Visite en France : la stratégie de Yayi pour endormir Talon et Agbo

Le Chef de l’Etat a réussi son test médiatique sur Rfi. Lors d’une déclaration sur cette chaîne, le Chef de l’Etat a minimisé l’ampleur des affaires « Talon » et « Agbo » tous refugiés à Paris qu’ils invitent à renter au bercail pour construire le pays.

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Il affiche ainsi à la communauté  internationale le visage d’un président assez bienveillant et soucieux du développement. Mais sous ce visage, la réalité est bien différente.

L’intervention de Boni Yayi sur Rfi est à l’image de sa visite en France. Le Chef de l’Etat aurait réussi une grande opération de séduction et a su gommer, les mauvaises impressions qu’ont de lui certaines autorités françaises depuis l’éclatement des affaires « Talon » et « Agbo ». Les deux hommes, rappelons-le, sont tous refugiés à Paris. Le premier est accusé d’être le principal instigateur de la tentative d’assassinat du Chef de l’Etat et le second pour l’avoir « offensé ». Lors de sa dernière visite en France, le président Boni Yayi a déclaré à Rfi : «  je n’ai pas fait état de cette affaire avec le président Hollande parce que j’estime qu’aujourd’hui, il y a des questions plus essentielles. A mon niveau, franchement, c’est un dossier qui ne me préoccupe pas du tout. Au contraire, mon souhait est que tout le monde rentre, et que nous puissions construire le Bénin ». Une telle déclaration faite sur une chaîne internationale, devrait rassurer ces deux hommes. Aussitôt, ils devraient chercher à rentrer au pays pour recommencer à mener tranquillement leurs affaires.  Seulement, Patrice Talon et Lionel Agbo ne semblent pas s’empresser pour rentrer au pays. C’est peu dire. Et pour cause, les deux hommes qui ont été tous des collaborateurs du Chef de l’Etat (le premier a été son sponsor pour les présidentielles de 2006 et 2011 et le second, son porte parole) savent que les Yayi excelle dans les manœuvres subreptices et les fausses promesses. Que bon dribbleur, il donne souvent le clignotant à droite et tourne à gauche. Et cette déclaration faite à Rfi est bien dans cette tendance. 

Bonne déclaration mais…

La vérité sur ces deux affaires, c’est que Boni Yayi n’a pas encore lâché prise. Sur le dossier de Lionel Agbo par exemple, aucun acte juridique ne confirme encore cette grâce. Jusque là, le Chef de l’Etat n’a pas encore pris le décret qui viendrait confirmer sa bonne volonté notifiée par un communiqué de la présidence de la république. Le décret se fait toujours désiré et pendant ce temps, l’avocat du Chef de l’Etat Me Paul Kato Atita est venu tout chambouler. En effet, au cours d’une déclaration à la presse la semaine passée, il a déclaré que Lionel Agbo est un « prisonnier évadé ». Selon lui, la procédure suit son cours et il faut que son confrère revienne au pays, qu’il se constitue prisonnier avant de bénéficier de cette grâce. Dans la même foulée, le Chef de l’Etat qui recevait les conducteurs de zémidjans a confié que Lionel Agbo a peur de la prison et fuit. Toutes ses déclarations faites après ce communiqué qui semblait dire qu’il est gracié prouvent bien que l’ancien porte parole du Chef de l’Etat n’est pas au bout de ses peines. Même fortune visiblement pour le richissime homme d’affaires Patrice Talon accusé de vouloir attenter à la vie du président de la république.  Tous les protagonistes de cette affaire sont toujours gardés en prison. Il est donc évident que lui le principal accusé le soit une fois qu’il rentre au pays. Il ne pourra donc pas rentrer pour construire le pays.  Talon irait en prison au terme d’un procès hâtif et inique et va même écoper d’une lourde peine de prison. Yayi rêve de le voir ainsi en prison. Pas plus. Le reste n’est qu’opération de charme pour soigner son image auprès des occidentaux.

