Fassassi, Biaou et Noudégbèssi convoqués à la police judiciaire, leurs passeports retirés

Plus de voyages à l’extérieur du territoire national pour Fassassi, Biaou et Noudégbèssi. Telle est la mesure conservatoire prise par le gouvernement  à l’endroit de ces ministres cités dans des dossiers de prévarication. Hier, ils ont été tous convoqués à la Direction centrale de la police judiciaire où ils ont été écoutés et leurs passeports retirés.

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Kamarou Fassassi, légèrement épuisé, n’a pu se présenter et a envoyé deux de ses avocats. Hier, le gouvernement a procédé à l’interpellation de trois anciens ministres dont les noms sont cités dans des dossiers de prévarication. Selon des sources concordantes, les ministres Kamarou Fassassi, Rogatien Biaou et François Noudégbèssi ont été convoqués à la Direction centrale de la police judiciaire à Akpakpa. Répondant à ces convocations qui leur ont été envoyées, ils se sont rendus sur les lieux. Mais à leur grande surprise, ils ont été gardés pendant des heures et soumis à des interrogatoires assez poussés. C’est après que leurs passeports leur ont été retirés. Il leur a été demandé de ne pas bouger du pays jusqu’à ce que leur dossier soit vidé au tribunal. Après cette interpellation, ils ont été autorisés à rentrer. Cette interpellation, rappelons-le, se déroule, la veille de la tenue de la plénière qui doit statuer sur le sort de ces anciens ministres. Mais le ministre Kamarou Fassassi était-il à la police judiciaire ce jour. Mais approché, Kamarou Fassassi dément avoir été à la PJ. Il affirme qu’il a été convoqué, mais ne s’est jamais rendu sur les lieux.

Le récit de Kamarou Fassassi

Selon l’ancien ministre de l’énergie, c’est à 12h50 environ que la convocation lui a été adressée. Sur celle-ci, on l’invitait à venir à la Direction centrale de la police judiciaire à 16h. Fatigué, il n’a pu se rendre à la PJ. « J’ai appelé deux de mes avocats pour aller répondre à ma place », a-t-il expliqué. Sur les lieux, on les a éconduits et servi que c’est Kamarou Fassassi lui-même qui est concerné. Les deux avocats sont revenus de ce pas à la maison mais flanqués des agents de police judiciaire. Ceux-ci lui ont demandé son passeport qu’il a remis gentillement. Cette version des faits diffère de celle qui a été distillée abondamment dans le pays aujourd’hui.

Une procédure judiciaire bien bancale

La convocation et l’audition hier par la police judiciaire de trois ministres cités pour comparaître devant la Haute cour de justice relance à nouveau le débat sur le respect des procédures judiciaires au Bénin. Le gouvernement pouvait-il à cette étape là, même si c’est pour des mesures conservatoires, interpeller ces ministres pour les auditionner ? Telle est la question que se posent maints Béninois.

«  C’est un film policier digne des républiques bananières », c’est ainsi que le ministre Kamarou Fassassi a qualifié cette interpellation. Selon plusieurs juristes, cette interpellation ne peut avoir lieu que bien après le déclenchement de tout processus de poursuite contre le ministre incriminé. Mais, une fois que la procédure de poursuite devant la Hcj est enclenchée, on ne pouvait plus le convoquer à la police. Ceci donne l’impression d’une procédure montée de toutes pièces par le gouvernement pour régler des comptes à des gens que d’une procédure judiciaire digne du nom. Dans le cas de Kamarou Fassassi par exemple, le délit pour lequel la poursuite est engagée n’a jamais été dit. Et mieux, il n’existe nulle part de preuves matérielles de l’hypothétique faute pour laquelle il est poursuivi. Le seul rapport sur lequel le gouvernement se base ici dans le cas du dossier de la Sbee est le rapport de la commission d’audit présidée par Jacques Alidou Koussé. Mais nulle part dans ce rapport, le nom de Kamarou Fassassi n’a jamais été cité. Il dit ne pas comprendre les raisons d’un tel acharnement contre sa personne. Chose surprenante, c’est la veille d’une importante plénière des députés à l’Asemblée Nationale sur la question que le gouvernement prend la décision de confisquer les passeports des ministres incriminés. Pourquoi ne pas laisser libre cours au processus au lieu de chercher à interpeller ces ministres devant la police? Tout se passe comme si le gouvernement était dans une opération de charme pour montrer une pseudo-volonté de poursuivre des prévaricateurs alors qu’en réalité, c’est juste une diversion des citoyens qui n’aboutira à la fin à aucune arrestation.

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