre : l’Afrique a l’une des populations les plus jeunes au monde. La jeunesse, c’est un réservoir de rêves, de créativité et d’inventivité. La jeunesse, c’est un concentré de force et de dynamisme. La jeunesse, c’est une source d’inspiration pour habiller la vie des couleurs chatoyantes de la joie de vivre.

Un continent qui dispose d’un atout aussi précieux ne peut se coucher sur ses misères et se réveiller sur ses frustrations, rongé par l’idée que ses fils et ses filles seraient l’objet d’une damnation divine. Dieu le Miséricordieux, l’infiniment bon et juste, ne saurait, du reste, maudire l’une quelconque de ses créatures. Si l’avenir appartient, comme dit le proverbe, à ceux qui se lèvent tôt, il est temps que l’Afrique se lève et lève les yeux sur les immenses ressources dont la nature l’a généreusement doté.

L’Afrique, c’est l’infinie diversité de sa végétation : quel contraste entre la forêt dense équatoriale et la forêt claire, la steppe à épineux, le désert et ses oasis. L’Afrique, c’est un réseau impressionnant de grands fleuves comptant parmi les plus importants au monde : le Nil (6671 km), le Congo (4 640 km), sans oublier le Niger (4 200 km) ou la Zambèze (2660 km). Ces fleuves ont un potentiel hydroélectrique qu’on n’a pas fini d’évaluer. Que dire du soleil, source inépuisable d’énergie renouvelable.

A côté des terres qui s’étendent à l’infini, la plupart attendant d’être mises en valeur, le sous-sol africain est un vrai refuge de trésors à peine exploités : argent, cobalt, cuivre, étain, fer, manganèse, or, platine, plomb, uranium, bauxite, phosphates, charbon, gaz, pétrole, diamants etc.

La jeunesse de l’Afrique dont parle François Hollande ne peut être que l’expression de l’espoir. Espoir en l’avenir brillant et heureux d’un continent longtemps à la peine, mais qui a tout pour mériter d’être, désormais, à l’honneur. L’Afrique était au commencement comme berceau de l’humanité. L’Afrique doit rester terre de refuge des hautes valeurs de l’humanité. C’est sa vocation. C’est son destin.