Mort par noyade de 19 personnes à Ahouato : sur les traces d’un drame qui interpelle autorités et population riveraine

Hier, une équipe de reportage de la Nouvelle Tribune s’est rendue à Ahouato, à Abomey-Calavi, pour en savoir plus sur les tenants et aboutissants du drame qui y est survenu samedi dernier. Reportage. Samedi 15 décembre. Ahouato, un village de l’arrondissement de Ouèdo, dans la commune d’Abomey-Calavi, est en deuil. 

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Une barque transportant des populations de ce village pour Womey a chaviré sur le fleuve Héélou. Bilan : 19 morts dont plusieurs enfants. Les causes de ce drame, selon les premières informations, la surcharge.  La barque a une capacité de chargement de dix personnes. Ce samedi, le piroguier en a embarqué 27. Suite à l’information, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité nationale, Benoit Dègla, se rend sur les lieux du drame. Une réunion de crise avec les sages et autorités de la localité. Et les instructions sont fermes. Interdire tout transport par barque sur Héélou en attendant la réaction du gouvernement… En attendant cela, nous sommes allés sur les traces d’un drame qui montre comment précarité infrastructurelle et misère peuvent amener les populations à avoir, consciemment ou inconsciemment,  des comportements fatals.

14 h 50-17 h 23 : le périple…vers le chef !

Partis de Cotonou, de la Rédaction de La Nouvelle Tribune, à 14 h 50, nous arrivons à Ahouato, chez le chef du village, Dologuidi Nounagnon, à 16h 51 mn. De womey, où nous avons rejoint notre guide à Ahouato, il nous a fallu 40 minutes de conduite à moto.  La voie d’accès à Womey, puis à Ahouanto est une piste alambiquée, parsemée de nids de poules, de creux et dos d’âne, voilà Ahouato. Par cette voie, de Womè à Ahouato, il y a Zoketomey, Houéto, Tokan, Togba, Somé et Ouèdo. Dologuidi Nounagnon nous reçoit à la véranda de son appartement. Il s’apprête à sortir, mais accepte de revenir en tant que première autorité du village endeuillé sur le drame. Son récit : «  le village compte environ 9OO habitants. Et les populations quittent Ahouato pour Womey pour y mener leurs activités. Chaque jour, des commerçants, élèves, mécaniciens, maçons, menuisiers, quittent Ahouato pour se rendre de l’autre coté à Womé. Ils s’y rendent toujours en barque.» Et pour ce samedi, comment c’est arrivé, l’a-t-on questionné. Il soupire. Son visage s’assombrit.  Sa réponse : «  Ce qui est arrivé est arrivé. Si j’en parle qu’est-ce ça va changer. Les télévisions sont déjà venues ici et ont pris des images… » Nous insistons, et il se décide de continuer. « …ça s’est produit autour de  19 h, 19 h 30mn. Les gens revenaient de Womé pour le village. La barque était surchargée». « Les enquêtes sont en cours. Et tous les lieux d’embarcation ont été fermés, conformément aux instructions du ministre de l’Intérieur. » Les populations sont-elles obligées de prendre par ce fleuve avec les barques ? Il soupire. « Mais la distance qui sépare les deux rives n’est que de 500 mètres », fait savoir l’un de ses conseillers.  «En pirogue, le chef de village continue, le coût du transport est de 25 fcfa. Et en moins de 10 min vous êtes de l’autre coté. Mais en Zémidjan. C’est  au moins 800 fcfa.»  Sa doléance envers les autorités : « On demande au gouvernement de nous sauvé en construisant un pont sur l’eau.»

17 h 30 : enfin la baie du drame

Accompagnés de notre guide, nous prenons le départ pour la rive par laquelle les corps des victimes ont été sortis de l’eau.  Il est 17 h 30 mn. Un calme de cimetière y règne. On y a rencontré trois "vieux" du village. Ils sont aussi venus voir ce à quoi ressemble ce fleuve qui leur a arraché 19 des leurs. Pourtant, selon Adjikpé, d’habitude, à une heure pareille, c’est un endroit qui grouille de monde.  Mais avec ce drame et la fermeture des embarcations, c’est tout le contraire. A l’entrée de cet embarcadère, une pirogue renversée. (Voir photo). « C’est cette pirogue là qui a chaviré samedi dernier », nous apprend Adjikpé notre guide. En plus de cette pirogue, une autre est parquée vers le fleuve. A gauche de l’entrée de l’embarcadère, un appâtâme et des fagots de bois.  Ce site va-t-il retrouver son ambiance ? Les différentes personnes rencontrées s’en remettent à la suite des événements, le regard tourné vers les autorités gouvernementales, préfectorales et municipales.

Léonce Gamaï

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