Organisation des élections au Mali avant le 31 Juillet 2013 : les insuffisances d’une décision précipitée

A la conférence des donateurs, tenue hier mardi 29 Janvier à Addis-Abeba, le Président Dioncounda Traoré, a déclaré espérer convoquer les élections dans son pays avant le 31 Juillet 2013. Si cette annonce semble salutaire, elle parait plutôt précipitée.

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On ne peut pas encore crier victoire mais on peut déjà pousser un ouf de soulagement, au point de penser à l’après guerre malienne. C’est justement ce que le Président Dioncounda Traoré, président par intérim au Mali, a fait devant ses pairs africains ainsi que «certains généreux donateurs» de son pays. C’est à l’occasion de la conférence des donateurs au profit du Mali, qui s’est déroulée à Addis-Abeba dans la journée d’hier. « J’espère convoquer les élections au Mali avant le 31 Juillet 2013 », a-t-il déclaré, exprimant ainsi sa «détermination à organiser le plus rapidement possible, des élections propres, c’est-à-dire transparentes et crédibles». Même si cette annonce a de quoi réjouir plus d’un, elle suscite maintes interrogations. Et pour cause, la guerre au Mali ne vient que de commencer (à peine un mois depuis le début des hostilités) même si les autorités maliennes et françaises au front, affirment avoir libéré plusieurs villes importantes et localités maliennes des mains des islamistes. Pour se convaincre de la précipitation dans laquelle cette décision a été prise et annoncée, il faut repartir aux origines de la crise qui a débouché sur cette guerre contre le terrorisme. Il est évident que  le  Mali souffre, avant tout, d’une crise sociopolitique. Le coup d’Etat de mars 2012 en dit long. Ainsi, à la suite de ce putsch qui a dépossédé le Président Amani Toumani Touré (ATT) du pouvoir malien, le tissu politique est devenu très fragile, et même sur des questions d’intérêt national, les voix étaient de plus en plus divisées. Aussi, parler d’élections au Mali aujourd’hui, reviendrait-il à réorganiser, d’abord, le tissu politique malien afin que tous les acteurs puissent accorder leur violon sur l’essentiel. L’autre chose, c’est la sauvegarde des institutions maliennes qui sont actuellement fragiles, avec de graves problèmes de sécurité. Car, dans un passé très récent, on se rappelle encore que le Président Dioncounda Traoré a été «pris à partie» par des individus dans son bureau qui souhaitaient installer le capitaine Sanogo, chef des putschistes,  comme président. Outres les questions politiques et sécuritaires, l’on est en droit de se demander si le Mali a les moyens – matériels, financiers – et le temps nécessaire pour organiser des élections «propres, c’est-à-dire transparentes et crédibles», comme le réclame, le Président Dioncounda Traoré avant le 31 Juillet 2013. En tout cas, une chose est sûre, qui trop étreint,  embrasse toujours mal. Les nouveaux dirigeants maliens par intérim doivent alors résoudre, dans un premier temps, les nombreux maux de leur pays, la reconquête du territoire en priorité, avant de penser à recouvrer, dans un second temps, le  statut démocratique, l’orthodoxie institutionnelle, et la souveraineté reconnue au Mali, dans toute son intégrité territoriale, par la communauté internationale.

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