Le Bénin ne pourra pas tenir les élections communales et municipales à bonne date. C’est un secret de polichinelle dont personne ne s’émeut. La prorogation du mandat des maires et élus communaux est inévitable. Une perte de vitesse pour la démocratie béninoise pourtant «exemplaire».
On le sait, et même les plus sceptiques doivent se rendre à l’évidence. Les élections municipales et communales n’auront pas lieu à bonne date. Personne, excepté peut-être Boni Yayi, ne peut dire la date de la tenue de ces élections. Que ce soit la mouvance présidentielle ou l’opposition, ou encore la société civile, on ne semble pas préoccupé. Et oui, on en est là aujourd’hui à parler de coup d’Etat manqué, d’empoisonnement manqué. Pendant ce temps, on élude la question, ô combien cruciale, des élections communales et municipales.
Du bien pour tous
La prorogation du mandat des maires et élus locaux apparait comme un bonus qu’aucun d’entre eux n’a intérêt à refuser. Ils ont le temps de retarder leur départ (pour ceux qui ne vont pas être réélu), ou le temps de continuer leurs opérations de charme à l’endroit de leurs administrés et de se refaire une santé à la tête de leur commune. Sur le terrain on le voit bien. Léhady Soglo et la Renaissance du Bénin (Rb) ont encore le temps d’aller amadouer les populations de Cotonou, leur fief traditionnel. Les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et la majorité plurielle au pouvoir ne s’en privent pas non plus. Claudine Prudencio et Valentin Djènontin ont le temps de régler leur question de leadership à Abomey-Calavi, comme Sofiath Onifadé et Sofiath Tchanou à Porto-Novo, ou encore Jean-Michel Abimbola et Christine Ouinsavi à Kétou. Même chose du côté de Parakou où Ousmane Batoko et Soulé Alagbè se livrent une guerre froide pour le contrôle de la ville, comme Ben Aligbonon et Martial Souton à Bohicon. Du côté de l’opposition, l’Union fait la Nation a aussi le temps d’aller à la reconquête de son électorat, le temps de peaufiner sa stratégie pour marquer le coup à leur allié d’un passé proche devenu aujourd’hui «traitre». Bref, le report arrangerait tout le monde et on ne s’en plaint nullement pas. Ça ne gêne personne.
Un recul
Pas étonnant. Depuis l’avènement du régime du changement devenu celui de la refondation et qui aujourd’hui semble perdre tous ses repères, le Bénin n’a plus organisé ses consultations électorales à bonne date. C’est un véritable recul du Bénin qui s’est toujours targué d’être un modèle de démocratie en Afrique. La faute à Boni Yayi qui s’est toujours donné le temps de s’assurer qu’il aura la majorité des voix, avant de fixer la date des élections et de convoquer le corps électoral. Mais, pour qu’on se retrouve, après vingt trois ans de démocratie et après plusieurs élections organisées, à un tel état des choses, cela frise l’incapacité à organiser nos élections dans les temps requis, une exigence démocratique. C’est également la faute aux députés, ces élus du peuple qui sont incapables de voter un code électoral une fois pour toutes. Un code électoral pour mettre fin à la disparité des textes entre deux mêmes élections, un texte qui fixera les périodes où chaque élection doit se tenir. Il va permettre de finir avec le vote de code électoral à chaque veille d’élection. Ce faisant, le Bénin gagnerait du temps, ferait économie des moyens déployés ainsi que toute l’énergie qu’on met dans l’organisation de chacune de nos consultations électorales. Ainsi, lorsqu’on parlera d’élection à bonne date, chacun saura la date qui est la bonne.
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