Dans l’affaire d’accusation de Me Lionel Agbo pour offense au Chef de l’Etat, l’attitude et les actes posés par le gouvernement sont aux antipodes de l’orthodoxie judiciaire. Déjà deux communiqués en moins de 20 jours pour annoncer la grâce accordée à Me Lionel Agbo. Une décision assez surprenante après plusieurs mois d’acharnement contre lui.
Tergiverser, prendre une décision, l’annuler puis revenir sur ça quelques jours après, c’est le sport favori du gouvernement qui n’arrive pas toujours à se guérir du virus de la précipitation et du cafouillage. Dans le dossier de Me Lionel Agbo, on aura encore vu cela. Le 31 janvier, un communiqué de presse du gouvernement signé par le Secrétaire général de la Présidence, Emmanuel Tiando annonçait le retrait de plainte du Chef de l’Etat qui accorde ainsi la grâce à Me Lionel Agbo. Puis lundi 18 février, un autre qui ressemble au premier comme deux gouttes est lancé. Cette fois-ci, la volonté du Chef de l’Etat de retirer sa plainte contre Me Lionel Agbo est clairement dite. Cette seconde décision qui éclipse la première paraît plus pertinente. Elle confirme la volonté du Chef de l’Etat de retirer sa plainte et donc de ne plus poursuivre Me Lionel Agbo. Mais comme lors de la première décision où la grâce présidentielle n’a jamais été officialisée par un décret, la dernière décision souffre de l’insuffisance suivante : le retrait de la plainte n’abolit pas le processus. Lionel Agbo condamné en première instance, ses avocats ont déjà fait appel. C’est donc à la Cour d’Appel que le Chef de l’Etat peut exhiber son retrait de plainte. Dans tous les cas, ces deux décisions donnent l’impression que le gouvernement cafouille dans ce dossier. Sinon comment expliquer le fait que le gouvernement puisse, dans un premier temps décider de poursuivre Me Lionel Agbo, puis subitement abdiquer en accordant le pardon à celui-ci. Tout a été fait à dessein pour séduire l’opinion internationale et donner de Boni Yayi l’image d’un président très conciliant, à la limite débonnaire. Il aura réussi cela à la veille d’une importante visite de travail en France. Pour résumer, ce procès a beaucoup fait du bien au Chef de l’Etat qui s’en est servi pour soigner son image mais aussi par se racheter auprès d’un proche collaborateur. Mais il aura permis d’afficher à la face du monde les tâtonnements et le cafouillage dont a fait montre ce gouvernement qui, en moins d’un mois, aura eu trois positions différentes sur ce dossier avec la sortie, aussi hasardeuse, de l’avocat du Chef de l’Etat Paul Kato Atita.
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