Réckya Madougou ouvre le dialogue avec l’Unamab et le Syntrajab

Le nouveau Garde des sceaux, ministre de la justice, de la législation et des droits de l’homme, Réckya Madougou Yèdo, a eu sa séance de prise de contact avec l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) et le Syndicat national des travailleurs et travailleuses de la justice et assimilés du Bénin (Syntrajab) hier, dans l’enceinte dudit ministère, en vu d’instaurer des relations saines entre elle et tous les acteurs de la maison.

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Réckya Madougou Yèdo prend contact avec l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) et le Syndicat national des travailleurs et travailleuses de la justice et assimilés du Bénin (Syntrajab). Une semaine après sa prise de fonction, le ministre de la justice a rencontré ce jeudi 14 février 2013, les acteurs de la justice réunis au sein de ces deux organisations.

Cette rencontre s’inscrit dans la démarche ouverte depuis la fin de la cérémonie de sa prise de fonction, dans le but de discuter avec les acteurs de tous les maillons de la maison «Justice». C’est une initiative prioritaire pour celle-là qui ambitionne parvenir, entre autres, à «Associer l’Unamab au processus de redéploiement des magistrats», «apaiser la maison justice», «redonner confiance aux justiciables», «remettre les magistrats et tout le personnel judiciaire au travail», «mettre en œuvre les différents statuts du personnel». Pour y arriver, il faut d’abord la bonne collaboration, et donc, instaurer des relations saines avec tous les acteurs du monde judicaire, à en croire le ministre. Car, aucune réforme ne peut aboutir si l’on n’y associe pas la ressource humaine, a-t-elle affirmé lors de la cérémonie d’ouverture de la rencontre de ce jeudi avec l’Unamab et le Syntrajeb.

Certes, elle a déjà reçu les différents dossiers de leurs revendications, mais la présente rencontre permet aux responsables de ces structures de lui réitérer leurs attentes. Ensemble, ils pourront évaluer ces revendications. A ses dires, elle sera le chef d’orchestre  pour «une marche d’ensemble vers les horizons plus reluisantes de leur maison commune «la justice». Le secrétaire général du Syntrajab, Denis Togodo, salue la démarche et apprécie : «Elle a  pris un bon départ ».

«Nous avons fait des discussions très instructives dans une ambiance très conviviale», dixit la ministre Madougou Yèdo

« Je pense que le dégel de la situation a commencé depuis que chacune des parties a bien pris conscience que nous avons besoin de l’apaisement dans la maison justice. Ce que nous faisons n’est pas que pour nous. C’est avant tout pour les justiciables et pour l’avancée de notre pays. Nous avons fait effectivement près de trois heures de discussion. Et puis je puis vous dire que nous avons fait des discussions très instructives dans une ambiance très conviviale et propice au débat et au dégel dont on parle.  C’est aussi cela qui est nécessaire pour la poursuite du dialogue car ce n’est pas un dialogue qui va s’arrêter en une séance. C’est un dialogue qui doit être permanent. C’est d’ailleurs l’une des grandes décisions que nous avons prises. Il est important qu’il y ait de bonnes reformes. Vous n’imaginez pas que les réformes puissent se faire sans les hommes. Les réformes se font avec les hommes. L’homme aussi doit être au cœur de la réforme. L’homme doit évaluer la réforme et la suivre véritablement afin qu’elle porte des succès pour la communauté ou alors la revisiter si c’est nécessaire. Donc, il était important que nous nous rencontrions. Cette séance a été la première rencontre officielle depuis ma prise de fonction. Pour ma part, il fallait donner un signal fort. C’est un objectif prioritaire d’apaisement que je me suis fixé. Nous avons réussi à tenir le pari de cette première rencontre. Bien évidement, les problèmes posés demeurent. C’est important pour nous, au-delà de la plateforme revendicative que j’avais déjà. Il était important que j’échange avec les auteurs de cette plateforme revendicative et recueillir leurs  commentaires pour mieux cerner certains aspects de cette plateforme  revendicative et surtout leur indiquer comment j’entends mener la résolution des différents problèmes posés. Pour ma part, il était important que chaque revendication soit assortie de propositions de solutions. Il n’est pas dit que ce sont ces solutions qui seront mis en œuvre. Mais au moins cela permet d’avoir une vision du kit de dénouement que nos partenaires sociaux souhaitent eux-mêmes par rapport aux problèmes posés. Car face à un problème posé, le dénouement apporté par son acteur peut ne pas être à la hauteur de l’espérance de celui qui le pose. Il est important que désormais leurs revendications soient assorties de propositions de solutions. J’ai également rappelé que je ne détiens pas une baguette magique. Je ne ferai que leur prêter mon canal. Je suis un chef d’orchestre. J’ai également rappelé qu’il était important que nous maintenions l’indépendance de la justice. C’est un principe qui leur est cher et qui est cher également à l’exécutif. Mais c’est l’indépendance de la justice qui engendre également l’impartialité de la justice. Si nous devons avoir la confiance qu’il faut, il faut que nous  dialoguions. Il faut aussi penser qu’un investisseur ne vient dans un pays que lorsqu’il est sûr que quand il est brimé, la justice sera équitable pour qu’il ne perdre pas son investissement. Autant de facteurs de développement qui nous tiennent à cœur et que nous avons partagé avec les deux délégations syndicales. Ils ont bien compris. L’objectif donc du gouvernement n’est pas de phagocyter la justice. Bien au contraire, c’est d’assurer cette impartialité de la justice. Et faire de la justice une justice responsable. Une justice qui rend des décisions efficaces et justes.

