MALI : La position discrète de l’ONU sur une « possible intervention militaire »

Dans nos précédentes chroniques, nous avons promis de vous apporter un certain « éclairage » sur la « position discrète » de l’ONU quant à la question d’une probable intervention militaire au Mali. Alors, voici ! Que pense l’Organisation des Nations-Unies de la possibilité d’une guerre pour libérer le territoire malien ?

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Comment pense-t-elle organiser cette intervention ?
Comme vous avez pu le lire précédemment, toute intervention militaire d’une coalition internationale doit,, pour être légitime, satisfaire à une condition cardinale qui est d’ordre juridique tout en étant politique : Il faut qu’un instrument international (généralement une résolution du Conseil de Sécurité) autorise ladite intervention et encadre rigoureusement le déroulement pratique des opérations. Qui fera quoi ? Qui apportera quoi ? Qui commandera les opérations ? Quelle est la portée et l’étendue des pouvoirs d’intervention reconnus aux forces mobilisées ? Ce sont les quatre questions majeures auxquelles la résolution des Nations-Unies doit apporter des solutions idoines.

Donc, ce n’est pas une « simple autorisation d’aller guerroyer » que le Conseil de Sécurité donne à une éventuelle coalition internationale. L’instrument juridique de l’organe de maintien de la paix a pour objectifs principaux, de fixer les contours de l’intervention militaire (forces, commandement, mandat, etc.) et définir les modalités pratiques de déroulement des opérations sur le terrain. Il ne s’agit pas juste de « permettre à l’oncle Sam (Etats-Unis) d’aller tirer quelques bombes afin de tester ses capacités militaires et son armement » !

Or, depuis quelques années, l’ONU a connu plusieurs déboires successifs qui poussent l’organisation internationale à se montrer de plus en plus prudente concernant les interventions militaires tous azimuts. Ainsi, au-delà de toutes pressions de certaines puissances, on comprend mieux pourquoi l’ONU n’a encore autorisé aucune opération militaire internationale en Syrie !

Elle n’a même pas encore fini de se dépêtrer de ses deux immenses bourbiers, sous couverture des Etats-Unis et de leurs alliés de l’OTAN : l’échec retentissant de la guerre interminable en Irak, et le fiasco de l’intervention en Afghanistan contre les Talibans !

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Cependant, il convient de rappeler que toute autorisation de l’ONU est soumise à un consensus entre les grandes puissances mondiales détentrices du Droit de Véto au Conseil de Sécurité. Donc, les intérêts des « Cinq Grands » doivent être en convergence sur le dossier en débats. Si les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne et la France ne sont pas d’accord pour autoriser une intervention militaire, les autres membres du Conseil de Sécurité (qui sont pourtant majoritaires, rappelons-le) ne peuvent prendre aucune initiative : leurs demandes demeureront au stade de « vœux pieux », malgré la nécessité pertinente et l’urgence de l’intervention sollicitée.

Compte tenu de tous ces impératifs de consensus et des précédents échecs, l’ONU a décidé de se désengager de plus en plus de la question du règlement militaire des conflits mondiaux, en « passant la main » aux organisations régionales comme la CEDEAO ou l’OTAN.

Or, sur la Crise Malienne, l’ONU est ardemment sollicitée, ne serait-ce que pour apporter son soutien logistique à l’organisation ouest-africaine, tout en « couvrant » juridiquement les opérations, grâce à une résolution du Conseil de Sécurité.

C’est dans ce sens que le Premier Ministre malien, Modibo Diarra, a demandé formellement à l’organisation, devant la tribune du Conseil de Sécurité, ce 26 septembre 2012, de prendre une résolution pour autoriser l’intervention des troupes internationales dans son pays, en plaidant pour un règlement rapide de la Crise par des voies militaires, affirmant que « le temps des négociations est passé » !

Malgré, son brillant plaidoyer, nous avons bien peur que l’ONU fasse la « sourde oreille » à la sollicitation en obligeant ainsi la CEDEAO à prendre ses responsabilités et à faire face seule à la Crise Malienne.

Votre chroniqueur pense que la position de l’ONU penche plutôt vers la seconde option : L’ONU veut obliger, par son « silence diplomatique », la CEDEAO à s’engager plus activement et plus formellement dans le règlement militaire des conflits dans sa région, sans attendre constamment son aide.

Il ne nous reste plus qu’à appeler notre organisation régionale à plus de responsabilité pour régler de manière autonome la Crise Malienne, car elle en a la possibilité juridique et la capacité militaire !

Par Rock YEYE,
Diplomate et Analyste de formation, Consultant et Communicateur de métier

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