Enjeux de la parité homme/femme

C'est raté. Est reporté sine die l'examen de la proposition de loi portant égalité d'accès aux fonctions électives et nominatives entre homme/femme. Ainsi en a décidé l'Assemblée nationale le 19 février dernier. Le report a été consommé par 61 voix pour, 5 voix contre et 1 abstention.

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Ainsi, un certain Bénin continue de se sentir à l'aise avec une majorité de 52% de femmes, mais encore largement sous-représentées dans les instances décisionnelles, au niveau des principaux rouages de l'appareil d'Etat.  Plutôt le jeu de la femme alibi que l'enjeu de la femme dans le rôle et à la place qui doivent lui revenir de droit dans une société démocratique.

S'il était permis de faire un arrêt sur image sur ce Bénin du statu quo, un Bénin encore largement réfractaire au progrès, on retrouverait la femme à la même place, pétrifiée dans des rôles seconds, moulées dans des fonctions subalternes. Ce qui voudrait dire que rien n'a changé pour la femme béninoise. Qu'elle fait du surplace depuis des décennies. Malgré la célébration, chaque année, du 8 mars tenue pour sa journée. Malgré moult réunions internationales dont celle de Beijing que nous avons pourtant marquée d'une pierre blanche. Malgré la mise en place, dans notre pays, d'un Institut de la femme. Malgré la promesse présidentielle de former une prochaine équipe gouvernementale qui garantit 50% de portefeuilles ministériels aux femmes.

Les tenants du Bénin du statu quo ont décrété que rien n'a bougé, pour la femme, dans notre pays ; que si peu de progrès a été enregistré avec elle et autour d'elle. A leurs yeux, la femme était hier, demeure, aujourd'hui, la majeure incapable de toujours. Il ne servirait donc à rien de se prendre la tête pour lui octroyer plus de droit qu'elle ne mérite. Ce sont là, sans nul doute, les accents d'un discours d'hommes, pour ne pas dire d'un discours de mâles, établis dans le rôle d'arbitres et de juges suprêmes.

C'est bien là notre lecture de ce qui vient de se passer dans la vénérable maison qui abrite les délibérations de nos honorables représentants. On peut comprendre, de ce fait, que le moral de plus d'un vacille ; que l'engagement militant de nombreux autres soit en berne depuis. A y regarder de près, il n'y a pas péril en la demeure. Le Bénin n'a fait que différer une   belle occasion d'écrire une nouvelle page de son histoire. Les jours meilleurs sont encore devant. Le destin du Bénin n'est pas dans le statu quo. Mais, le statu quo, qu'est-ce ?

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Le statu quo, c'est la tentative de pérenniser l'état actuel des choses. Comme si l'on voulait nier le mouvement ou fait mentir la loi de la gravitation universelle. Et pourtant, comme dirait l'autre, elle tourne. Parce que tout bouge et que rien n'est fixe. Parce que tout évolue et que rien n'est immuable. Si l'on c'était mis dans cette perspective, peut être aurait-on compris la nécessité, sur la question de la parité homme/femme, de donner un coup d'accélérateur à l'histoire. Sans s'embarrasser de fausses considérations. Sans s'encombrer de faux préjugés.

Nous devons vivre le statu quo comme un échec. Il nous impose de boire la coupe de notre déception jusqu'à la lie. Il nous inflige, et pour combien de temps encore, les mêmes tristes images de notre société. Les hommes continueront d'occuper le haut du pavé. A eux la parole. A eux la décision. A eux les premiers rôles et le dernier mot. Les femmes continueront de faire profil bas et de raser les murs. A elles la cuisine, les travaux domestiques, les animations folkloriques.

Que retenir de cet échec qu'il convient cependant de tenir pour un utile test de vérité ?

1- Le Bénin, dans ses profondeurs, n'est pas encore prêt pour une révolution, synonyme d'une rupture sociétale que nous appelons pourtant de nos vœux. La femme ne s'impose pas encore à la vision de tous comme un levier essentiel et non folklorique de notre développement. Convertissons-nous à la sagesse de donner du temps au temps.

2- Le lobbying des femmes sur la question est à revoir dans sa conception, dans sa formulation, dans son déploiement stratégique. Comparaison n'étant pas raison, les amazones des temps modernes gagneraient à se prévaloir d'atouts autres que ceux de leurs aînées.

3- Méditons l'exemple des suffragettes, ces femmes qui, en Europe, ont milité pour le droit de vote féminin. Elles avaient souvent échoué. Mais elles ont tenu ferme. Elles ont fini par gagner. Pour dire qu'aucun crépuscule n'a encore empêché une   aube nouvelle de poindre.

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