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«La rencontre a pour objectif de conduire à un dégel de la situation sociale…» Denis Togodo, Secrétaire Général du Syntrajab

« Comme vous pouvez vous en douter, c’est le premier contact que nous avons eu avec madame la Ministre. Après la cérémonie de prise de charges, en de pareilles circonstances, c’est d’abord de s’enquérir de ce que représente la maison justice pour se faire une idée du chantier qui l’attend. Donc, c’est dans ce cadre que nous avons été amenés à nous pencher sur les problèmes qui minent le secteur judiciaire et nous avons parlé de nos revendications. Nous lui avons dit ce qu’elle doit faire pour réussir en tant que jeune comme nous. Et comme nous avons le devoir de lui dire la vérité, cela a été un discours franc. Donc c’est un début. C’est une rencontre de prise de contact, étant donné qu’elle était une personne extérieure. Il était normale qu’elle vienne vers nous et quelle nous écoute en premier en tant que représentants de tous les acteurs judiciaires. En attendant d’écouter d’autres tendances pour entendre d’autres sons de cloche. Donc, c’est de cela que nous avons parlé. La rencontre a également pour objectif de conduire à un dégel de la situation sociale au niveau du secteur judiciaire. Vous savez comme moi et comme tous les Béninois, qu’elle a été nommée avec conviction et à une période où il y avait de l’étincelle dans l’air. Il fallait cette séance de dégel pour briser les rideaux de fer.

Peut-on affirmer que la balle est à terre?
Oui tout à fait. Au niveau du Syntrajab, et de l’Unamab, nous ne sommes pas des apatrides. Nous savons ce que nous faisons et là où nous allons. Lorsque vous avez une personnalité et une autorité qui vous tend la main, au nom de quoi, vous allez jouer aux apprentis sorciers pendant que notre pays a des défis à relever.

Quelles sont vos revendications?
Les revendications sont de plusieurs ordres. Le 27 juin 2010, on avait déposé une plateforme revendicative conjointe qui comporte 29 points. De toutes les manières, nous les avons chanté et à plusieurs reprises. Il y a, entre autres, les problèmes liés au respect de l’indépendance de la justice, comment travailler, quelle est la compréhension, la conception que le gouvernement et l’exécutif et les magistrats ont de l’indépendance de la justice

Peut-on dire que le ministre ne s’est pas trompé en initiant cette rencontre?
Elle ne s’est pas du tout trompée. Parce qu’il fallait prendre connaissance de nos revendications parce qu’il y avait une effervescence. Nous estimons que cette rencontre est opportune. Nous ne la regrettons pas parce que nous avons échangé de façon franche et courtoise dans l’intérêt des usagers et dans l’intérêt de la sécurité collective.
Je pense en tant qu’une personnalité avertie. Elle ne s’est pas lancée sur un terrain trop glissant,  ni osé des promesses, nous la comprenons. Il s’agira pour elle de faire ce qu’elle peut faire. Elle nous a même demandé de lui établir un tableau ou nous allons hiérarchiser nos revendications suivant l’ordre où nous voulons qu’elles aient un aboutissement heureux. Nous allons nous y atteler d’ici à là. Et nous pensons qu’elle a pris un bon départ.

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