Comment Jorge Mario Bergoglio est devenu le 266 ème pape

Le nouveau Pape est connu depuis hier. Il  s’agit du cardinal Jorge Mario bergoglio, Pape François. Comment a-t-il été élu ? Electeurs connus, au plus 120 cardinaux ; un délai indéterminé ; un bureau unique ; un vote strictement secret ; et une annonce officielle.

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 Le conclave pour l’élection d’un pape est peu ordinaire. Elle est régie par la constitution apostolique Universi Dominic Gregis, édictée par Jean Paul II en 1996. Seuls les cardinaux ayant moins de 80 ans ont le droit de participer au conclave. Cette disposition a été introduite par le Pape Paul VI. Pour Jean Paul II, cette disposition vise à ne pas ajouter au poids d’un âge si vénérable, la charge représentée par la responsabilité du choix de celui qui devra guider le troupeau du Christ.

Tous les votes ont lieu dans la chapelle Sixtine, dans laquelle seuls les cardinaux peuvent rester une fois la procédure de vote enclenchée: ce sont des cardinaux eux-mêmes, tirés au sort, qui sont chargés de surveiller le scrutin, de dépouiller et de recueillir les votes des cardinaux malades qui ne pourraient pas être présents dans la chapelle.

Pendant le conclave, les cardinaux résident à l’hospice Sainte-Marthe, situé au sein du Vatican. Seuls peuvent y pénétrer, en plus d’eux, seulement quelques dignitaires ecclésiastiques, deux médecins ou les personnes chargées d’assurer les repas ou le ménage. Toutes ces personnes, ainsi que les cardinaux, sont tenues de prêter serment et de garder le secret sur ce qu’elles apprendraient des délibérations, sous peine de sanctions.

Toujours dans l’idée de garder le secret, les cardinaux ne peuvent recevoir aucune presse, ni regarder la télévision, ni écouter la radio ou faire parvenir des messages à l’extérieur. Il est également interdit dans la chapelle tout appareil technique qui servirait à enregistrer, à reproduire ou à transmettre les voix, les images ou les écrits.

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L’élection du pape commence quinze jours minimum et vingt au maximum après la vacance de la papauté, mais on ne sait pas quand cela se termine, même s’ils sont généralement courts.  Le premier jour, les cardinaux célèbrent une messe appelée « messe pro eligendo Papa » dans la Basilique Saint-Pierre le matin puis, l’après-midi, votent une première fois. Le scrutin se poursuit les jours suivants à raison de deux votes le matin et deux l’après-midi, jusqu’à ce qu’un candidat recueille deux tiers des voix.

Si, après les trois premiers jours, aucun pape n’a été élu, le scrutin est suspendu pendant au maximum une journée pour des prières, «un libre échange entre les votants et une brève exhortation spirituelle par le premier des Cardinaux diacres», qui est cette année un Français, Jean-Louis Tauran.

Pendant les vingt-et-un votes suivants, une interruption identique a lieu tous les sept scrutins. Si le pape n’a toujours pas été élu après trente-quatre tours de scrutin, seuls les deux candidats qui ont reçu le plus de voix au dernier tour peuvent en recevoir, et ne peuvent plus eux-mêmes voter, mais la majorité des deux tiers reste en vigueur.

Jean Paul II avait voulu ouvrir la possibilité, dans ce cas, de voter à la majorité absolue, mais Benoît XVI a abrogé cette disposition en juin 2007. L’élection du pape pourrait être considérée comme celle des délégués de classe au collège: on peut être élu sans avoir été candidat, car il n’y a pas de déclarations formelles de candidature. Et on peut même être élu sans être cardinal. Pour être pape, il suffit d’être catholique et baptisé. Au cas où le candidat élu ne serait pas évêque, il devient automatiquement évêque de Rome. Le dernier pape non cardinal était Urbain VI.

Pas d’actes de candidature en bonne et due forme, donc, pas de sondages, et pas non plus de consignes de vote: officiellement, les cardinaux s’abstiennent, sous peine d’excommunication, «de toute espèce de pactes, d’accords, de promesses ou d’autres engagements de quelque ordre que ce soit, qui pourraient les contraindre à donner ou à refuser leur vote à un ou à plusieurs candidats». Ils ne peuvent également, sous la même peine, transmettre de consigne de vote des pouvoirs civils. Sans même parler de la vente de voix qui serait considérée comme une simonie. Un acte aussi durement puni.

Quant au vote en lui-même, il a lieu à bulletins secrets portant la formule «Eligo in Summum Pontificem», sous laquelle les cardinaux inscrivent le nom de leur candidat, ce qui fait qu’il est impossible de savoir avec certitude qui a voté pour qui. Comme dans une élection profane, sauf qu’on ne sait pas non plus combien de voix a recueilli le vainqueur, puisque les bulletins de vote et les notes prises par les cardinaux durant les scrutins sont brûlés, produisant la célèbre fumée blanche ou noire annonçant l’élection ou non du nouveau pape.

Seules des indiscrétions internes permettent donc de savoir en gros, après coup, comment se sont déroulés les scrutins. Celles du conclave de 1978 affirment que Jean Paul II n’avait recueilli qu’un nombre très modeste de voix dans les premiers tours, avant de profiter, au bout du troisième jour, du blocage du conclave entre deux cardinaux italiens, un conservateur et un progressiste.

Dès que le pape est élu, le doyen des cardinaux, l’Allemand Walter Kasper, qui remplace le Cardinal Angelo sodano, frappé par l’âge  et qui n’a donc pas participé au conclave, demande au vainqueur : «Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife?» Après le « oui » de celui-ci, le cardinal protodiacre s’avance sur le balcon de la Basilique Saint-Pierre et annonce la nouvelle au monde puis donne le nom du pape.

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