L’Afrique d’abord, le Bénin ensuite

On l’aurait cru encore dans sa veste de Président en exercice de l’Union Africaine (Ua).  Lors de la visite officielle du Président Boni Yayi en France du 05 au 08 février dernier, au cours de ses audiences aussi bien avec le Président François Hollande qu’avec le locataire du Quai Dorsay, Laurent Fabius, la question du Mali a supplanté les questions bilatérales franco-béninoises. Actualité oblige ?

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Boni Yayi était parti en France pour parler à la fois du Bénin et de l’Afrique avec les hautes personnalités françaises. Mais finalement, il n’aura, officiellement, parlé avec eux que du Mali. Et il est allé dire merci à Hollande pour « avoir autorisé les troupes françaises à intervenir au Mali »

 «A l’invitation de Son Excellence Monsieur François Hollande,  Président de la République Française, le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement, Son Excellence Docteur Boni Yayi, effectuera une visite de travail en France du 05 au 08 février 2013. Le Chef de l’Etat aura au cours de cette visite, un entretien en tête-à-tête avec le Président de la République Française sur les questions d’actualités, notamment africaines et internationales, ainsi que sur celles relatives à la coopération bilatérale entre les deux (02) Etats. »

Ceci est un extrait du communiqué du ministère béninois des Affaires étrangères annonçant la visite officielle en France du Président Boni Yayi. Et selon ce communiqué, le tête-à-tête Yayi-Hollande dans le cadre du séjour français du président béninois, devrait porter aussi bien sur les questions de la coopération franco-béninoise qu’africaine. Mais les questions bilatérales se sont éclipsées au profit de la guerre au Mali. Ainsi, la question malienne a occupé une partie importante de l’entretien de plus d’une heure que les deux personnalités ont eu. Comme les douze derniers mois où Boni Yayi était encore Président en exercice de l’Union Africaine. Avec le ministre Français des Affaires étrangères et le groupe des Ambassadeurs africains accrédités en France, Boni Yayi a apparemment encore remis son manteau de Président en exercice de l’Ua. Mais avec quel mandat ?

Avec les autres, le Bénin

C’est plutôt dans ses rencontres avec des officiels français et des hommes d’affaires que le Bénin est véritablement revenu à l’ordre du jour.  Il s’agit Notamment des entretiens avec le ministre français du redressement industriel, Arnaud Montebourg, Vincent Bolloré du groupe Bolloré, le Directeur général de l’Afd, et de Charles Million, ancien ministre français de la Défense. Avec ceux-ci, le coton, le port, les rails, la relance économique du Bénin  ont été évoqués.

Ni Talon, ni Agbo, officiellement

L’homme d’affaire, accusé d’avoir commandité une supposée tentative d’empoisonnement du Chef de L’Etat est actuellement en liberté sous contrôle judiciaire en France. Le Gouvernement qui a demandé son extradition ne l’a pas encore obtenue. Selon les spécialistes du droit, toute demande d’extradition du territoire Français a un volet politique. Cela requiert en effet un aval, par décret, du Président de la République, même si la justice donne son avis favorable. Et selon des sources concordantes, Me Lionel Agbo, ancien porte-parole de Boni Yayi,  qui a été condamné récemment par la justice à six mois de prison ferme, aurait trouvé refuge dans l’Hexagone. L’on a cru que Boni Yayi allait évoquer ces deux cas avec son homologue français. Et revenir sur sa volonté manifeste de voir Agbo et Talon extradés. Mais officiellement, ces deux dossiers n’ont pas été évoqués. « Je n’ai pas fait état de cette affaire avec le Président Hollande, a néanmoins affirmé le Président béninois, parce que j’estime qu’aujourd’hui, il y a des questions plus essentielles. A mon niveau, franchement, c’est un dossier qui ne me préoccupe pas du tout. Au contraire, mon souhait est que tout le monde rentre, et que nous puissions construire le Bénin. », C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé Boni Yayi, cité par Rfi, à propos de l’affaire Talon.

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