A l’issue de son assemblée générale de ce samedi 22 décembre, les avocats du barreau du Bénin ont élu à la tête du Conseil de leur ordre, Me Cyrille Djikui.
Succédant ainsi à Me Arthur Balley, cet avocat qui ne jure pour le droit, rien que le droit, est officiellement entré dans ses fonctions ce samedi.
« Nous avons formulé une demande de récusation du juge. Il devrait déporter le dossier mais il ne l’a pas fait. Nous avons soulevé alors une exception d’inconstitutionnalité. Il n’a pas donné de suite à cela. Nous nous déconstituons donc. Nous soupçonnons la partialité du juge ». C’est en ces termes que, s’adressant à la presse à l’issue de l’audience du procès Agbo du mercredi 12 décembre, Me Cyrille Djikui justifiait sa déconstitution et celle de plusieurs autres collègues dans le dossier. Il claquait ainsi la porte à un procès qualifié de « politique » par certains observateurs, et dans lequel « les droits du prévenu ne sont pas respectés ». Ce jour où il s’adressait aux journalistes l’on ne saurait s’imaginer que l’on s’adressait à l’un des candidats au poste de bâtonnier, sinon, au prochain bâtonnier du Conseil de l’ordre des avocats du Bénin.
C’est au terme de l’assemblée générale qui s’est tenue à Cotonou ce samedi 22 décembre 2012, que Me Cyrille Djikui, marié et père de 4 enfants, 15 ans d’exercice de la profession, a été élu nouveau bâtonnier de l’ordre des avocats du Bénin. Dès le premier tour du vote, il a été désigné par la majorité de ses collègues par 86 voix, contre 47 pour son concurrent immédiat, Me Gervais Houédété et Me Sévérin Quenum, 09 voix.
La quarantaine révolue, Me Cyrille Djikui, succède ainsi à Me Arthur Ballé qui a bouclé deux mandats consécutifs à la tête de la prestigieuse corporation des avocats du Bénin. Un Conseil qui a connu des noms célèbres comme François Amorin, Luiz Angelo, Robert Dossou, Alfred Pognon.
Made in Abomey-Calavi
Me Cyrille Djikui est un pur produit de la Faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi et de l’environnement juridique béninois. Son parcours en témoigne. Il en est fier. Il fait d’ailleurs partie, aux cotés de Me Charles Badou, Hervé Gbaguidi, Joseph Djogbénou, Zachari Sambaou, et bien d’autres, des jeunes loups du barreau du Bénin qui ont souvent damé le pion à de célèbres devanciers dans des dossiers sensibles.
Sorti de la Faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi en 1986 avec une maîtrise, option droit des affaires et carrières judiciaires, Me Cyrille Djikui a obtenu son Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa) en 1995. Il entre au Barreau du Bénin deux ans plus tard. Curieusement, en 1990, il avait déjà obtenu un diplôme de fin de formation en Magistrature (ENAII) après deux ans de formation à l’ENA, aujourd’hui Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM). Les gels de recrutement décrété par le gouvernement d’alors ne lui permettront pas d’entrer dans la profession. Il ne l’a plus exercée. Il entre au cabinet du regretté Me Sévérin Hounnou avant de réussir son Capa en 1995. Il prêtera serment comme avocat deux ans plus tard, en 1997.
Depuis 2005, il est le coordonnateur du programme de formation au Capa. Me Cyrielle Djikui est depuis 2004 membre du Conseil, puis président de la commission des lois et règlements au barreau du Bénin. Depuis 2002, il est cumulativement enseignant de voies d’exécution à la formation pour l’obtention du Capa, enseignant à la session de formation des avocats stagiaires du Centre de formation des avocats francophone (CIFAF).
Il a par ailleurs participé à l’élaboration de quelques outils du système juridique au Bénin. On peut citer l’élaboration du projet de code de procédure civile, commerciale, sociale et administrative, et le projet de loi du code de procédure pénale pour le compte de la commission des lois de l’Assemblée Nationale. Puis le projet de loi sur le barreau du Bénin pour le compte de la Commission nationale de codification du Bénin.
Le droit, rien que le droit
C’est vrai qu’il est fan des jeux collectifs, a une très grande capacité d’adaptation, d’intégration, de mobilité, d’écoute, de discussion, d’analyse et de travail en équipe. Mais il a la réputation d’un homme peu malléable et d’un « dur à cuire ». C’est à juste titre qu’il est qualifié « d’homme qui sait donner de la voix quand il le faut, même contre des doyens dans le métier, lorsqu’il est convaincu de son bon droit.»
Il a sans doute été influencé par son époque de formation, ce qu’on appelait alors l’«Ecole nouvelle» avec son cortège d’années blanches, pendant les années de braise du régime du Prpb. « Avocat apolitique », Cyrille Djikui est connu pour être une espèce de « fou » qui a horreur de se laisser manipuler. «Le droit, rien que le droit », tel semble être le credo du nouveau bâtonnier de l’ordre des avocats du Bénin. Qui est retourné à l’université en 2011 pour une formation de 3ème cycle en Droit Privé Fondamental.