Décision de répression des parents des enfants déscolarisés : les insuffisances d’une initiative louable

Au cours de sa tournée dans certaines écoles ce  lundi 1er Aout, le Président Boni Yayi a annoncé la répression des parents des enfants déscolarisés. Si l’initiative semble bonne, sa mise en œuvre fait débat.

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« Quand on va rencontrer un  enfant en âge d’aller à l’école – et  qui n’y va pas-  dans la rue, on va saisir le procureur. Et, ses parents vont en répondre devant les juridictions ». C’est le signal fort donné par le président de la République lors de sa sortie le lundi dernier dans certaines écoles de Cotonou pour  constater de visu l’effectivité de la rentrée scolaire 2012-2013. Cette annonce, combien salutaire,  vise sans doute l’atteinte de l’objectif 5  des Objectifs du Millénaire pour le Développement (Omd) qui veut voir tous les enfants à l’école, ne serait-ce que pour l’éducation de base à l’horizon 2015. Cependant, il nécessite de voir de près, la faisabilité de la chose.  Du changement à la dictature du développement en passant par la Refondation, le régime Yayi a toujours mis un accent particulier sur l’éducation. Ce qui justifie l’entreprise de la fameuse gratuité de l’école décrétée, à grand renfort médiatique,  au lendemain de la première investiture de l’homme du K.-O. à la magistrature suprême.  Mais quelques années plus tard, cette mesure a montré ses limites. Les subventions de l’Etat aux écoles sont irrégulières et viennent souvent en retard. Ce qui rend la tache difficile aux directeurs d’écoles. A cela, s’ajoute le manque d’enseignants qualifiés. C’est dans cette atmosphère, où l’école béninoise agonise et les enseignants attendent désespérément la satisfaction de leurs revendications, que le président de la République a annoncé,  dans un cadre peu formel où  le seul témoin ‘’crédible’’ reste la caméra de la chaîne nationale, une initiative d’une si grande envergure,  comme ce fut le cas de l’annonce  du  transfert des écoles aux maires dans les champs du coton. Mais la véritable préoccupation est ailleurs. Pour la majorité de la population, on est conscient de la nécessité, sinon l’obligation d’assurer l’éducation de base à son enfant. Mais la réalité est là : la pauvreté. Et la gratuité de l’enseignement décrétée par le gouvernement n’a pas fait disparaitre toutes les dépenses que nécessite la scolarisation d’un enfant. A cela, s’ajoute  la faiblesse de la juridiction en la matière. Certes, la constitution fait obligation de l’éducation de base  à tous les enfants sous la responsabilité de leurs parents, mais l’application de cette décision mérite d’être soutenue  par de nouveaux textes qui précisent les peines et leurs modalités d’application. Aussi,  faudra-t-il  régler l’épineuse  question d’analphabétisme  des populations pour leur apprendre le bien-fondé de l’instruction de leurs progénitures. Le président Boni Yayi aurait convaincu, s’il s’assurait de l’existence de ces mesures avant d’annoncer ‘’ sa bonne nouvelle’’.

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