Le Rup, un mort-né venu d’Ifangni

Connaissez-vous le Rup ? C’est le Parti du Réveil pour l’union et le progrès, le tout dernier parti créé au Bénin le weekend dernier à Ifangni par le maire de la localité. Dans les annales du ministère de l’intérieur, il doit figurer dans les 200 derniers de l’échiquier politique national.

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 On peut donc comprendre, qu’en dehors de son géniteur, son arrivée n’ait pas ému grand-monde.  La majorité des béninois aujourd’hui ayant la tête pour autre chose que ces nombreux clubs électoraux qui prolifèrent dans le pays sans rien apporter à leur qualité de vie. « Les politiciens ne pensent qu’à eux-mêmes, ils ne s’intéressent pas à nos problèmes, c’est quand les élections s’approchent qu’ils pensent à nous, qu’il nous colle la paix, nous on a d’autres problèmes à régler », pérore un jeune de Banigbé. Le désintérêt pour la création de ce parti a aussi gagné le rang  des invités de marque sur qui le maire Raymond Fafoumi comptait pour donner  plus de solennité à cette cérémonie. Ainsi, ni le ministre François Abiola(celui qui prend maladroitement comme son mentor politique), ni le député Nicaise Fagnon, ni Amos Elègbè l’inamovible conseiller technique aux affaires politiques du Chef de l’Etat, ni Eugène Azatassou n’étaient présents à cette parodie de congrès aux allures plus festives et intellectuelles et où la majorité de congressistes étaient préoccupés par la pécune . Tous ont boycotté cet événement tombé si vite dans le rang des manifestations politiques de peu d’importance. Et pour cause, comment pouvaient-ils accorder de prix à un parti politique, fut-il celui d’un maire, si son fief ne dépasse pas les seules frontières d’une commune ? Comment donc en violation des dispositions de la charte des partis politiques, seul le département de l’Ouémé se retrouve dans le bureau de ce politique ? Le géniteur du parti n’a pas cherché au-delà de sa commune. Ceci est même trop dire, l’influence du Rup ne dépasse pas les deux arrondissements Nago de la commune sur les six au total. Le maire s’est contenté de fidéliser un électorat ethnique sur qui il pourra compter pour rempiler. Il est bien conscient de la difficulté qu’il aura pour s’imposer dans les autres arrondissements où le Madep a un fort encrage avec la présence de l’honorable Louis Vlavonou pour qui le maire ne cache plus son antipathie depuis les dernières élections. En dehors du Madep, ce micro-parti aura fort à faire pour s’imposer devant d’autres grands partis qui se partageaient l’électorat de cette petite commune. Il s’agit du Prd, du Prd-Nouvelle génération- dont  le maire  fut jusque là le 2è vice-président- et bien sûr de la grande famille Fcbe. A travers le Rup, Raymond Fafoumi voulait regrouper les militants et militantes des Fcbe de sa commune afin d’en faire un tremplin électoral pour les élections communales prochaines.  Mais là aussi, la bataille s’annonce malaisée pour le maire. Il va devoir travailler pour gagner à nouveau l’estime du ministre de l’enseignement supérieur François Abiola qui lui reproche son inconstance politique. En effet, lors des dernières élections présidentielles, le maire Raymond Fafoumi, a soutenu l’Un et a pris fait et cause pour son candidat au détriment de Boni Yayi. Chose curieuse, en ce moment où il se réclamait toujours du Prd-Nouvelle génération dont le président Kamarou Fassassi soutenait Abdoulaye Bio Tchané. Fcbe ? Prd-Nouvelle génération ? Un ? Le maire aura bien flirté avec tout cela. C’est ce qui explique aussi la vision politique à peine lisible du Rup. A droite ? A gauche ? Difficile de le savoir. Le maire s’est contenté simplement de dire que « le Rup prône le civisme, le patriotisme, la démocratie, la tolérance, la justice, la paix, la solidarité entre les peuples ». Une profession de foi, qui, loin de constituer une vision, fait partie des idéaux défendus par la constitution béninoise dans son préambule. Dans le bureau issu du congrès, les « cols blancs » peuvent être comptés au bout des doigts. Le gros lot est composé de matelassier, cuisinier, racoleur, dépanneur, chauffeur, alpha,  commerçant et autres semi-lettrés qui baragouinent un peu la langue de Molière. Une telle équipe peut-elle aller loin ? Le Rup Mifon  Assikoto est simplement mal né.

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