Poursuite de Kamarou Fassassi devant la HCJ : les indices d’un acharnement politique

L’affaire de la poursuite d’anciens ministres devant la Haute cour de justice revient au devant de la scène. A l’instar de quatre autres anciens ministres, l’ancien ministre des mines et de l’énergie Kamarou Fassassi est cité par le gouvernement pour comparaître devant cette juridiction.

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On l’accuse d’avoir commis des infractions en matière de finances publiques au sujet de la gestion de la Sbee. Mais lorsqu’on lit le rapport  de la commission d’enquête de l’Inspection générale de l’Etat(Ige) sur la Sbee en 2007, cette accusation tombe, tel un château de cartes.

Le gouvernement est-il vraiment décidé à poursuivre réellement les ministres et autres cadres accusés de prévarication devant la Haute Cour de justice ? Si l’on observe, dans l’apparence cette volonté, la précipitation, l’insuffisance de preuves pour l’accusation et parfois même les entorses à la procédure témoignent d’une volonté délibérée du gouvernement de faire du « show » que de punir réellement les fautifs. A la limite, le gouvernement donne l’impression de les honnir, de les persécuter que de les voir finir en prison ou rendre gorge comme le souhaitent beaucoup de béninois. C’est l’impression qu’il donne en tout cas dans le dossier de Kamarou Fassassi sur le rapport d’enquête effectuée par l’Ige à la Sbee courant Août 2007. Dans ce dossier, tout semble être fait pour torturer moralement et jeter le discredit sur un homme politique dont le péché, comme il le dira lui-même dans sa lettre ouverte au Chef de l’Etat, est d’avoir voté pour lui et appeler à voter pour lui.

Absence de preuves d’accusation

De quoi s’agit-il ? Tout a commencé en 2010, appuyant la procédure de poursuite engagée contre des anciens ministres, Pascal Irénée Koupaki, ministre d’Etat chargé de la prospective, du développement, de l’évaluation des politiques publiques et de la coordination de l’action gouvernementale, assurant l’intérim du Chef de l’Etat, Chef du gouvernement absent, envoie un courrier au Président de l’Assemblée nationale Mathurin Nago  pour donner les arguments justificatifs aux procédures de poursuite devant la Hcj lancées contre les  Kamarou Fassassi, le Chef de l’Etat par intérim affirme : « Monsieur Kamarou Fassassi ancien ministre des mines, de l’énergie et de l’eau, est mis en cause dans le rapport de vérification de la gestion administrative, comptable, financière et matérielle de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) par l’Inspecteur général d’Etat. Ledit rapport vous a été communiqué par correspondance N°717-c/Pr/Cab/Sp du 16 novembre 2007. Du rapport de la commission créée par décret N° 2007-362 du 11 juillet 2007, il ressort des faits répréhensibles d’exécution de dépenses non prévues, non éligibles au budget et autres infractions commises en matière de finances publiques à la charge de Monsieur Kamarou Fassassi. Ces faits méritent d’être soumis à la censure de la Haute cour de justice, sur décision, le cas échéant, des députés. »  Ainsi donc, selon le Chef de l’Etat par intérim, Kamarou Fassassi est mis en cause dans ce rapport. Grande surprise, cette accusation n’existe nulle part dans ce rapport de la commission « Jacques Alidou Koussé » dont nous avons pu avoir copie. Dans les recommandations de ce rapport, il est demande au point 3 de : « Instruire le ministre des finances et l’agent judiciaire du trésor aux fins de mettre en débet les personnes ci-dessous citées pour les fautes de gestion par elles commises et ayant entraîné d’importants préjudices financiers à la Sbee…. » Ce point  est décomposé en sept petits points où à chaque fois des noms des personnes responsables de ces préjudices sont citées. Et sans trahir aucun secret, les noms qui reviennent souvent sont ceux de Fatiou Toukourou(Pca), Célestine Adjanohoun(ex-Dg/Sbee), Luc da Matha Sant’Anna(ex-Dg/Sbee), Paulin Sossou(ex-Dcf), Didier Abel Tella(ex-Dcc),Innocent da Silva,…pour ne citer que ceux là.

Jamais, le nom du ministre Kamarou Fassassi n’a été cité nulle part dans ce rapport comme un des responsables de cette prévarication à grande échelle. Chose curieuse, bien que n’étant pas ministres ou députés et ne bénéficiant pas donc d’immunité, aucune des personnes suscitées n’est poursuivie. Tous circulent tranquillement à Cotonou et mènent une belle vie au Bénin en dehors de ceux qui sont à l’extérieur. Doit-on croire alors que le gouvernement ne recherche que la tête de Kamarou Fassassi dans ce dossier alors qu’il n’en est  ni de loin, ni de près impliqué.  

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Acharnement politique

Qu’est-ce qui pourra expliquer alors le fait que le gouvernement cite à chaque fois le nom du ministre Kamarou Fassassi comme responsable de ces malversations ? Il donne lui-même la réponse dans sa lettre ouverte au Chef de l’Etat. « Vous avez choisi pour votre défense de liquider ce que vos griots appellent la vieille classe politique. Le moyen principal utilisé à cette fin est de farfouiller et trouver coûte que coûte dans les poussières de l’histoire de scandales financiers bons à coller à chacun d vos contradicteurs qui ont commis le péché mignon de ne pas jouer les laudateurs comme vs courtisans professionnels savent si bien le faire. Ma modeste personne a été choisie parmi vos victimes dan l’affaire dite de la Sbee. A ce sujet, je ne peux pas m’empêcher de vous rappeler que j’ai été ministre des mines, de l’Energie et de l’Hydraulique. Je n’ai jamais été Directeur général de la Sbee, ni président de son conseil d’administration, ni son commissaire aux comptes ». Cela ne suffit-il pas pour dissiper cette cabale.

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