Mort par noyade de 19 personnes à Ahouato : sur les traces d’un drame qui interpelle autorités et population riveraine

Les causes surnaturelles du drame

Il est des fois où le naturel et le surnaturel s’entrechoquent. C’est ce que révèle le témoignage de quelques sages du village d’Ahouato, lieu de survenance du naufrage qui a causé dix huit morts dans la nuit du samedi dernier. 

Au-delà de la simple réalité et de la banalité qui caractérise cet incident, le plus meurtrier de l’histoire d’Ahouato, arrondissement de Ouèdo où le drame est survenu, les sages de ce village y voient plutôt la manifestation de la colère des «dieux». Et c’est ce que pense Agbodjélou Dossa Nicolas, sage du village et ancien chef du quartier Ahouato. L’histoire remonte en effet aux temps des ancêtres qui ont coutume d’emprunter les pirogues de fabrication artisanale pour rallier l’autre bord de la rive où se situe le quartier Womey, zone de forte concentration économique qui abrite un marché très fréquenté dans la commune d’Abomey-Calavi. Là, ils ont la possibilité de faire toutes les transactions possibles et d’écouler les fruits de leurs récoltes. Selon l’ancien chef du village, le fleuve ‘’Héélou’’ (nom de la rivière en question) est sacré et nul ne le traverse n’importe comment. «La femme qui est en période de menstrues doit absolument s’abstenir de traverser le fleuve», a-t-il indiqué. Il précise par ailleurs que le cochon, qu’il soit vivant ou mort ne doit pas non plus être transporté sur l’eau. Mais hélas! Se désole t-il, «les jeunes ne veulent plus respecter les règles». Adjikpé Aviaglo, ancien chef du quartier Womey explique: «Ouèdo est un melting pot où séjournent des populations originaires de Ouidah, Agonli, Abomey, Dassa, Savalou et environs». Ainsi, pour lui, ces peuples n’ont aucune idée de la tradition de leur village d’accueil et la banalise, même s’ils en sont informés. Au point où la nouvelle génération des autochtones d’Ahouato suit les «mauvaises habitudes». «Ce qui s’est passé, n’est que la conséquence de la violation des us et coutumes du village», a-t-il conclu.

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Agbodjélou Dossa Nicolas, l’ancien chef du quartier Ahouato déplore par ailleurs la stratégie adoptée par les autorités. «Ils ne doivent pas bloquer la rivière. Je propose que le ministre prenne d’autres mesures de sécurité beaucoup plus souples. Car, presque tous les habitants du village prennent par le fleuve pour vaquer à leurs occupations».

Il convient de préciser que le samedi 15 décembre, date de survenance du drame, une cérémonie traditionnelle a été organisée au bord du fleuve par les sages du village «pour conjurer le mauvais sort et implorer la clémence des dieux».

Euloge Quenum

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