(Pourquoi les Africains tournent le dos à une solution africaine ?) Depuis le début de l’expédition de l’armée française contre les Djihadistes du nord Mali baptisée ‘‘opération serval’’, le sentiment dominant en Afrique et au Mali même est la joie.
Plus grave est l’idée largement répandue et soutenue sur les plateaux de radio et de télévision par les meilleurs commentateurs africains que la France est intervenue au bon moment et il n’y a pas de quoi en avoir honte , puisque de toutes les façons, aucun Etat africain n’a les moyens de la France pour venir à bout des Djihadistes. Aucune voix discordante , en dehors de celle de la Tunisie dont le ministre des Affaires étrangères a estimé hier que cette guerre pouvait être menée par les seuls Africains. A l’appui de cette thèse misérabiliste qui conforte les idéologies racistes sur le continent noir, on affirme que la lutte contre le terrorisme transfrontalier ne peut être l’affaire d’un seul pays .Et de citer le cas de l’Afghanistan et d’autres pays où c’est une coalition d’Etats qui mène la lutte. Mais personne ne dit pourquoi les Américains et toutes les forces coalisées de l’Otan et du monde entier ne sont pas venus à bout des Talibans afghans , plus de dix ans après le déclenchement de cette drôle de guerre sans combat. Les seuls combats étant ceux livrés pour déloger avec les fameux drones les poseurs de bombe qui sèment la désolation dans le camp des forces coalisées.
Aujourd’hui au Mali, c’est la France qui donne le tempo, pour ainsi dire et mène le bal de l’offensive contre les fondamentalistes qui occupent le nord Mali et les Africains donnent la fâcheuse impression d’être à sa remorque. Une énième réunion des chefs d’Etat major de la Cedeao dans la journée de mardi a reporté la décision à la journée d’hier mercredi, comme si le temps ne pressait pas. Il y a quelque chose d’humiliant pour nous autres Africains à voir une puissance occidentale, et de surcroît l’ancien colonisateur venir faire la guerre à notre place, comme au temps de la colonisation et décider de comment cette guerre va être menée. Imagine -t- on un pays comme le Vietnam, après l’historique victoire de Dien Bien Phu, demander aux Français de venir les sauver d’une invasion chinoise, coréenne ou japonaise ?.Ce qui gêne dans le drame malien c’est que l’épicentre de la décision de la guerre n’est pas à Bamako avec le président Dioncounda Traoré qui doit s’ennuyer ferme dans son palais, pendant que son homologue français cogite stratégie avec ses généraux à Paris. Parce que, en France, la « guerre « » contre les djihadistes maliens est d’abord une affaire franco-française gérée depuis l’Elysée. Une affaire traitée comme une question de politique intérieure. C’est la France puissance moyenne, avec un président au plus bas dans les sondages qui montre ses muscles à l’Afrique et au monde entier:ça peut faire gagner des points ! Le président Hollande est à la manœuvre quotidiennement, avec un mini conseil de guerre pudiquement baptisé « conseil de défense », pour définir la stratégie de l’armée française et les objectifs assignés aux combattants français. « L a France n’a pas vocation à rester au Mali » répète-t-il à l’envi .Mais pour le moment, son président fait de la guerre malienne sa guerre, comme si le Mali était une partie du territoire français. C’est ainsi qu’on comprend pourquoi Le premier ministre français, qui d’ordinaire s’occupe des affaires intérieures, laissant la diplomatie au président ,
a rencontré les différents responsables de parti représentés au parlement lesquels ont apporté leur soutien quasi unanime à l’action, avant de faire organiser un débat sans vote à l’Assemblée Nationale. Une simple formalité républicaine destinée à donner le blanc seing réclamé par le gouvernement pour la conduite de « sa guerre ».Très rapidement, le temps de passer la patate chaude aux Africains eux-mêmes, pour éviter l’enlisement. Tout se passe comme si le Mali n’était pas un pays souverain avec un gouvernement qui a sa politique de défense de son territoire. Au Mali comme partout ailleurs en Afrique, aucun débat n’est organisé autour de la question de la guerre anti-terroriste quant à la stratégie à suivre pour mettre hors d’état de nuire les Djihadistes. Ce sont les chefs d’Etat,à l’exception notable de quelques uns, qui ont décidé tout seuls d’envoyer des troupes, sans agenda ni objectif précis, pratiquement sur injonction de la France. Quelle honte !.
Au total, la guerre du Mali conforte l’image ancrée dans l’opinion internationale d’une Afrique toujours démunie , faible et qui ne peut rien faire sans les puissances occidentales. Or pour le Mali, la situation semble à portée de main et l’alternative à l’expédition française existe en Afrique et par les Africains eux-mêmes. Il y au nord du Mali, la grande Algérie dotée d’une armée puissante, à l’ouest , la Mauritanie dirigée par un putschiste repenti. Pourquoi l’Algérie pays méditerranéen mais aussi désertique avec une armée puissante qui a pu venir à bout des islamistes du FS(Front du Salut) ne peut pas prendre la tête de cette croisade anti Djihadiste dans le nord malien qui est à sa frontière sud dans le cadre de l’Union africaine ? Elle a l’avantage de connaître autant, sinon mieux que les Français la région concernée, d’identifier avec précision tous les protagonistes du drame malien. Au demeurant, l’Algérie est un pays africain qui a la légitimité d’avoir livré avec succès une guerre anticolonialiste contre la France et ne peut guère être soupçonnée de visée hégémonique. Si on ajoute à ces deux pays, la Lybie, le Maroc qu’on oublie souvent et les 16 pays de la Cedeao comprenant le géant Nigéria dont les généraux ont pu mener à terme des missions de l’Ecomog au Liberia et en Sierra Leone, nous avons là une puissance qui devrait pouvoir mettre en déroute ces Djihadistes d’un autre âge qui ne vivent que de rapines, de trafics divers et d’enlèvement s et qui n’ont d’autre projet de société que l’amputation des mains des voleurs et la destruction des monuments. Cette alternative a l’avantage de régler le problème des fondamentalistes musulmans à la racine, en Algérie et dans tous les pays du Maghreb mais aussi au Mali et au Nigeria. Au lieu de cela, chaque chef d’Etat jouait les messieurs bons offices pour des négociations aussi incongrues que futiles avec des gens qui ne voulaient rien céder .Du milieu du mois de mars , date du coup de force du capitaine d’opérette Sanogo, ce sont des mois de palabres interminables qui ont donné l’impression aux Djahadistes d’un atermoiement de la communauté internationale. L’intervention française est venue , pour ainsi dire , réveiller brutalement les dirigeants africains de leur torpeur .Les populations africaines dont les ancêtres ont vaillamment combattu et versé leur sang pour que nous soyons libres et indépendants sont contraintes de boire le calice de la honte et de l’humiliation jusqu’à la lie, ceci, par la faute de ses dirigeants.
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