Interdiction des marches au Bénin : la Csa et la Cstb disent «halte à la discrimination»

Une fois encore, la Confédération des syndicats autonomes (Csa-Bénin) et la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb) montent au créneau pour s’insurger contre la violation des libertés fondamentales telles que garanties par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990.

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Dans un communiqué conjoint, ci-dessous publié, ces deux importantes centrales syndicales s’offusquent du fait que, dans l’affaire de fraudes lors du concours de recrutement au profit du Ministère des Finances, on a interdit à trois reprises à Cotonou une marche des chômeurs, alors que dans le même temps, à Parakou, des jeunes ont marché pour manifester leur soutien à la ministre du travail. Les centrales vont plus loin en montrant l’illégalité de l’acte du préfet des départements de l’Atlantique-littoral, qui est l’auteur de l’interdiction de la marche des chômeurs à Cotonou. Lisez plutôt.

Interdiction des marches : Halte à la discrimination

La CSA-BENIN et la CSTB rendent publique la déclaration ci-après : Suite à la proclamation par le Ministre du Travail et de la Fonction Publique le 31 Décembre 2012, des résultats issus des concours de recrutement d’agents permanents de l’Etat, sessions des 28 Juillet et 25 Août 2012 au profit du Ministère de l’Economie et des Finances, il a été constaté que l’organisation desdits concours a été émaillée de fraudes massives, de magouilles et d’irrégularités monstrueuses qui ont entraîné des réactions musclées des organisations syndicales telles que, la CSA-Bénin, la CSTB, la FESYNTRA-Finances, les membres de la société civile et personnalité politique comme l’OLC, ALCRER et Madame Célestine ZANOU. Au-delà de ces réactions légitimes des organisations syndicales, société civile et Personnalité Politique contre la proclamation des résultats frauduleux desdits concours, d’autres citoyens qui se sont sentis lésés ont voulu exprimer leur colère à travers des marches de protestation. C’est ainsi que, des chômeurs, des laissés pour compte, des indignés, des diplômés sans emploi, des militants de l’Union Nationale des Scolaires et Etudiants du Bénin, voulant faire usage de leurs droits de protestation contre la proclamation des résultats des concours frauduleux, ont programmé trois (03) marches sur le Ministère du Travail et de la Fonction Publique qui ont été toutes interdites par le préfet de l’Atlantique et du Littoral en violation flagrante des textes de la République. En effet, l’article 25 de la Constitution de la République dispose que, "L’Etat reconnaît et garantit, dans les conditions fixées par la loi, la liberté d’aller et venir, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation, l’Etat assure à tous l’égalité devant la loi sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de position sociale. Par ailleurs, la loi N°97-029 du 15 Janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin en son article 76 dit ce qui suit : "Le Maire est chargé de la Police administrative dans la commune. Il sollicite, pour ce faire, le concours des services compétents de l’Etat. Les actes de police du maire ont pour objet d’assurer l’ordre, la tranquillité, la sûreté et la salubrité publics. Ils comportent : 1- Tout ce qui intéresse la sûreté et la commodité du passage dans les rues, places, quais et voies publiques ; 2- Le maintien d’ordre dans les endroits où il se fait de grands rassemblements tels que les foires, marchés, réjouissances et cérémonies publiques, spectacles, jeux, lieux de culte et autres lieux publics. Fins de Citation. Voilà qui est limpide comme l’eau de la roche. Alors, en vertu de quel texte légal, le Préfet de l’Atlantique-Littoral s’est permis le luxe de prendre un arrêté le 07 Août 2012 portant mesures exceptionnelles dans les départements de l’Atlantique et du Littoral pour interdire ou réprimer les marches sur son territoire au grand mépris des pouvoirs conférés en la matière au Maire de Cotonou ? Sommes-nous en guerre ? Pendant que le Préfet de l’Atlantique-Littoral restreint les libertés publiques à certains citoyens en violation des lois de la République, des marches et autres manifestations sont allègrement organisées en faveur du pouvoir sans que les organisateurs et les manifestants ne soient inquiétés comme c’est le cas dans les autres villes. C’est ainsi que, les étudiants de l’Université de Parakou manipulés ou instrumentalisés ont organisé avec ou sans autorisation, une marche pour soutenir le Ministre du Travail et de la Fonction Publique et ses cadres responsables de l’organisation calamiteuse des concours et la proclamation des résultats qui continuent de susciter la colère et la réprobation des populations. Malheureusement ces cadres qui ont commis ces forfaits sont toujours maintenus de leurs postes. Au regard de tout ce qui précède, la CSA-Bénin et la CSTB se demandent si nous sommes dans une république à double vitesse où dans le nord du pays, il est permis aux partisans du Chef de l’Etat d’organiser pour des motifs farfelus, des manifestations de soutien dans des mosquées, églises et autres lieux publics tandis que, dans les autres régions du pays, toutes manifestations de protestation sont illégalement frappées d’interdiction. En tout état de cause, la CSA-Bénin et la CSTB qui ont toujours en matière de démocratie défendu les causes les plus justes notamment celle relative à la liberté, ne sauront se taire face à une politique de discrimination dans un Etat dit de droit. Par ailleurs, il nous est revenu que, sous des pressions émanant de certains thuriféraires du système intéressés, le gouvernement s’apprêterait au mépris des nombreuses protestations et des règles d’éthique et de moral à proclamer les résultats frauduleux desdits concours sous de fallacieux prétextes. La CSA-Bénin et la CSTB qui ont pour mission cardinale, la défense des intérêts matériels, moraux et professionnels des travailleurs attendent avec impatience les conclusions de la fameuse commission d’enquête mise en place par le Chef de l’Etat relative à l’organisation des concours et la proclamation des résultats frauduleux qui en sont issus. La CSA-Bénin et la CSTB au regard des textes en vigueur, dénoncent et condamnent avec véhémence les dérives du pouvoir de la refondation, la discrimination et la politique de deux (02) poids deux (02) mesures dans une même République où les marches sont interdites dans la ville de Cotonou et autorisées à Parakou et ailleurs dans le septentrion. Les deux (02) Confédérations prennent l’opinion nationale et internationale à témoin et mettent en garde le gouvernement dit de la refondation contre la validation et la proclamation des résultats issus des concours réputés frauduleux et unanimement décriés par les travailleurs et les populations. Elles se réservent le droit d’user de tous les moyens légaux pour se faire entendre en temps opportun.

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